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Tryptique inflation, taux, soutenabilité de la dette

par Sandrine Lunven


Alors même que les enjeux climatiques imposent des efforts d’investissement et de transition considérables, la fragilité géopolitique de l’Europe va forcer une hausse des dépenses de défense. Au total, le besoin d’investissements supplémentaires liés à ces deux enjeux serait dans une fourchette large de 2 à 6 points de PIB par an à l’horizon 2030, dans un contexte où la dette publique française augmente continuellement depuis les années 1990 et s’est à nouveau fortement alourdie avec la pandémie. La dette publique est passé de 58.9% en 2000, à 85.3% en 2010, puis 97.4% du PIB en 2019 et 114.7% du PIB en 2020, pour baisser modestement à 110.6% du PIB en 2023.


graphique de la Trajectoire de dette publique en France depuis 1990
Trajectoire de dette publique en France depuis 1990 (Source : FMI/WEO)

Publiée au journal officiel le 19 décembre 2023, la loi de programmation des finances publiques (LPFP) pour les années 2023 à 2027 prévoit que la charge de la dette devrait passer à 48.1 milliards d’euros en 2024 et s’aggraver progressivement vers 74 milliards d’euros en 2027, soit au total 245 milliards d’euros sur 4 ans.

Malgré cette trajectoire morose, le Haut Conseil des Finances Publiques a déclaré en avril 2024 que cette prévision était encore sous-estimée. Ce scénario pose question sur la soutenabilité de la dette publique et la capacité à mener des plans d’investissements majeurs de transition énergétique et de dépenses de défense.


Par définition, la soutenabilité de la dette publique dépend des politiques budgétaires et de l’écart entre le taux d’intérêt et le taux de croissance de l’activité. Simplement, lorsque l’Etat dépense autant qu’il lève d’impôt (solde primaire nul), le ratio de dette (en % PIB) augmente si le taux d’intérêt est supérieur au taux de croissance nominal.



Graphique représentant l'écart entre taux d’intérêt à 10 ans nominaux et croissance nominale en France depuis 1990 (en pp)
Ecart entre taux d’intérêt à 10 ans nominaux et croissance nominale en France depuis 1990 (en pp) (Source : FMI/WEO)

Pour la France, l’écart entre le taux obligataire 10 ans et le taux de croissance nominale a été très positif au cours des deux dernières décennies. Depuis la crise du Covid, cet écart est devenu négatif, expliqué par une forte reprise de la croissance économique post-Covid (6.3% en 2021) puis par une remontée forte de l’inflation en France (5.9% en 2022, 5.7% en 2023), expliquant la baisse temporaire de la dette publique sur les 3 dernières années. Cependant, cette tendance ne devrait pas perdurer du fait de la baisse de l’inflation, ne permettant pas de compenser le déficit primaire prévu par le FMI à -2.1% en moyenne sur les 5 prochaines années.


Quels sont les indicateurs à suivre pour juger de la soutenabilité de la dette ? D’abord l’inflation, la croissance et le niveau des d’intérêt comme nous l’avons déjà mentionné. Les décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE) seront aussi clés. Alors que la poursuite d’une tendance des taux d’intérêt de long terme est très probable au cours de la prochaine décennie, la BCE sera incitée à maintenir un écart négatif entre les taux longs et la croissance nominale. Au-delà, c’est l’aspect politique et la poursuite de la construction européenne qui garantira la soutenabilité de la dette en France et en Europe.

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