L’Astuce

Entretien avec Alessandra Gaudio, Directrice des Solutions patrimoniales de Generali France

par | Avr 29, 2021 | Actualités, Entretiens

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Alessandra Gaudio, Directrice des Solutions patrimoniales de Generali France

Alessandra Gaudio a rejoint Generali France le 1er octobre 2019 en tant que Directrice en charge de la Direction des Solutions Patrimoniales. Elle est également Présidente de Generali Wealth Solutions, société de gestion patrimoniale au service des réseaux de Generali France.

Elle est membre du Conseil d’Administration de Altaprofits. Chez Generali France, elle est rattachée à Hugues Aubry, Membre du Comité Exécutif en charge du Marché de l’Epargne.

Alessandra Gaudio était précédemment Directrice Générale, Chief Investment Officer et Membre du Comité Exécutif de SwissLife Banque Privée.

Elle commence sa carrière en 1990 au sein de BNP Paribas en tant qu’analyste financier avant d’être nommée en 1995 Portfolio Manager pour la gestion de fonds actions Europe.

Elle rejoint fin 1998 Crédit Agricole Asset Management (aujourd’hui AMUNDI) en qualité de Senior Portfolio Manager Actions Européennes en charge de la gestion de fonds actions Europe du Groupe et des fonds dédiés aux institutionnels. En 2001, elle prend la responsabilité de l’équipe de gestion d’AMUNDI en Italie pour en porter le développement. Elle est promue en 2007 Directrice Générale, Chief Investment Officer de Crédit Agricole Indosuez Gestion. Elle rejoint ensuite le Groupe Edmond de Rothschild à Genève en qualité de Global Chief Investment Officer.

Alessandra Gaudio, 55 ans, est Diplomée de l’Università Cattolica del Sacro Cuore (Milan). Elle est Diplômée et Membre de la Société Française des Analystes Financiers (SFAF) et Diplômée IFA, Institut Français des Administrateurs – Sciences Po et Membre de l’Institut.

Elle a reçu le Prix de la Gestion Privée AGEFI pour 2020.

 «La mixité crée de la valeur. Les facteurs de gouvernance sociale et environnementale parlent beaucoup aux nouvelles catégories

Comment analysez-vous la conjoncture ?

L’environnement est plutôt placé sous le signe de rendements qui resteront bas. En effet, malgré la pentification récente de la courbe des taux, les rendements des obligations souveraines restent proches de niveaux nuls voir négatifs.
Pour citer un seul chiffre : 17 000 milliards de dettes souveraines étaient à rendement négatif fin de l’année dernière. Et les conséquences de la pandémie imposent la poursuite de politiques monétaires très accommodantes de la part des Banques Centrales, soit un maintien de taux directeurs bas, accompagnés d’injections de liquidité. En clair, le seul investissement dans les obligations souveraines ne peut plus offrir assez de rendement pour construire les projets de long terme des investisseurs.

L’épargne a atteint des niveaux élevés, cela va continuer ?

La thésaurisation de la part de certaines catégories de la population, entre la peur du lendemain et l’impossibilité de consommer, a atteint niveaux record en 2020. En France, l’épargne financière des ménages a augmenté de près de 130 milliards en 2020, contre 71,3 milliards en 2019 et un plus haut précédent de 79,8 milliards en 2006. Et elle a été investie – ou simplement laissée – en grande majorité sur les comptes courants ou les livrets. La Banque de France s’attend à ce que 70 milliards soient encore thésaurisés cette année.
Cette « épargne par défaut », cette « épargne subie » doit aujourd’hui être mobilisée. Et cela pour soutenir la relance de l’économie, de la consommation, de l’emploi, et pour assurer la constitution d’une épargne de long terme.
Grace à la campagne de vaccination en cours dans toute l’Europe, on peut maintenant espérer la fin de ce long tunnel. Avec plus de visibilité, plus d’espoir, l’épargne ira vers les entreprises, que ce soit par le biais de la consommation ou de l’investissement en fonds propres.

On commence à en voir les prémices dans l’assurance-vie : la collecte nette en février 2021 a atteint 2 milliards d’euro. C’est un bon début.
Et on le voit également dans le marché des actions avec une rotation sectorielle qui privilégie les valeurs industrielles, celles liées à la consommation, au tourisme, et donc à l’espoir d’une reprise. Tout est maintenant question d’équilibre entre anticipations et réalisations.

Quels actifs privilégier ?

