Vous êtes un acteur de l’investissement ISR, que représente la part des fonds socialement responsables chez Ecofi Investissements ?
Ecofi est une société de gestion engagée, avec le statut d’entreprise à mission. Ainsi, 100%* de notre gamme de fonds ouverts est gérée à travers notre processus ISR. Certains mandats et fonds dédiés sont également ISR. Nous gérons également des fonds solidaires à forte utilité sociale et/ou environnementale.
Comment cette approche est-elle déclinée? Quels sont les marqueurs de votre gestion ?
Ecofi Investissements a une approche engagée et exigeante de l’Investissement responsable.
Notre processus, IMPACT ISR, est appliqué en amont de l’analyse financière, et s’applique depuis janvier 2019 à 100%* de notre gamme de fonds.
Ce processus se décline en trois temps :
1/ D’abord, les exclusions sectorielles (armements controversés, tabac, jeux d’argent, l’extraction de charbon et la production d’énergie liée au charbon) et des paradis fiscaux.
2/ Puis la sélection des émetteurs les plus responsables au regard de leurs performances Environnementales, Sociales et de Gouvernance sur la base des données de Vigeo Eiris, avec la Méthode I-Score :
- surpondération des indicateurs de résultat dans la note ESG globale pour mesurer la performance réelle de l’entreprise – en opposition à son discours – dans une perspective de gestion des risques. Par exemple : les émissions de CO2 par Mwh par an ; les taux de fréquence et de gravité des accidents du travail dans la construction etc. ;
- surpondération de 4 critères à fort impact ESG à travers la Touche Ecofi : équilibre des pouvoirs ; relations responsables avec les clients et les fournisseurs ; responsabilité fiscale ; non-discrimination.
3/ Enfin la gestion des émetteurs controversés, en excluant ceux qui font face à des incidents majeurs (pollution, atteinte aux droits de l’Homme, environnement…).
Les controverses sont évaluées par Ecofi Investissements sur une échelle de 1 (controverse faible) à 5 (controverse importante), en fonction de leur impact et sur la base de 3 critères : la gravité, la fréquence et la réaction de l’entreprise. Ecofi Investissements retravaille les données fournies par Vigeo Eiris à travers sa propre méthodologie interne, qui considère que la réaction de l’entreprise est plus importante que la fréquence : notre méthodologie pénalise donc les sociétés qui ont été impliquées dans peu de controverses mais qui n’ont pas démontré de volonté de s’améliorer.
Un niveau d’intensité ISR, de 1 (plus faible) à 3 (plus fort), est appliqué en fonction du niveau d’engagement du fonds. Le niveau 1 exclut 20% de l’univers de départ (conforme au Label ISR d’Etat), le niveau 2 exclut 40% et le niveau 3 exclut 60%.
Est -ce que miser sur l’ISR signifie moins ou plus de compétitivité, de performance ?
Chez Ecofi Investissements nous sommes convaincus que l’ISR contribue à la performance financière des investissements.
L’application du processus ISR permet de mettre en œuvre nos valeurs mais aussi de mieux gérer les risques et les opportunités au sein du portefeuille. L’analyse des enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance – combinée à l’analyse financière – permet une analyse de l’entreprise à 360 degrés. Et donc de mieux maîtriser certains risques, qui ne sont pas forcément pris en compte par l’analyse traditionnelle, comme les risques de réputation ou de réglementation.
Ainsi, les sociétés les plus responsables sont moins confrontées à des controverses alors que celles-ci ont de plus en plus un impact négatif sur la performance.
En plus, ces entreprises ont des relations plus constructives et transparentes avec leurs parties prenantes comme les salariés, les clients ou les populations locales. Elles peuvent donc construire un avantage concurrentiel plus solide et plus durable, surtout sur le long terme.
Cette corrélation positive a été démontrée par plusieurs études. L’ISR génère donc de la performance durable en conciliant performance économique et impact social et/ou environnemental.
Pouvez-vous citer des exemples de sociétés qui ont une démarche particulièrement responsable ?
Pour déterminer la responsabilité des sociétés, nous analysons la manière dont elles gèrent les enjeux Environnementaux, Sociaux de Gouvernance (ESG) avec plus de 300 critères.
Par exemple, Covivio (Ex Foncière des Régions), entreprise française dans l’immobilier, a une transparence élevée sur ses performances environnementales (intensité carbone, énergétique et hydrique, déchets) et possède des bâtiments certifiés avec les standard BREEAM ou HQE. Côté humain, la société a mis en place plusieurs mesures pour la valorisation de la diversité à travers une Charte. Enfin, la rémunération variable du CEO dépend aussi d’objectifs de Responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), avec un comité interne au Conseil d’Administration dédié à la RSE.
On peut également citer HERA, société de services publics en Italie qui investit de plus en plus dans les énergies renouvelables et a réduit son empreinte de 16% par rapport à 2015, avec un objectif de
-23% en 2022. Hera a également mis en place une politique solide pour prévenir les violations des droits de l’Homme et des travailleurs et a réduit de manière conséquente le nombre d’accidents ces trois dernières années, avec des objectifs ambitieux à long terme. Enfin, le reporting RSE d’Hera est complet et transparent et un comité est dédié aux questions éthiques et durables.
*Hors certains fonds indexés et fonds à gestion déléguée
Note de la rédaction : si la thématique de l’iSR est une thématique que le Cercle des Epargnants va de plus en plus analyser pour répondre aux questions qui se posent et à l’intérêt qu’il suscite, les propos de cet entretien n’engagent que son auteur et ne constituent pas une recommandation de la part du Cercle des Epargnants.