Vers quelle relance va-t-on ? Doit-on aller ?
Il y a le plan de relance de 100 milliards d’euros qui a été décidé au niveau européen. Nous allons le voir arriver seulement maintenant. Ce plan de relance a plusieurs vertus : tout d’abord il a été établi au niveau européen, il vient donc d’en haut et va permettre de financer de nombreux projets et notamment des infrastructures.
Aujourd’hui l’enjeu est de savoir vers quelle relance nous devons aller. Les entreprises françaises qui étaient déjà insuffisamment dotées en capitaux propres de par leurs niveaux de rentabilité insuffisants ou des charges trop importantes ont vu leur situation se dégrader à cause de la crise du Covid. La réalité est que pendant la crise, un certain nombre d’entreprises ont réalisé moins, voire pas de chiffre d’affaires. On estime, selon plusieurs études (FCE France et Bercy) à 60 milliards d’euros, au minimum, la destruction des fonds propres au sein de ces entreprises et selon les plus conservateurs jusqu’à 120 milliards d’euros.
Pourquoi le financement en fonds propres est-il si important pour réussir la relance ?
La crise du covid est un bouleversement qui fait écho à la révolution industrielle qui est en cours. Or qui dit bouleversement dit besoin d’adaptation. C’est pour ça que le financement en fonds propres est si important. En France, la culture financière est insuffisante, c’est à peine si l’on distingue les fonds propres et la dette. La dette doit être remboursée et ne permet pas de créer des emplois. Nous sommes pourtant dans un pays champion de la dette que ce soit au niveau de l’Etat ou des entreprises.
Paradoxalement, la France dispose des 3500 milliards d’euros d’épargne, des Français qui dorment soit dans du monétaire, du dépôt bancaire, du livret A, des PEL ou des contrats euros avec des taux de rendement proches de 1%.
Tout cela a un double inconvénient : ça ne rapporte que très peu aux épargnants et ça ne vient pas renforcer la capacité d’investissement des entreprises. Or, ce se sont les profits d’aujourd’hui qui font les investissements de demain et qui feront les emplois d’après-demain. La France a maladroitement industrialisé son bas de laine. La meilleure manière de sortir vite et par le haut de la crise est de renforcer les fonds propres des entreprises notamment en mettant à profit ces liquidités en sommeil.
Beaucoup d’argent aurait été injecté pendant la crise sanitaire, est ce que le capital-développement a pu en profiter ?
Beaucoup d’argent a été injecté oui, mais cela n’a fait qu’atténuer les dégâts sur le plan social et économique. Nous ne pouvons pas vivre indéfiniment sous perfusion d’argent public et les PGE devront bien être remboursés. Encore une fois, Il va falloir disposer de suffisamment de fonds propres pour pouvoir aller de l’avant. Nous avons constaté un vrai ralentissement de l’économie au premier semestre 2020 et la crise a catalysé et accéléré des bouleversements qui étaient déjà en cours auparavant avec l’émergence de grandes disruptions : le digital, l’innovation environnementale et la santé intelligente.
In fine, il y a eu beaucoup d’argent investi dans des fonds de dette mais pas tellement en fonds propres. Il faut bien comprendre la différence : les fonds propres sont des capitaux longs qui permettent d’investir et d’embaucher. Il n’est pas sain d’embaucher au travers de la dette.
Quels sont les secteurs d’avenir ? Comment investir efficacement son épargne aujourd’hui ?
Je ne pense pas que nous puissions toujours raisonner par secteur. La révolution industrielle, qui est en cours depuis la fin des années 1990, a fait apparaître plusieurs éléments et la deuxième révolution industrielle telle que nous l’avons apprise à l’école (avec une grille d’analyse très compartimentée) est aujourd’hui obsolète.
Nous sommes ainsi confrontés à trois disruptions technologiques : le digital, l’innovation environnementale et la santé intelligente. Ces trois grandes thèmes sont en train de tout structurer et débouchent sur des tendances de fond transversales autour desquelles l’économie du 21ème siècle s’apprête à redessiner toute sa chaîne de valeur : • L’économie à la demande, que sont les plateformes digitales Google, Facebook, Amazon, Microsoft, • L’internet industriel, des robots sont en train de transformer la production, • La croissance verte c’est-à-dire l’économie positive • Et enfin l’économie de l’émotion et de la qualité de l’expérience client ; un marché qui s’est particulièrement développé à l’intention des femmes et qui a su faire émerger des groupes comme LVMH, Kering ou l’Oréal.
Investir dans la santé : Est-ce que la pandémie ouvre la voie à plus d’opportunités de capital-développement dans la santé ?
La réponse est oui, mais pas uniquement dans le développement de nouvelles molécules mais aussi dans la santé intelligente. Les principales menaces dans la survie de l’espèce humaine sont causées par l’homme. La médecine prédictive va jouer un rôle très important dans les années à venir que ce soit en matière d’ARN messager ou d’analyse du microbiote qui sont des domaines très porteurs.
Chez NextStage AM, nous avons développé une véritable expertise en la matière. A titre d’exemple, nous sommes investisseurs dans Innova Software qui est une plateforme de mise en relation entre les très grands laboratoires et les petits acteurs. Une solution leader mondial qui est devenue un indispensable de la recherche.
L’épargne est abondante, comment orienter son allocation de manière intelligente ?
Depuis 2016 il existe, avec la loi croissance, la possibilité d’intégrer du capital investissement dans son assurance vie au travers de ses unités de compte. Cela est astucieux car le capital investissement présente des rendements de 10% par an sur du long terme, ce qui est toujours mieux que les rendements classiques qui tournent autour de 1%. Le deuxième point est qu’il est possible de le faire depuis 2019 avec son épargne retraite (PER).
La durée moyenne d’un plan d’épargne retraite étant de 24 ans, il faut donc commencer le plus tôt possible à mettre activer cet argent. Plus on commence tôt mieux c’est. Que l’on soit petit ou grand épargnant, il existe aujourd’hui de nombreuses solutions et les équipes NextStage AM ont eu à cœur de structurer des véhicules innovants pour démocratiser notre classe d’actifs.
Les PME et ETI françaises sont en pleine transformation du fait de la crise. Simultanément, elles doivent assurer leur croissance, saisir les opportunités qui se présentent, amplifier leur rebond. Pour mener de front tous ces chantiers, elles vont avoir un besoin crucial de liquidités, le capital développement a une carte à jouer, est-ce particulièrement en ce moment ?
Les entreprises sont en pleine transformation et cela crée des opportunités. C’est donc la période parfaite pour orienter une partie de son épargne vers l’investissement dans les PME. En effet, elles vont se repositionner autour de cette nouvelle grille que la révolution industrielle est en train de dessiner. Nous sommes dans une période ou le capital investissement a vraiment un rôle très important à jouer. Nous ne le répétons pas suffisamment mais les entrepreneurs en France sont encore trop isolés et c’est particulièrement flagrant dans les territoires.
Pour illustrer cette opportunité qui s’offre à nous, rappelons-nous du plan de relance qui avait été mis en place dans le cadre de France investissement en 2007-2008 au moment de la crise. A l’époque, 7 milliards euros avaient été orientés vers le capital-risque et le capital investissement. Douze ans plus tard, ces 7 milliards d’euros ont permis de générer de très bons rendements mais également de constituer un socle qui a permis l’émergence de toute la french tech. C’est quand on investit dans son avenir que l’on crée de la valeur et que l’on dessine intelligemment son futur.
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