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Trump, le retour

par Valérie Plagnol, présidente du Cercle des Épargnants


Les résultats ont été sans appel, et même si le comptage final des voix donne une avance un peu moindre au Président Trump, celui-ci est bien sorti vainqueur – sans contestation – de l’élection du 5 novembre dernier, emportant avec lui une double majorité à la Chambre des représentants et au Sénat.


Mon récent déplacement aux Etats-Unis, comprenant de nombreuses rencontres d’experts et d’industriels, me permet les quelques remarques suivantes :


-  Ne commentons pas les sondages. Certes, les écarts de vote se sont avérés un peu plus larges, cependant, les thèmes de la campagne (et leur importance relative) étaient bien en tout premier lieu : l’inflation, le coût de la vie et l’immigration ; tandis que les questions plus sociétales sont restées au second plan.

-  Difficile cependant de ne pas noter l’écart entre la perception globale d’une économie en nette croissance, innovante et au plein emploi, et les « ressentis individuels » plus négatifs quant au marché de l’immobilier, au coût de la vie, et au partage de la valeur. On s’accorde généralement à considérer que la reprise récente a plutôt exacerbé les inégalités : une reprise dite en « K » a surtout profité aux plus aisés et aux entreprises, qui ont accumulé une grande quantité de cash.

-  Il reste que l’on n’est pas à un paradoxe près, ni à une exception. Pour ce qui est de l’exception et comme nous l’avons vu en Europe également, la montée des populismes concerne de nombreux pays. Ceux-ci se nourrissent des mêmes craintes en matière de pouvoir d’achat, d’une perception de l’insécurité croissante et de la crainte de migrations massives, tandis que les institutions centrales sont considérées comme dysfonctionnelles, sinon corrompues. Ce climat général de défiance propulse les extrêmes face aux centres.

-  Paradoxe également, car aux Etats-Unis, le programme de Donald Trump, comme ses premières nominations, dessinent le portrait d’un retour à un plus grand isolationnisme, des baisses d’impôts pérennisées pour les plus fortunés, et un risque d’inflation accru insufflé par le manque de main d’œuvre « au bas de l’échelle », alors que les déficits publics progressent dangereusement.

-  Ces orientations économiques et politiques, si elles devaient bien se concrétiser après l’investiture de janvier, mettent l’Europe dans une situation plutôt délicate : bénéficiant d’un excédent commercial à l’égard des Etats-Unis, mais perdant des parts de marché face à la Chine, celle-ci pourrait se voir appliquer des tarifs assez punitifs. De plus, la contribution européenne à l’OTAN sera également l’objet de nombreuses pressions. Manque de débouchés extérieurs, accroissement des dépenses de défense, marche (presque solitaire) vers la décarbonation : il y a de quoi inquiéter de nombreux électeurs et épargnants.


En tout cas, certains se « réjouissent » du résultat de l’élection américaine : ainsi la hausse récente du Bitcoin, nous interroge sur les cryptoactifs, comme vous le lirez dans la note du conseil scientifique du Cercle des Epargnants et notre interview du mois.

Ainsi, à ce stade les marchés américains se montrent plutôt optimistes au regard des promesses de dérèglementation et de soutien à la croissance. Cependant, certains secteurs d’activités montrent une peu plus de circonspection et d’attentisme au regard d’injonctions qui pourraient s’avérer par trop contradictoires.

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