La Banque de France entrouvre la porte aux stablecoins européens

Longtemps sceptique, la Banque de France assume désormais une position bien plus ouverte à l’égard des stablecoins. À l’occasion du Forum Fintech 2025, François Villeroy de Galhau a plaidé pour une double approche : renforcer la souveraineté monétaire européenne tout en accompagnant l’innovation.

Le gouverneur reconnaît que la montée en puissance des stablecoins adossés au dollar – soutenue par

Washington et Donald Trump – pourrait fragiliser l’euro. D’où la nécessité de bâtir une alternative européenne crédible : des stablecoins en euros, émis et encadrés par des banques européennes. Il a salué à ce titre le lancement du consortium réunissant neuf établissements autour de la Société Générale et de son EUR CoinVertible, lancé en 2023.

Vers une intégration monétaire tokenisée

Ce virage s’inscrit dans une stratégie plus large : l’intégration monétaire tokenisée. Le projet « Pontes » doit permettre, dès 2026, le règlement d’actifs financiers en monnaie centrale via blockchain, prélude au registre partagé « Appia ». La monnaie numérique de banque centrale (MNBC) resterait le socle, mais les stablecoins en euros constitueraient son prolongement commercial et technologique.

L’objectif ? Préserver le rôle pivot de la monnaie centrale tout en évitant que l’économie tokenisée ne soit capturée par les stablecoins en dollar. La Banque de France, autrefois sur la défensive, opte désormais pour un encadrement offensif : faire des stablecoins un instrument d’autonomie financière européenne, plutôt qu’une menace à contenir.

Quels changements pour l’épargnant individuel ?

Pour l’épargnant individuel, ce changement pourrait être plus concret qu’il n’y paraît. À terme, les stablecoins en euros offriraient un accès direct à des placements ou transactions instantanées, sans passer par les circuits bancaires classiques. Ils pourraient aussi permettre de fractionner ou automatiser certains investissements – par exemple dans des fonds tokenisés ou des produits structurés – tout en bénéficiant de la sécurité d’un actif adossé à la monnaie centrale.

Si le cadre reste à définir, la promesse est claire : une finance numérique européenne où l’épargne circule plus vite, à moindre coût, mais dans un cadre régulé. En ouvrant la voie aux stablecoins en euros, la Banque de France fait donc plus qu’un geste technologique : elle amorce une révolution discrète mais profonde dans la manière dont les particuliers pourraient demain détenir, transférer et valoriser leur argent.