Tanguy Le Maire est membre du Comité exécutif de Generali France, Clients Particuliers, Partenariats, Marketing & Digital Quelles sont les caractéristiques de l’assurance emprunteur ? L’assurance emprunteur est d’abord un formidable produit de protection aussi bien pour l’assuré que pour ses proches. Toute réflexion sur la protection de sa famille et la gestion de son patrimoine doit s’accompagner d’une réflexion sur la gestion de sa couverture emprunteur car cette assurance se substituera à l’assuré pour rembourser les échéances de crédit en cas d’incapacité temporaire ou permanente à exercer un emploi rémunéré (maladies, accident du travail…). C’est aussi cette assurance qui prendra le relais de l’assuré en cas de décès, aux côtés des autres co-assurés. Voilà pourquoi ce produit est autant une manière de se protéger soi-même que de protéger sa famille. Les Français ont bien compris son importance et le marché est particulièrement profond en France comparé à nos voisins. L’assurance emprunteur est-elle obligatoire ? La Loi ne l’oblige pas, mais dans les faits les banques l’exigent le plus souvent car c’est une sécurité pour elles de savoir qu’elles ont des emprunteurs solvables à tout moment. Pourtant, l’assurance emprunteur est ressentie comme une contrainte coûteuse par certains ménages… Sans doute par manque de pédagogie. Il est certain que l’assurance emprunteur représente un coût qui peut paraître élevé, surtout dans un contexte de taux bas comme nous l’avons connu ces dernières années qui a considérablement diminué le montant des intérêts d’emprunt et donc comparativement donné l’impression que l’assurance emprunteur était chère. Mais si on la rapporte à son utilité en termes de protection et si on regarde son évolution dans le temps, on se rend compte que l’assurance emprunteur a un coût globalement très raisonnable. Quelles ont été les grandes évolutions de l’assurance emprunteur au cours des dernières années en France ? L’enjeu principal a consisté au cours des dernières décennies à faire bénéficier le plus grand nombre de gens d’une assurance emprunteur. Comme tout type d’assurance elle est tarifée en fonction des risques. Et il est vrai que dans un passé lointain, les assureurs – face à des risques de santé avérés de tel ou tel client – hésitaient à assurer. Et puis petit à petit grâce à la convention Belorgey de 2001, améliorée dans la convention Aeras de 2006 on a fait reculer les critères limitant l’assurabilité, en réduisant notamment les pathologies qui pouvaient faire l’objet de sélection médicale ou de refus de souscription et, surtout, en étendant le droit à l’oubli sur certaines pathologies. Cela a enfin été possible parce que les assureurs ont fait les efforts tarifaires nécessaires, de sorte que les équilibres de l’assurance emprunteur ont changé davantage en faveur des souscripteurs. L’autre grande évolution du marché c’est l’ouverture de la concurrence depuis les lois Lagarde de 2010, Hamon de 2014 puis l’amendement Bourquin de 2017 et ce mouvement est très positif. La concurrence progresse peu à peu et les consommateurs ont tout moyen de la faire jouer. Que va changer la « Loi Lemoine » qui entre en vigueur au premier juin prochain ? La loi Lemoine porte trois dispositions particulières. D’abord le passage du droit à l’oubli de 10 ans à 5 ans pour les pathologies cancéreuses et l’hépatite C. C’est une décision bienvenue qui répond à une logique de long terme. Ensuite la loi Lemoine étend la capacité de résiliation des contrats emprunteurs en la rendant possible à tout moment. Ceci vise à renforcer la concurrence. La troisième disposition est en revanche beaucoup plus problématique : elle concerne les crédits d’un montant inférieurs à 200 000 euros par assurés dont l’âge ne dépasse pas les 60 ans au terme de l’emprunt : ces derniers n’auront pas de dossier médical à remplir. Cela peut paraître positif. Mais en fait, cela remet en question la possibilité pour l’assureur de prendre connaissance des risques sous-jacents et le prive donc de la capacité à sélectionner et à tarifer correctement ces risques selon les individus. Or certains risques médicaux méritent naturellement une surprime en fonction de leur prévalence et de leur intensité Nous allons donc nous retrouver à l’aveugle sur ce segment et, résultat, tout le monde paiera globalement plus cher là où, avant, seul un tout petit nombre d’assurés à risque payait une prime plus élevée. C’est un vrai sujet de préoccupation car cela risque en plus de geler le mouvement de compétition et de déliaison qui commençait à se faire jour sur le marché. En effet, les acteurs alternatifs, les courtiers auront beaucoup plus de difficultés à se positionner sur ce marché et cela pourrait donc consolider les positions dominantes et freiner la résiliation à tout moment telle que souhaitée par le législateur. Cette catégorie – moins de 60 ans au terme du prêt empruntant moins de 200 000 euros – est-elle importante sur le marché ? Oui, elle est très significative. Chez Generali, cela représente un peu plus de 40% des emprunts assurés. Quels conseils donneriez-vous lors de la souscription à une assurance-emprunteur ? Il convient d’abord de regarder attentivement l’étendue des garanties, autrement dit les critères d’exclusions : certaines pratiques sportives, certaines zones géographiques sont en effet source de suspension de contrats. De même, s’agissant de la couverture des affections dorsales et psychiques, souvent proposée en option, il convient de bien analyser ses besoins au regard de ces garanties. Autre conseil, regarder les franchises et les délais de carence c’est-à-dire le délai à l’issue duquel les garanties se mettent en œuvre. Un délai de carence standard s’étend sur 90 jours. Il est normal que vous acceptiez de garder une partie du risque, et on estime qu’en moyenne l’assuré peut supporter 3 mois de revenus en moins. En revanche il faut faire attention aux contrats qui prévoient des délais de carence de 180 jours par exemple, car quand on a charge de famille, devoir payer les mensualités d’un prêt pendant six mois sans avoir de revenus en face peut rapidement devenir problématique. Comment peut-on se renseigner ? Le plus important pour tous les professionnels du secteur c’est effectivement de faire de la pédagogie et de sensibiliser le grand public. Il existe de très nombreux sites internet d’information, de très nombreux spécialistes du crédit et de l’assurance emprunteur en ligne. C’est devenu très facile, il n’y a pas aucune raison de ne pas faire jouer la concurrence grâce à la déliaison des contrats. Qu’en est-il de Generali ? Nous sommes les leaders de l’assurance déliée, beaucoup de gens ne savent pas forcément qu’ils passent par nous. Nous sommes des leaders discrets puisque nous nous reposons beaucoup sur nos réseaux en marque propre mais également de grands partenaires de la place qui distribuent nos produits sous leur propre enseigne. |