Un rapport parlementaire regrette que les épargnants Français ne soient pas assez protégés
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
C’est un rapport parlementaire qui fait du bruit. Pas uniquement à cause de la personnalité de ses deux rapporteurs, les députés Jean-Philippe Tanguy (RN) et François Jolivet (Horizon). Mais de leur parti pris : « qui défend donc les intérêts des épargnants des classes moyennes et populaires françaises ? » se demandent-ils d’entrée de jeu. Pour répondre immédiatement : « Personne ! ». Avec une telle introduction, leur rapport d’information « sur la rémunération de l'épargne populaire et des classes moyennes », attire donc l’attention.
Leur constat général, évidemment partagé par tous, est que les français épargnent beaucoup. « L’encours total des placements financiers des ménages résidents français a dépassé les 6 000 milliards d’euros tout au long de l’année 2023, performance maintenue en 2024 puis 2025 (…) Cet encours est en constante augmentation et ce, avec des flux considérables de plusieurs dizaines milliards d’euros de collecte nette chaque année ».
Pourtant, « force est de constater que l’épargne des Français occupe une place plus que réduite dans le débat public national mais aussi dans le travail parlementaire, place bien souvent limitée aux périodes qui précédent et suivent un arbitrage gouvernemental sur un changement de taux du livret A ».
En particulier, les rapporteurs « ont constaté que la rémunération réelle et concrète de cette épargne était bien peu prise en compte, pour ne pas dire totalement ignorée ». Et c’est là-dessus qu’ils appuient l’essentiel de leur analyse. Plusieurs années d’inflation très élevée a en effet érodé la valeur de l’épargne, et les épargnants n’en ont pas toujours pris conscience, insistent-ils. Selon la Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (FAIDER), citée dans le rapport, les épargnants français auraient perdu au moins 300 milliards d’euros de pouvoir d’achat entre 2021 et 2023 sur les actifs qualifiés « d’épargne populaire » constitués des seuls dépôts bancaires, livrets A et assurances-vie en euros. Selon la Banque de France, le rendement réel du livret A est systématiquement négatif depuis 2016. Les rapporteurs enfoncent le clou, citant AGF, pour qui « un épargnant qui plaçait 1 000 euros en 2003 sur son livret A finit avec 1 400 euros en 2023 ; placés en actions en respectant l’indice du CAC40, ce même épargnant disposerait de 2 700 euros ! ».
"Injustice flagrante"
La conclusion, pour les députés est sans appel : « les ménages les plus privilégiés, ayant accès aux informations financières pertinentes ou accompagnés par des professionnels, ont accès à des performances financières solides. Cette injustice est d’autant plus flagrante qu’elle n’est que très rarement liée à une réelle différence d’exposition de cette épargne aux risques des marchés ».
Cette volonté de défense de l’épargne populaire de la part de députés Français est éminemment louable. Mais ils se trompent sur certains points, en particulier lorsqu’ils estiment que « personne ne défend l’intérêt des épargnants français, en particulier les classes populaires et moyennes ». On ne compte plus, en effet, les sites internet qui multiplient les informations pédagogiques ou encore les cercles, comme le Cercle des Epargnants, dont la vocation est justement de défendre les souscripteurs de produits d’assurance-vie. Comme le souligne la Fédération bancaire française (FBF), plusieurs des recommandations de la commission « sont déjà remplies, avec les obligations existantes et contrôlées, telles que pour le devoir de conseil par exemple. D’autres vont dans le bon sens, comme l’éducation financière élargie à laquelle nous sommes bien entendu déjà actifs et désireux de faire davantage ».
Les banques critiquent également les calculs des parlementaires : « le taux d’intérêt moyen sur les dépôts d’épargne en France s’établit à 2,1 % selon la Banque centrale européenne et est ainsi de 0,6 point supérieur à celui de la zone euro. Il est par ailleurs 3 fois plus important que celui de l’Allemagne ».
Enfin, certains professionnels mettent en garde contre les attaques contre le Livret A qui pourraient pousser les Français à se précipiter sur des produits plus risqués, avec l’espoir de rendements plus élevés, tels que les actions. Le Livret A reste un support d'épargne de précaution, liquide, sans risque et même si, de façon exceptionnelle, il a pu au cours des dernières années offrir un rendement inférieur à l’inflation, on continue quand même à gagner de l’argent, dans l’absolu.
Comments