Les épargnants ont tout lieu de se réjouir des annonces faites le 14 janvier dernier par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, faisant état d’un fort relèvement des taux du Livret A et du Livret développement durable qui passeront à 1% le 1er février prochain.
Mais c’est le Livret d’épargne Populaire (LEP) qui bénéficie ces derniers jours du principal regain d’intérêt médiatique, après que le locataire de Bercy ait annoncé que son rendement serait porté à 2,2%. Un taux 2,2 fois plus élevé que celui du Livret A, plutôt attractif pour un produit qui protège systématiquement contre l’inflation et qui offre une liquidité totale, sans frais. Autrement dit, sur le papier, le produit d’épargne idéal. Un produit qui connaît pourtant un succès toujours mitigé.
Certes, pour la première fois depuis plus de dix ans, la collecte nette des LEP a été positive en 2020, avec 11,9 milliards d’euros de versements contre 11 milliards de retraits. « La capitalisation des intérêts en 2020 explique ce résultat positif », selon la Banque de France. C’est aussi et surtout la conséquence du confinement qui a, selon l’Insee, entraîné une forte hausse du taux d’épargne des ménages dont ont profité la plupart des produits.
Malgré ce rebond, le bilan du LEP sur une décennie reste négatif. Comme son nom l’indique, le Livret d’Epargne Populaire n’est pas accessible à tous les français mais aux plus modestes d’entre eux, ayant un plafond de revenus annuel ne dépassant pas 20 296 euros pour un célibataire et 31 135 euros pour un ménage avec 2 parts fiscales. Pas tous les français, donc, mais tout de même une population éligible de 15 millions de personne selon les estimations de Bercy. Or la Banque de France recensait, fin 2020, 7 millions de détenteurs de LEP soit moitié moins que la population éligible.
Dès 2021, les ménages n’auront plus à transmettre leur déclaration d’impôt sur le revenu à leur banque pour justifier de leur éligibilité
Banque de France
Surtout, ce nombre ne cesse de baisser, avec un repli de 47% depuis 2008. En conséquence, toujours selon la Banque de France, les encours détenus par les LEP sont passés de 65,1 milliards d’euros en 2008 à un peu plus de 39 milliards en 2020. Après une relative stabilisation en 2016 ce solde a repris une tendance baissière au cours des dernières années.
Outre l’importante remontée du taux servi, à compter du 1er février prochain, un autre facteur, d’ordre réglementaire, pourrait néanmoins contribuer à relancer ce produit. La loi ASAP de 2021 a ainsi simplifié les conditions d’ouverture et de contrôle de l’éligibilité au LEP : les banques et la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) pourront désormais échanger des informations par un canal électronique respectueux de la protection des données personnelles. Autrement dit, avant la fin de l’année 2021, les principaux établissements bancaires ont pu informer automatiquement les ménages qui souhaitent savoir s’ils sont éligibles au LEP, et, une fois ouvert, pourront contrôler leur éligibilité chaque année automatiquement.
« Concrètement, cela signifie que, dès 2021, les ménages n’auront plus à transmettre leur déclaration d’impôt sur le revenu à leur banque pour justifier de leur éligibilité. Alors que le LEP reste encore sous-utilisé, dans un contexte où près de 50 % des Français y seraient éligibles, cette mesure vise à encourager la promotion de ce produit d’épargne », estime-t-on à la Banque de France.