Une idée qui n’est pas du tout farfelue, bien au contraire. Depuis son origine en 1818 le Livret A (même s’il ne s’appelait pas ainsi à l’époque) a toujours eu pour vocation d’appuyer les politiques publiques. Au départ il s’agissait dans l’esprit de son créateur Benjamin Delessert, de pouvoir financer une France ruinée par les guerres Napoléoniennes. Puis, en 1894, de financer les habitations à bon marché. D’abord en y consacrant 20% des encours du Livret A, un taux qui a grimpé à près de 40% à partir de 1912.
Le financement du logement social représente donc toujours la plus grosse partie de l’utilisation du Livret A. Mais pas uniquement, loin s’en faut. Ainsi, si aujourd’hui près de 170 milliards d’euros d’encours des fonds d’épargne sont affectés au logement social et à la politique de la ville, 22 autres milliards permettent de financer des projets dits d’intérêt général, souvent en appui des collectivités locales. Il faut noter par ailleurs qu’une autre importante partie des fonds d’épargne sont tout simplement placés sur les marchés financiers pour permettre à la Caisse des Dépôts de verser aux épargnants les intérêts qu’ils retirent de leur Livret A.
Autrement dit, il y a de la marge pour permettre au Livret A de financer une partie du programme nucléaire sans que cela n’affecte ses autres usages (logements sociaux, projets des collectivités locales). Et, en dehors de l’innovation que représenterait le fait de financer le parc nucléaire, cela s’inscrit dans le droit fil de sa vocation historique de soutien aux politiques publiques.