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«Le grand soir de la dette publique n’est pas pour demain».

Fabienne Lissak

8

juillet

Quel cadre de relance économique doit-on privilégier ?
Plus que d’une relance, on devrait parler de convalescence dès lors qu’il s’agit surtout d’arrêter le chômage partiel et plus généralement la mise sous perfusion de l’économie. C’est inédit en termes d’ampleur ! Il s’agit de gérer la sortie d’un mode économique qui était complètement exceptionnel et temporaire. Tous les gouvernements naviguent à vue.
Le calendrier reste dicté par le virus, qui n’a pas disparu, que l’on connait toujours mal, et qui va continuer à livrer des surprises. Les leviers de la politique économique n’ont guère de prise sur ce facteur déterminant. Il faut donc accepter que l’incertitude va rester importante dans l’avenir proche.

La sortie du Covid est l’opportunité de réformer bcp de choses, quid de la réforme de la zone euro ?
Naturellement, la réforme de la zone euro n’a jamais fait l’objet d’un consensus avant que le virus change la donne. L’initiative Merkel – Macron va sensiblement plus loin que ce que beaucoup de gens pensaient possible en termes de financements partagés de mesures communes. Ce n’est pas une union budgétaire car ce financement est limité à la fois en volume et dans le temps, mais c’est inédit par l’ampleur montants envisagés pour financer des dépenses exceptionnelles par endettement direct de l’Union Européenne. C’est un changement important, à condition qu’il soit accepté à l’unanimité des Etats membres, ce qui n’est bien sûr pas encore le cas.
Il s’agit d’une initiative purement budgétaire, qui n’a donc pas de lien direct avec la politique monétaire et couvre en principe tous les pays de l’UE, pas seulement la zone euro. Mais il est clair qu’un partage des risques accrû au niveau europen renforcerait la robustesse de la zone euro, dont la faiblesse structurelle est l’absence d’union budgétaire. Ne rêvons pas, on ne va pas passer du jour au lendemain de la situation actuelle à une situation dans laquelle la Zone Euro serait dotée de sa propre union budgétaire. On en est très loin en termes d’acceptabilité politique et d’infrastructures institutionnelles, car l’union budgétaire signifie aussi la capacité au niveau européen de décider en matière de taxation et de fiscalité ; on n’en est pas là en Allemagne ni en France, ni dans les autres Etats membres.

Un sujet de réforme sur lequel il y a possibilité d’avancer de manière réaliste, et sans modifier les traités, serait de doter la Zone Euro d’un système financier intégré. En d’autres termes, il s’agit de l’achèvement de l’union bancaire, sans quoi la zone euro restera excessivement fragile. Avec cette pandémie, les cartes pourraient être rebattues en fonction de la résistance du secteur bancaire au choc du Covid. Il est trop tôt pour en juger pour l’instant, car on ne connaît pas grand-chose de l’ampleur des faillites d’entreprises qui risquent de faire suite au déconfinement. Les implications en termes de solidité du secteur financier sont donc également impossibles à mesurer à ce stade, notamment la question de savoir si les banques ont assez de capital pour faire face. Tout ce qu’on peut observer c’est que la réaction initiale des superviseurs européen a bien fonctionné.

On observe le retour du protectionnisme. Quelles en sont les conséquences ?
Plus qu’un retour général du protectionnisme, il s’agit plutôt d’une tension accrue entre des dynamiques contradictoires d’intégration européenne et de repli national.

En France comme ailleurs, le discours gouvernemental n’est pas exempt d’ambiguités voire de paradoxes. La souveraineté est tantôt invoquée au niveau national, tantôt au niveau européen, mais ces deux visions ne sont évidemment pas identiques et impliquent des priorités différentes. La rhétorique peut certes être approximative, mais lorsque vient le temps de la décision, il faut bien trancher. En mars, avril, on a vu une première réaction dominée par le repli national, la fermeture des frontières, l’interdiction d’exporter. Mais cela n’a duré qu’un temps.
Même vis-à-vis de la Chine, les signaux sont contradictoires, et la plupart des Européens, à juste titre à mon avis, ne veulent pas d’un « découplage » complet, d’un démantèlement radical des relations économiques avec la Chine comme il est désormais envisagé par de plus en plus d’acteurs aux Etats-Unis. Naturellement, les décisions européennes à venir dépendront aussi du résultat de l’élection présidentielle américaine qui aura lieu dans moins de six mois. Les Européens ont de bonnes raisons de garder leurs options ouvertes d’ici à ce que cette incertitude majeure soit levée.
Plus généralement, les fondamentaux de l’union économique n’ont pas changé. Personne ne songe réellement à remettre en question le marché unique. L’UE continue de négocier des accords commerciaux qui sont de plus en plus ambitieux, comme avec le Japon. La politique de concurrence continuera également de s’appliquer. Les préoccupations de sécurité sont évoquées comme des ajouts mais, s’il y a un consensus apparent sur la nécessité d’un contrôle des investissements étrangers, le chemin est encore long pour en faire une politique cohérente à l’échelle du marché unique. L’évaluation du risque de sécurité que représentent de tels investissement implique nécessairement les communautés de la sécurité et du renseignement, or une telle communauté à l’échelon européen n’est encore qu’embryonnaire. La mise en place d’un dispositif complet de contrôle des investissements étrangers dans l’Union européenne est donc un projet de long terme, qui ne se réalisera qu’assez lentement.

L’idée d’annuler les dettes d’Etat détenues par la BCE fait débat. Qu’en pensez-vous ?

Sur le fond, ça ne me semble pas être vraiment un débat d’actualité. On ne sait pas encore jusqu’où la dette publique va augmenter du fait de l’épidémie. Si on envisage de restructurer cette dette, la décision ne doit pas être prise à la légère et elle doit régler le problème pour longtemps. Ce n’est pas maintenant qu’une telle décision peut être prise..
Aujourd’hui, les Etats membres n’ont pas de difficulté à se financer auprès des marchés, grâce notamment à l’action vigoureuse de la BCE.
Le grand soir de la dette publique n’est pas pour demain, à supposer qu’il en faille un dans l’avenir. C’est loin d’être clair pour les pays de la zone Euro.

Une économie française sous perfusion, est-ce compatible avec le libéralisme ?
Emmanuel Macron a toujours été le chantre du « En même temps ». Comme ce qui s’est passé en 2008 pour Nicolas Sarkozy, la réalité de la crise impose l’ intervention publique. Personne ne le remet sérieusement en cause. La nécessité d’une forme de libéralisation économique pour avoir plus de croissance et d’emplois n’est toutefois pas passée à la trappe. Donc ce n’est pas le moment de chercher la pureté idéologique. Il s’agit de trouver le bon mélange pour maximiser la vitalité du système économique, et, en même temps, pour répondre aux impératifs de sécurité sanitaire et environnementale mis en lumière par la crise.

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En résumé

Economiste (Senior Fellow) à Bruegel et au Peterson Institute for International Economics

Nicolas Véron est depuis 2005 économiste au centre de réflexion européen Bruegel à Bruxelles, dont il a été le cofondateur avec Jean-Pisani-Ferry à partir de 2002. Chercheur invité au Peterson Institute for International Economics à Washington, son travail porte sur la régulation financière, les politiques industrielles, et les transformations des systèmes financiers et des entreprises dans la mondialisation. En octobre 2012, le magazine Bloomberg Markets l’a désigné parmi les 50 personnalités les plus influentes de l’année dans l’environnement financier mondial, citant ses travaux sur l’union bancaire européenne
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