Après l’accumulation pendant les huit semaines de confinement de 55 milliards d’épargne « forcée », les deux phases de déconfinement conduiraient à une accumulation supplémentaire d’épargne de 20 milliards d’euros, pour atteindre 75 milliards en l’espace de seize semaines, selon une étude de l’OFCE *.
Les pertes de revenus par les ménages (de l’ordre de 500 euros par ménage, liées à la couverture partielle de la perte de revenu des indépendants, du chômage partiel ou de l’assurance chômage et à la perte des heures supplémentaires) sont plus que compensées par la diminution de la consommation.
L’analyse par décile (section 3) montre que les ménages les plus riches ont plus épargné que les ménages les plus pauvres (15 % de l’épargne dans le dernier décile), bien que la distribution soit moins marquée que pour l’épargne constituée habituellement. Une partie de cette épargne correspond à des consommations qui pourraient être reportées tandis qu’une autre partie pourrait stimuler des consommations habituellement associées à un revenu exceptionnel.
L’utilisation de cette épargne est un élément clef de la reprise de l’activité au cours du second semestre 2020 et de l’année 2021. Si l’intégralité de l’épargne forcée est dépensée, la perte d’activité liée aux seize semaines de confinement et de déconfinement serait réduite d’environ la moitié.
Par ailleurs, constatant aussi l’augmentation de l’épargne, réunis dans le groupe de travail intitulé “Financement des entreprises et mobilisation de l’épargne”, 15 élus LREM, Modem et Agir ensemble ont remis des propositions au ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, le 21 juillet pour mobiliser cette épargne afin de financer les entreprises.
Ils suggèrent de modifier les relations entre les entreprises et le secteur de la bancassurance, la fiscalité pesant sur les entreprises ainsi que les relations de ces dernières entre elles ou avec l’Etat. D’autres mesures concernent directement l’épargne des particuliers, appelée à venir en soutien de la relance économique ainsi le groupe de travail de la majorité entend flécher l’épargne des Français vers des entreprises de proximité, avec la création d’un « Livret épargne industrie, un Livret qui permettrait de souscrire à des emprunts d’entreprises à un niveau local”.
Autre piste explorée par les élus de la majorité : la création de fonds d’épargne territorialisés. Ces fonds (type Sicav, les sociétés d’investissement à capital variable, unités de compte dans un contrat d’assurance-vie) seraient abondés par l’épargne des particuliers avant d’être orientés vers des PME locales, sous la forme de “fonds propres et de garanties de prêts existants pour les entreprises de proximité ».
Les propositions des députés portent aussi sur un déblocage exceptionnel des produits d’épargne tunnels, c’est-à-dire sur lesquels l’épargne est indisponible jusqu’à la retraite, comme sur un Madelin, ou un plan d’épargne logement, toujours avec l’objectif de soutenir la relance.
Ces mesures seront-elles être intégrées par le ministère de l’Economie et des Finances au futur plan de relance présenté le 24 août prochain ? Affaire à suivre.
* Etude intégrale sur le lien suivant https://www.ofce.sciencespo.fr/pdf/pbrief/2020/OFCEpbrief75.pdf