Baisse de la notation de la France par Fitch : jusqu'ici tout va bien ?
- Cercle des Épargnants
- il y a 2 jours
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La France est désormais notée d'un simple « A+ » par l’une des trois grandes agences de notation, Fitch. A titre de comparaison, cela situe, pour Fitch, la France au même niveau que la dette espagnole, notée « A+ » par une autre agence, Standard & Poor‘s. Qu’est-ce que cela change pour les épargnants ?
Pour répondre à cette question il convient d’avoir à l’esprit la signification précise d’une notation d’agence : celle-ci est destinée à permettre aux investisseurs de calculer la probabilité qu’un émetteur fasse défaut sur le remboursement de son emprunt. Ainsi, pour une obligation « A+ », la probabilité de défaut est située entre 0,02% et 0,05% sur un an, entre 0,2% et 0,3% sur 5 ans et environ 0,5% à 0,6% sur dix ans. Un niveau particulière faible, donc, mais tout de même beaucoup plus élevé que pour une obligation notée AAA, la meilleure note possible. Dans ce cas, la probabilité de défaut sur un an est nulle, pour monter à 0,05% sur 5 ans et 0,1% sur 10 ans. Soit tout de même 5 à 6 fois moins que pour une obligation « A+ ». Vu sous cette perspective, cela change un peu l’analyse, en poussant les investisseurs à considérer qu’une obligation « A+ » est risquée, en relatif, ce qui impose qu’elle rémunère le risque pris en conséquence. Telle est in fine, la conséquence de la dégradation d’une note : obliger l’émetteur à relever le taux de son emprunt pour que les investisseurs puissent compenser leur risque. Le niveau des taux peut d’autant plus grimper que certains grands fonds d’investissement ont par convention l’interdiction d’investir dans des titres « A+ » par souci de protéger l’épargne qui leur est confiée.
Cette situation va-t-elle perdurer ? « Fitch estime que le déficit dépassera 5 % du PIB jusqu’en 2027, ce qui repousse toute consolidation à l’après-présidentielle, indique Michael Nizard, responsable de la gestion Multi-Asset et Overlay chez Edmond de Rothschild Asset Management. Cette trajectoire est déjà largement intégrée par les marchés. La France perd son statut de pilier à moitié au cœur de la zone euro et est désormais considérée comme périphérique. Mais elle n'entre pas dans une zone de crise. La prime de risque plus élevée constitue désormais une nouvelle normalité, absorbée par les investisseurs dans un contexte où le crédit et les actifs alternatifs continuent d’attirer des flux massifs. C’est bien le risque d’une nouvelle dissolution qui pèsera une nouvelle fois sur la dette française ».
Autrement dit, à court terme, les liquidités massives continuent à se reporter sur la dette française malgré l’accroissement de son risque. Mais il est difficile, à long terme, de parier sur le maintien de ce scénario.
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