Les nouveaux visages de la Bourse : plus jeunes, plus masculins, plus connectés

L’Autorité des marchés financiers (AMF) vient de publier une nouvelle étude sur l’activité des investisseurs particuliers français en 2023 et 2024. Ce rapport dresse un état des lieux précis des profils, des comportements et des évolutions en matière d’investissement boursier. Et une chose est sûre : le visage de l’ « investisseur type » évolue rapidement.

Une base d’investisseurs en forte croissance : en deux ans, le nombre d’investisseurs particuliers actifs — c’est-à-dire ceux ayant réalisé au moins une transaction sur un produit financier français — est passé de 1,4 à 1,7 million de personnes. Cela représente désormais 2,5 % de la population française (et 3,1 % des plus de 24 ans), contre 2,1 % en 2022.

Les jeunes hommes dopent le marché : ce sont principalement les hommes de moins de 40 ans qui tirent cette croissance. À eux seuls, ils expliquent 89 % de l’augmentation des nouveaux investisseurs, les moins de 30 ans représentant même 60 % de cette dynamique. En parallèle, la population d’investisseurs âgés de plus de 55 ans diminue légèrement.

Un profil qui rajeunit… surtout côté masculin : l’âge moyen des investisseurs hommes a ainsi chuté de près de 6 ans en deux ans (de 49,6 à 43,8 ans), contre 5,5 ans chez les femmes (de 60,1 à 54,6 ans). Cette baisse illustre l’attrait croissant des marchés financiers chez les jeunes générations, notamment masculines.

Les femmes moins nombreuses, mais toujours présentes : La part des femmes parmi les investisseurs actifs passe de 30 % en 2022 à 25 % en 2024. Si leur nombre absolu reste stable (430 000 environ), c’est la progression masculine qui change la donne. Les femmes investissent, mais restent minoritaires, notamment chez les jeunes.

Des pratiques très différentes selon le genre : L’étude révèle une différence notable dans le choix des intermédiaires. Les femmes privilégient les banques traditionnelles pour investir, tandis que les hommes sont beaucoup plus présents chez les banques en ligne et surtout les néo-brokers (comme Trade Republic, eToro, Bux ou Degiro). Ces plateformes attirent principalement des jeunes hommes, séduits par leur interface intuitive et des frais très faibles.

Les néo-brokers en pleine ascension : Le recours à ces nouveaux courtiers explose. En 2024, leur part dans le nombre d’investisseurs actifs a plus que doublé par rapport à 2022. C’est la plus forte progression parmi tous les types d’intermédiaires financiers.

Des produits financiers toujours dominés par les actions : Les actions classiques restent les produits les plus échangés, représentant encore plus de 85 % des transactions. Toutefois, leur part recule légèrement au profit des ETF (fonds indiciels cotés), dont l’usage progresse surtout chez les moins de 50 ans. Les ETF, qui permettent d’investir dans des indices de marché à moindre coût, séduisent de plus en plus d’épargnants en quête de diversification.

L’essor discret mais réel des actions fractionnées : Depuis 2020, la possibilité d’acheter des actions fractionnées (des portions d’action, par exemple 0,2 action Apple ou 0,5 action LVMH) séduit une part croissante d’investisseurs. En 2024, 16 % des investisseurs actifs y ont eu recours. Là encore, cette tendance est portée par les hommes, qui représentent 89 % des utilisateurs de ce type de produit. Cette pratique permet d’entrer en Bourse avec quelques dizaines d’euros, renforçant l’accessibilité du placement en actions.

Pour les investisseurs particuliers, ces chiffres montrent que la Bourse devient plus populaire et plus facile d’accès, notamment grâce aux outils numériques. Mais l’AMF rappelle que cette facilité ne doit pas faire oublier les fondamentaux : diversifier ses placements, ne pas investir des sommes dont on pourrait avoir besoin à court terme, et se former régulièrement.

En résumé, l’investissement boursier en France connaît un nouveau souffle, porté par une jeunesse masculine dynamique, des outils numériques performants et une offre de produits en pleine mutation. Pour autant, l’écart entre les sexes demeure significatif et les bonnes pratiques restent essentielles pour éviter les déconvenues.

La Bourse s’ouvre à tous… mais chacun doit y entrer les yeux ouverts.