C’est le deuxième coup de pouce de l’année. Après un premier relèvement le 1er février dernier, l’épargne réglementaire connaît une nouvelle hausse de sa rémunération ce 1er août.
Dans le détail :
-Le livret A voit son rendement doubler, à 2%, atteignant son taux le plus élevé depuis près de 10 ans.
-Les taux du livret de développement durable et solidaire et du livret jeune sont eux aussi portés à 2 %.
-Le taux du livret d’épargne populaire (LEP) passe à 4,6%.
Cette revalorisation, demandée par le gouverneur de la Banque de France et acceptée par le ministère de l’économie est la résultante de l’envolée des prix depuis plusieurs mois. Elle vise à protéger un peu plus l’épargne des français contre l’inflation même si avec un rendement de 2% le Livret A est très loin de pouvoir offrir une protection absolue.
Il faut dire que l’équation, pour les pouvoirs publics, est toujours complexe quand il s’agit de remonter les taux de l’épargne réglementée. A première vue, ils doivent effectivement protéger les épargnants détenteurs de Livret A contre une inflation qui rogne leurs économies. Mais, ce faisant, ils doivent prendre garde à ne pas déstabiliser un système économique fragile. Car le Livret A a une destination très importante au plan économique : son encours sert à financer le logement social. Relever les taux servis oblige, schématiquement, les bailleurs sociaux à se financer à des prix plus élevés, donc réduit la ressource disponible pour construire des logements sociaux. Or la France accuse un grand déficit en matière de logement, qui contribue à renchérir le marché immobilier et aboutit donc à rogner le pouvoir d’achat des ménages, par le poids du logement.
Autre paramètre à prendre en compte en cas de relèvement : ne pas déstabiliser le monde de l’assurance-vie. A court terme, en effet, une remontée des taux du Livret A redonne à ce produit un avantage comparatif par rapport aux fonds d’assurance vie qui possèdent beaucoup d’obligations anciennes servant des taux d’intérêt inférieurs. Il y a toujours une période de latence, le temps que ces fonds puissent investir dans des obligations offrant des rendements plus élevés. De fait, alors qu’au premier semestre 2022, la collecte du Livret A a atteint 16,5 milliards d’euros, (montant équivalent à 2021), la collecte d’assurance-vie semble un peu marquer le pas. En juin, elle a progressé de +0,6 md€ en juin, soit son plus faible niveau mensuel depuis décembre 2020. Pas d’alarme pour autant car sur l’ensemble du premier semestre 2022, la collecte a atteint 76,4 Md€ (+0,7 Md€ par rapport au 1er semestre 2021).
Et de toutes façons, la réglementation est là pour protéger les assureurs vie en cas d’aggravation des tensions. S’il devait y avoir une fuite hors de l’assurance-vie vers le livret A des garde fous sont prévus, à travers la loi Sapin 2 qui autorise le HCSF (Haut Comité de Sécurité Financière) à limiter la possibilité pour les épargnants de retirer leur épargne.
On en est très loin.