Interview à l’occasion du 8 mars, Journée Internationale des Femmes.
En quoi le regard féminin sur l’assurance est-il différent ?
C’est vrai. Quand j’ai commencé ma carrière en 1987 dans le monde de l’épargne et de la retraite, c’était un univers masculin. Je suis au conseil d’administration du Cercle des Epargnants depuis 2013 et, au même moment, je suis devenue la déléguée générale de l’observatoire des femmes et de l’assurance (OFA), un collectif de cadres au sein de Generali qui avait pour vocation l’observation de l’assurance à travers un prisme féminin. Nous nous nous sommes rendues compte que les femmes portent un regard différent sur le rôle de l’assureur et la façon dont l’assurance est consommée en France. Comment exercer son métier d’assureur lorsque l’on est une femme? Cela fait partie des questions que je suis toujours posé, en sus des autres…
En quoi le regard féminin sur l’assurance est-il différent?
Dans les grandes lignes, nos enquêtes sur l’épargne en assurance-vie ont montré que la motivation des femmes, c’est la protection de la famille et la recherche d’un placement sécuritaire. Chez l’homme, la quête de la valorisation du capital prime. Il ne faut pas généraliser mais nos sondages ont mis en exergue ces différences de profils. Je crois que la nuance perdure.
Les femmes, dans leur grande majorité, ont exprimé leur envie de se projeter vers l’avenir, l’homme était plus enclin à prendre des risques. Tous ces sujets sont intéressants, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, de profil adéquat, mais une personnalisation des profils est à prendre en compte. J’observe que les mœurs évoluent: quand j’ai commencé à travailler dans un cabinet de gestion du patrimoine, c’étaient principalement les hommes qui étaient intéressés. La gestion des finances, c’était l’apanage des hommes. Les choses ont bien changé du fait de l’évolution de la structure familiale – avec beaucoup plus de familles monoparentales – et du fait de l’évolution de la femme dans la société. Les femmes administrent les biens du ménage au même titre que les hommes dans beaucoup de ménages désormais!
Devrait-il y avoir une manière différente de s’adresser aux femmes sur ces sujets ?
Je crois que oui. Les sujets d’argent les intéressent maintenant et nous avons un travail à faire en termes de pédagogie. Ceci concerne tous nos publics, aussi bien les hommes que les femmes mais ce sont des domaines parfois techniques qu’il convient de vulgariser. Je suis toujours aussi surprise de constater que le magazine de la presse féminine ne comporte de rubrique «Placements, patrimoine, retraite» alors que placer son épargne peut être une thématique pleine de sel pour des femmes qui ont envie d’investir à bon escient pour leur bien-être dans le futur et…pour l’immédiat! L’appropriation de ces sujets passe beaucoup par Internet et la pédagogie. Les acteurs de l’épargne que nous sommes doivent intégrer et partager beaucoup d’informations, surtout dans la période actuelle, si évolutive et si particulière. Les femmes sont désireuses de bénéficier d’un accompagnement.
Est-ce que vous pensez à la place des femmes dans la gestion de l’entreprise que vous dirigez ?
Je crois en effet à la richesse de la mixité, de la diversité. Nos études ont montré qu’il y a des façons différentes d’appréhender les sujets et c’est enrichissant pour les débats, les réflexions d’avoir des équipes mixtes. Je sais qu’il y a un carcan culturel, sociétal, éducatif en France mais les choses bougent, à leur rythme. Je suis passionnée par tous ces sujets d’analyse et c’est notamment pour cela que je suis heureuse d’être administratrice du Cercle des Épargnants, un groupe de réflexion dédié à mettre en perspective toutes les grandes questions qui traversent les domaines de l ‘ épargne et de la retraite, il favorise le dialogue entre l’épargnant et l’assureur. Il est important de faciliter l’étude et la diffusion des sujets et des opportunités que représentent les débats autour de l’épargne et de la société !