Le Tour de France, le 14 juillet, les premiers chassés croisés… Le temps des vacances est bien arrivé et tout semble redevenu normal, si ce n’est la météo capricieuse et même destructrice et meurtrière dans les régions de l’Est, en Allemagne et en Belgique.
Sur le plan économique, la réouverture de l’ensemble des activités – bien que certaines restrictions soient encore de mise – a permis un rebond significatif de la consommation : les ménages qui ont accumulé un important surplus d’épargne lors des confinements sont enclins à dépenser. Le rebond de l’indice de confiance des ménages confirme le retour de l’optimisme, notamment du côté de l’emploi. Les ménages se montrent nettement moins inquiets sur les risques de chômage.
Ce tableau n’est pas propre à la France, la plupart des pays ayant mené des politiques de soutien similaires connaissent les mêmes tendances. Malheureusement, la situation reste incertaine sur plusieurs points :
- La pandémie, tout d’abord, et la propagation de nouveaux variants font craindre le retour de mesures de restriction d’activité pour la rentrée au regard du taux de vaccination actuel.
- Les statistiques produites par l’Université d’Oxford[1] et celle de John Hopkins[2] montrent bien la résurgence des nouveaux variants, notamment au Royaume Uni. Le pays, qui bénéficie d’un taux élevé d’immunité (52,3% de la population est complètement vaccinée), connaît une forte progression du variant delta, sans que l’on ne voit à ce stade une augmentation massive des hospitalisations. La tendance reste à confirmer, elle incite néanmoins à plus d’optimisme quant à la capacité de résistance des personnes.
- Si c’est bien le cas, on ne peut que s’inquiéter de la lenteur de la diffusion de vaccins au reste du monde et notamment aux pays les plus pauvres. Le programme conjoint Covax, sous l’égide de l’OMS, est encore trop limité à ce stade. Les risques de propagation vers les pays pour le moment peu touchés, font craindre des conséquences humaines sérieuses. Celles-ci auront un coup économique supplémentaire pour des pays déjà en faible capacité de soutenir leurs économies face à la récession générale. Alors que la reprise de la demande se confirme, ceux-ci pourraient « manquer le coche » si une portion significative de la population ne peut travailler.
La crise de la Covid-19 marque d’importantes ruptures :
- Pour la première fois depuis 25 ans, le processus de rattrapage économique des pays émergents s’est interrompu ;
- Les femmes, les jeunes, les emplois précaires avaient été les plus touchés par les arrêts d’activité dûs à la pandémie, accroissant les inégalités au sein de toutes les sociétés.
- Les tensions internationales et les craintes climatiques, loin de s’apaiser, se sont accrues. La Commission Européenne propose d’accélérer le processus de décarbonation de nos sociétés. Cependant, le coût de cette transformation reste à évaluer.
- L’accroissement considérable des dettes publiques, le poids de la fiscalité, la reprise de l’inflation face aux ruptures des chaînes logistiques et la volonté de recomposer les chaînes de valeur, sont autant de facteurs de tensions sur les prix qui pourraient s’avérer durables.
- La recherche de nouvelles conditions de vie et d’organisation du travail, l’abondance de crédit à ce stade poussent également les prix de l’immobilier à la hausse.
La rentrée sera marquée par ces incertitudes. Au-delà des risques immédiats, les changements profonds auxquels la pandémie a donné un coup d’accélérateur seront-ils propices à forger une nouvelle phase d’expansion économique tirée par l’investissement, notamment dans la transition climatique ? Risquons-nous au contraire une fuite en avant inflationniste ?
[1] https://ourworldindata.org/explorers/coronavirus-data-explorer?zoomToSelection=true&time=2020-03-01..latest&pickerSort=asc&pickerMetric=location&Metric=Confirmed+cases&Interval=7-day+rolling+average&Relative+to+Population=true&Align+outbreaks=false&country=USA~GBR~CAN~DEU~ITA~IND~FRA
[2] https://coronavirus.jhu.edu/map.html
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