Dès son discours de politique générale, le nouveau Premier Ministre, Jean Castex, a tracé les grandes lignes du plan de relance de l’activité qui devrait constituer l’armature du budget 2021. Celui-ci sera présenté à l’automne au Parlement.
Les grandes lignes économiques et financières de ce plan s’articulent autour de mesures de soutien direct à l’emploi sous forme de baisses de charges et de programmes d’aides à l’embauche, de baisses d’impôts dits de production, de reports de remboursements de charges et de mesures sectorielles de subvention (PME/TPE, santé, tourisme, services à la personne etc.) et tout en combinant les objectifs de protection du climat. Le financement de ces mesures reste à préciser, une partie pourrait être couverte par le futur fonds d’aide européen – dont les négociations sur un accord général sont en cours Bruxelles. Certains arbitrages font également débat comme le report des annulations de la taxe d’habitation ou encore la prolongation des prélèvements de la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale).
Le Premier Ministre a également proposé de relancer les négociations sur le financement de la retraite et la réforme de l’assurance chômage. Même reportées à la fin de l’année et au début de 2021, ces négociations semblent inévitables car la crise a durement éprouvé les régimes de santé et de retraite.
Un premier bilan du COR (Conseil d’Orientation des Retraite)[1] tente de faire le point sur l’impact sur les retraites de la surmortalité liée à la Covid-19 d’une part, et à la crise économique d’autre part. Ce bilan reste provisoire au regard de la persistance voire du risque de résurgence de la pandémie comme de la perspective d’une aggravation du chômage.
Sans surprise, les personnes de plus de 50 ans ont été les plus durement touchées par la pandémie, tandis que l’arrêt de l’activité, la moindre mobilité, ont contribué à sauver des vies chez les plus jeunes (baisse du nombre des accidents de la route). Ainsi, à la date de parution du rapport, le COR estime que les dépenses de retraite seraient cette année moins élevées que prévu d’au moins 500 millions d’euros (soit -0,2%). En revanche, leur part dans le PIB bondit du fait de la baisse de l’activité, passant de 13,7% à 15,5%. De plus, les ressources du système de retraite diminueraient considérablement de près de 26 milliards d’euros, conséquence de la crise et de l’augmentation du chômage et des reports ou baisses de cotisations.
Ainsi, les projections du COR signalent la détérioration des comptes et, suivant les scénarios retenus au-delà de 2020, il prévoit un repli plus ou moins rapide du niveau de vie des retraités par rapport au reste de la population dans les 10 à 20 ans à venir.
[1] COR –“ Retraite et Covid-19, point de situation » 11 juin 2020 – https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2020-06/01_Plénière_Vdiffusée.pdf
Ces constats ne sont pas nouveaux à proprement parler. La crise de la Covid-19 a accentué les difficultés immédiates des systèmes. Un constat qui se retrouve parmi les principaux pays d’Europe. C’est dans ce contexte que le Premier Ministre entend relancer les négociations sur la réforme des retraites, et ce malgré les réticences exprimées par les partenaires sociaux. On ne peut exclure qu’avec la détérioration des comptes du fait de la crise, la question d’un report de l’âge de la retraite soit de nouveau à l’ordre du jour.
A l’aune de ces rapports, les français pourraient se montrer plus attentistes et prudents quant à l’utilisation de l’épargne qu’ils ont – pour certains d’entre eux – accumulée au cours du confinement. Nombreux risquent d’en sauvegarder une partie pour compléter leur réserve de retraite. Les produits d’épargne PER lancés depuis l’an passé devraient donc rencontrer un intérêt croissant. On devrait également constater chez les épargnants le souci grandissant d’accorder leurs investissements à leurs préoccupations en se montrant plus attentifs à l’égard des fonds dits ISR/ESG (Environnement Social Gouvernance). La Commission Européenne vient d’édicter une nomenclature et classification (taxonomie) qui devrait permettre aux investisseurs de s’y retrouver dans ces terminologies et de juger de manière plus éclairée de la qualité et de la validité des investissements ainsi nommés. Une initiative bienvenue.
Achevé de rédiger le 19 juin 2020