L’Astuce

Le Livret A, « superstar » de 2022, ne doit pas faire oublier trop vite l’Assurance-vie !

par | Nov 7, 2022 | Actualités

La forte hausse du rendement proposé par le Livret A crèe un fort mouvement de souscription vers ce produit. Mais attention à ne pas céder au court-termisme. 

500 milliards d’euros. C’est la barre symbolique franchie par les encours du Livret A en septembre 2022, avec une collecte nette positive, enregistrée ce mois-là sur le Livret A et les LDD (livrets de développement durable) de 3,14 milliards d’euros. Depuis le début de l’année 2022, cette collecte atteint 30,6 milliards d’euros permettant aux encours de Livret A de s’établir très précisément à 500,3 milliards d’euros. Une conséquence directe du relèvement très fort des taux de l’épargne réglementés opéré depuis le début de l’année sous l’effet de l’envolée de l’inflation qui porte le rendement offert par ce placement sans risque à 2%.

Un mouvement qui devrait perdurer, si l’on en croit les prévisions de plusieurs experts pour qui le taux devrait à nouveau être relevé en février prochain jusqu’à 3%, possiblement. 

Cette situation crèe à l’inverse quelques tensions au niveau de l’assurance-vie. Celle-ci a en effet plus de difficultés à servir des rendements élevés pour les produits les plus défensifs lesquels sont majoritairement composés d’obligations émises il y a plusieurs années, à une période où les taux d’intérêt étaient bas et donc les rendements obligataires peu élevés. Dans ce contexte, certains mettent cependant en garde contre un arbitrage trop court-termiste qui pourrait amener spontanément les épargnants à se détourner de l’assurance vie pour aller sur le Livret A.

 

Le raisonnement doit être plus large. « L’ennemi le plus dangereux pour l’épargne n’est pas la volatilité. C’est l’inflation et le manque d’investissement des français pour préparer leurs projets ! insiste Albert d’Anthoüard, directeur de la clientèle privée de Nalo. Quand les marchés baissent, la tentation est forte de s’en remettre aux placements sans risque, et de stocker son épargne sur des livrets. Le livret A fait même figure d’eldorado avec son nouveau taux à 2%… Mais que sont ces 2%, rapportés à une inflation annuelle de 5,2% ? A l’heure actuelle, laisser son argent sur un Livret A, c’est perdre 3 à 4% de pouvoir d’achat. Il faut raisonner « à terme » et pas à l’instant T ».

A l’heure actuelle, laisser son argent sur un Livret A, c’est perdre 3 à 4% de pouvoir d’achat.

Si, en effet, à court terme le marché des fonds euros est affecté par une part très importante d’obligations affichant des rendements peu élevés, la récente forte remontée des taux des emprunts d’état remet sur le marché des obligations offrant davantage de rendements et à mesure qu’ils rejoindront les fonds d’Assurance-vie ceux-ci pourront offrir à leur tour des rendements plus élevés.

Idem s’agissant de la fiscalité : si le livret A permet de bénéficier d’une exonération fiscale totale, la flat tax de 30% qui touche les gains d’assurance-vie est largement limitée sur le long terme puisqu’au bout de huit ans de détention d’un contrat il existe un abattement annuel de 4 600 euros pour une personne seule et 9 200 euros pour un couple. En outre, si l’encours ne dépasse pas 150 000 euros pour une personne seule et 300 000 euros pour un couple, au bout de 8 ans de détention, la taxation des gains baisse à 24,7 %, en plus de l’abattement. 
« D’une manière générale, pour éviter le scénario d’appauvrissement lié à une forte inflation, il faut cesser de raisonner en termes de produits garantis et de niches fiscales, poursuit Albert d’Anthouärd. Il faut que chacun envisage sa stratégie d’épargne dans son ensemble, en identifiant ses projets de vie : achat immobilier, études des enfants, retraite… Pour la plupart de ces projets, il est beaucoup plus intéressant d’investir en gestion pilotée dans une assurance-vie qui générera à terme un rendement annuel moyen supérieur à l’inflation, en dépit des différentes conjonctures plus ou moins volatiles présentes et à venir ».

M