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« Les femmes se révèlent d’excellentes gérantes et de très bonnes épargnantes »

  • Photo du rédacteur: Cercle des Épargnants
    Cercle des Épargnants
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

Interview Alice Lhabouz, président d’Alice Lhabouz Conseil et de Trecento AM


Portrait de Brice Tinturier
Alice Lhabouz

Quelles sont les grandes lignes de votre parcours de femme entrepreneur dans la Finance ?

J'ai toujours été passionné d'économie, ce qui m’a rapidement conduit à vouloir travailler sur les marchés financiers qui me paraissaient une bonne incarnation, au quotidien, des grandes questions économiques mondiales. J’ai commencé par gérer des portefeuilles boursiers puis j’ai très rapidement créé ma propre société d’investissement, Trecento AM. A l’époque l’idée novatrice consistait à investir sur une base mondiale, en choisissant des thématiques précises. J’ai donc créé un fonds dédié au secteur de la santé, puis à partir de 2015 un autre fonds dédié à l’IA et la robotique. Au total Trecento AM affiche un encours de 250 millions d’euros, via des fonds principalement réservés aux institutionnels. C’est en gagnant un concours de performance boursière en 2020 sur BFM Business que je me suis rendue compte de l’impressionnant retard des Français en matière de culture financière. Voilà pourquoi j’ai créé Alice Lhabouz Conseil, dédiée aux particuliers, à qui je donne des conseils d’investissement pour faire fructifier leur épargne. Nos encours atteignent désormais les 60 millions d’euros.


Comment expliquer ce retard des Français dans la culture financière ?

J’y vois plusieurs raisons. D’abord, l’école ne forme pas à la compréhension des grands mécanismes économiques. Cela a pour conséquence de nourrir une forme de crainte à l’égard des marchés financiers : on ne les comprend pas et on a donc l’impression, parfois, de faire un grand saut dans l’inconnu. Pour couronner le tout se rajoute un champ lexical très difficile à comprendre, très technique, qui renforce l’impression d’être perdu, pour les épargnants. Enfin, les banques ont une part de responsabilité notamment parce que dans les territoires, les conseillers ne sont pas toujours bien formés aux mécanismes financiers. Ils sont charmants mais ont parfois du mal à faire œuvre de pédagogie.


Plusieurs études pointent du doigt le manque de femmes dans la finance et une difficulté récurrente pour ces dernières à lever des fonds lorsqu’elles lancent leur fonds. Est-ce vrai ?

Oui, et la situation ne s’améliore pas. Certes, on constate une augmentation du nombre de femmes travaillant dans les sociétés de gestion, mais elles occupent des postes d’analystes ESG, de marketing ou de RH, rarement celui de gérante. J'ai personnellement toujours été fâchée contre les quotas, mais je pense que cela est nécessaire dans notre industrie car les femmes se révèlent d’excellentes gérantes et de très bonnes épargnantes.

 

En termes de performance financière, les femmes se distinguent souvent positivement…

Tout à fait ! Les gérantes affichent des performances souvent supérieures aux hommes et ceci est également valable pour l’épargne en général. J’y vois une raison majeure : les femmes surperforment dans la durée parce qu'elles sont moins entêtées. Quand une décision d’investissement s’avère mauvaise, elles coupent plus facilement leur position, sans égo. C’est un point majeur car globalement les gérants ont tous plus ou moins la même capacité à choisir les valeurs qui vont performer, mais la différence se fait sur leur capacité à limiter les pertes. Les fonds ayant abandonné leurs positions perdantes plus rapidement que les autres s’en sortent mieux. Idem pour la gestion du patrimoine : les femmes gèrent mieux les risques que les hommes. Voilà pourquoi je reste convaincue qu’à terme les femmes ont un excellent avenir dans les métiers de gestion du patrimoine.


Plus généralement quelle grande tendance observez-vous sur l’évolution des produits d’épargne ?

La principale tendance est l’accroissement de la demande pour les produits structurés offrant un capital garanti. Au cours des dix dernières années, on a assisté à une telle augmentation et accélération de la diffusion d’information que celle-ci a rendu les cycles boursiers plus courts et imprévisibles. Si vous y rajoutez le fait que les algorithmes sont responsables de plus de 90% des mouvements de marché, cela devient particulièrement difficile pour un investisseur particulier d’investir en bourse. Certes, la performance se fait toujours dans la durée en matière d’investissement en actions cotées, mais la brutalité des mouvements peut souvent échauder les particuliers. A l’inverse, les produits structurés à capital garanti apportent une véritable visibilité.


Que recommanderiez-vous pour accroître davantage encore l’épargne des Français ?

Il faut favoriser la mise en place de véritables passerelles entre l'épargne des Français et le financement d’entreprises françaises. L’épargnant doit pouvoir toucher du doigt ce que son épargne va financer c’est une source de motivation.

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