Épargne réglementée : entre protection du pouvoir d’achat et financement du bien commun
- Cercle des Épargnants
- 23 juil.
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Dernière mise à jour : 3 sept.

Publié chaque année en juillet, l’édition 2024 du rapport annuel de la Banque de France sur l’épargne réglementée dresse un état des lieux contrasté mais rassurant du paysage. Dans un contexte de reflux de l’inflation et de normalisation des taux, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, souligne que « l’épargne réglementée reste une singularité française au service à la fois des épargnants et de l’économie réelle ».
Avec 956 milliards d’euros d’encours fin 2024, soit 15 % du patrimoine financier des ménages, l’épargne réglementée reste une valeur refuge. « Même si les taux baissent, cette épargne continue de jouer son rôle de rempart contre l’incertitude », rappelle le gouverneur. La collecte nette a atteint 20,1 milliards d’euros, plaçant ces produits en troisième position derrière l’assurance-vie en euros et les comptes à terme.
Le livret A demeure le produit préféré des Français. Avec 432 milliards d’euros d’encours et 15 milliards de collecte nette, il représente à lui seul près de la moitié de l’épargne réglementée. Maintenu à 3 % jusqu’en janvier 2025, son taux est désormais de 1,7 % depuis le 1er août, alors même que l’inflation attendue en 2025 est de 1 %. « Cela signifie que le livret A continuera de protéger le pouvoir d’achat, ce qui est notre objectif premier », insiste le Gouverneur.
La performance du livret d’épargne populaire (LEP) mérite l’attention avec 5,6 milliards de collecte nette en 2024, 1 million de nouveaux livrets ouverts et 12 millions de titulaires. Son taux moyen (4,7 % sur l’année) est resté très au-dessus de l’inflation, et ce produit reste réservé aux ménages modestes. « Il s’agit d’un outil essentiel de justice financière », affirme la Banque de France, qui invite les banques à poursuivre leurs efforts pour élargir la détention du LEP. Moins de 40 % des personnes éligibles en disposent aujourd’hui.
Tandis que les PEL perdent en encours avec 30 milliards d’euros d’encours en moins, l’assurance-vie en euros retrouve des couleurs (flux nets de +32,7 milliards). Les comptes à terme gagnent en popularité. Ce rééquilibrage traduit une forme de prudence de la part des ménages, qui continuent de privilégier les placements garantis.
En 2024, les Français ont épargné 18 % de leur revenu disponible, un niveau historiquement élevé, supérieur de trois points à celui d’avant la crise. Cette tendance s’explique en partie par les rendements encore attractifs de certains produits, mais surtout par une incertitude persistante. « Nous devons comprendre que cette prudence des ménages est aussi une réponse à des chocs passés : pandémie, inflation, géopolitique », explique le Gouverneur.
Loin d’être une épargne stérile, l’épargne réglementée finance des projets d’intérêt général. En 2024, 193 milliards d’euros ont été investis dans le logement social (+7 %), un record depuis plus de dix ans. 245 milliards soutiennent la rénovation thermique des bâtiments, et 115 milliards ont été prêtés aux PME. « Cette épargne est au service du bien commun », insiste le gouverneur François Villeroy de Galhau. Le système de centralisation par la Caisse des dépôts permet de canaliser les fonds vers les besoins définis comme prioritaires par l’État.
L’année 2025 s’ouvre sur des perspectives de baisse progressive des rendements. Mais la Banque de France se veut rassurante : les taux resteront supérieurs à l’inflation. L’épargne réglementée conservera donc sa compétitivité. De plus, son exonération d’impôts et de prélèvements sociaux constitue un avantage fiscal réel. « Nous visons une transition douce, sans à-coup, afin de préserver la confiance », conclut le Gouverneur.
Le rapport souligne enfin un enjeu majeur : l’accompagnement des épargnants. La complexité des dispositifs et la diversité des produits appellent davantage de pédagogie. La Banque de France plaide pour une meilleure information du public et une mobilisation des réseaux bancaires, notamment auprès des publics les plus vulnérables.