Il est désormais loin le temps où le fonds en Euro pouvait répondre à l’ensemble des attentes des épargnants : liquidité, sécurité et rendement. Dès l’été 2019, face à un environnement de taux déjà très bas, nous avons prévenu de l’impérieuse nécessité de trouver rapidement des alternatives.
Notre rôle comme assureur et asset manager est de préparer ces alternatives, d’éduquer, d’accompagner et de conseiller nos clients à travers nos réseaux, internes et partenaires.
Le fonds en euros ne peut plus être en effet la seule solution, il s’agit donc de diversifier la palette des investissements éligibles et disponibles au sein de l’assurance-vie.
Cet ensemble de solutions inclut désormais le fonds Euro Croissance, l’investissement en produits structurés « maison » ou en architecture externe, les fonds investis en infrastructures et en actifs immobiliers, le private equity…
Pour chacune de ces solutions nous avons élargi le choix des produits, en interne et en externe. Pour les fonds immobiliers et infrastructure gérés par les sociétés de gestion du Groupe, nous sommes par ailleurs capables d’en assurer la liquidité, un avantage important pour nos clients.

Nous accompagnons également cette montée en puissance par la mise en place de gestions pilotées, adaptées au profil de risque de chaque épargnant : une solution simple et clé en main. En fonction de la surface financière et des exigences du client, nous savons construire des solutions de plus en plus personnalisées, des mandats discrétionnaires jusqu’aux fonds dédiés à un client spécifique. Une solution en fort développement est aussi le fonds réservé pour un partenaire CGP qui peut ainsi avoir une gestion organisée pour ces propres clients, une solution plus efficace et efficiente que la mise en place d’arbitrages unitaires.

Enfin, le suivi en planification patrimoniale – transmissions, donations, organisation fiscale d’un patrimoine – est un service que nous offrons au sein de notre équipe. En effet, Generali Wealth Solutions a été crée en tant que société de gestion entièrement dédiée à la gestion patrimoniale, au sein de Generali France, pour répondre à ces exigences, accompagner les réseaux et les clients et faciliter la transformation du modèle Epargne.

Comment décrivez-vous le monde actuel ?

On vit dans un monde à multiples facettes, qu’un acronyme emprunté au monde militaire défini comme VUCA, plus volatile, plus incertain, plus complexe, plus ambigu … un monde plein d’incertitudes, mais aussi riche en opportunités !
Le vrai risque dans ce monde-là serait probablement de jamais en prendre, de jamais se positionner, de jamais prendre des décisions. L’importance cependant est de prendre des décisions à la lumière d’informations adéquates, d’un accompagnement structuré, des conseils avisés, pour soi et ses proches.

Les Etats, comme les acteurs économiques, doivent prendre le virage de ce nouveau monde et l’accompagner de façon responsable, solidaire, avec une vision à long terme, pour les générations actuelles et à venir.

L’investissement, l’épargne, la santé financière des Etats sont essentiels pour instaurer un cercle vertueux et porter la croissance de demain, pour qu’elle soit plus respectueuse de l’environnement, plus inclusive, plus soutenable.

Quelle thématique vous parait importante pour l’avenir ?

En tant qu’assureur et asset manager, nous accompagnons ce virage avec des investissements à impact, une gamme de fonds intégrant une attention de plus en plus forte au thèmes environnementaux, de gouvernance et sociaux.
Des nouveaux supports se créent sur le marché pour intégrer et faciliter la considération et la réelle mise en place de ces thèmes majeurs : éducation, inclusion, nouvelles solutions moins impactant sur l’environnement, soutient à l’entreprenariat féminin…
Les solutions d’investissement ne cessent d’être élargies pour répondre aux aspirations de chaque épargnant.

En ce mois de la femme, quelle est votre perception des femmes dans la finance ?

Si vous me permettez, j’aimerais aller au-delà du sujet des femmes, même si j’en suis une et je sais de quoi je parle.

Ce qui m’intéresse c’est l’ouverture. La diversité de visions, d’expériences, de sensibilités, de culture, de nationalité, de parcours de formation et professionnels, d’âge, apporte beaucoup de richesse dans une entreprise ; elle est source d’échanges vivants, de débats enrichissants, d’idées brillantes, des solutions innovantes.

Cette diversité et cette richesse doit être présente à chaque niveau de l’entreprise, jusqu’au aux Comités Exécutifs et aux Conseils d’Administration.
Beaucoup de chemin a été parcouru et beaucoup encore reste à faire pour que cela devienne une réalité partagée et pas un trophée à montrer ou une conquête épuisante.

 

 

 

 

 

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