Enjeu et constat
La ministre a exposé l’enjeu, sans fard : « hors-norme », « universel et intime », évoquant « une vérité refusée, parfois douloureuse ». L’urgence est définie ainsi : « accompagner et soutenir les professionnels, libérer les personnes âgées du fardeau de la culpabilité et de la solitude, qui tuent ». Et souhaite « intégrer enfin le risque de perte d’autonomie des personnes âgées dans la structure de nos politiques sociales ». Nul ne sait ce qui s’ensuivra, mais le constat et les mots sont clairs.
Rapport Libault sur la Loi grand âge et autonomie : la méthode
C’est le point d’orgue d’une démarche d’établissement d’un constat d’un consensus. Initié le 1er octobre 2018, le processus a réuni 10 ateliers thématiques, soit 230 personnes. Puis, une consultation citoyenne sur « Comment prendre soin de nos aînés » a concerné 414 000 participants, donnant lieu à 18 000 propositions et à 1,7 millions de votes. Régions et DOM ont été impliqués : des forums d’expression et d’analyse ont mobilisé plus de 500 acteurs locaux. Pour « faire remonter les besoins, les idées et les bonnes pratiques ». Enfin, des entretiens et groupes d’expression ont réuni 140 participants, donnant la parole aux personnes âgées, aidants et professionnels. L’expérience étrangère a été étudiée, par des missions à Berlin et Stockholm.
Le constat : démographie et besoin de financement
Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus en perte d’autonomie en 2015 serait de plus de 2 millions. 1,5 million de personnes à leur domicile et près de 600 000 en établissement. Dont 1 265 000 bénéficiaires de l’Allocation de perte d’autonomie – (APA). La projection du ministère retient 1,6 million de bénéficiaires en 2030 et 2,2 millions en 2050. Cela se traduit déjà pour 2014, par un coût de financement de €30 Mds (1,4% du PIB), dont €12,2 Mds pour la santé, €10,7Mds pour la dépendance et €7,1Mds pour l’hébergement, pris en charge par la Sécurité Sociale, les ménages et les collectivités locales.
Déjà 175 propositions
La perte d’autonomie de la personne âgée est considérée comme un risque pour l’ensemble de la protection sociale. Et le projet retient entre autres : la création de « Maisons des aînés », un guichet unique pour l’information, l’orientation et l’accompagnement. Afin de coordonner les interventions sociales et sanitaires, conjuguant accueil de proximité, en ligne et téléphonique. Ainsi qu’un plan national pour les métiers du grand âge, pour l’attractivité des métiers concernés et la montée en compétence des professionnels. L’une des mesures phares est l’augmentation des effectifs de personnel soignant et d’accompagnement de 25%, d’ici 2024. L’indispensable prévention s’appuiera sur les standards de l’Organisation Mondiale de la Santé, pour une approche systémique et renouvelée, sur tout le territoire.
€3 milliards sur 10 ans
Un plan de rénovation de €3 milliards sur 10 ans concernera les EHPAD, renommés « Maison du grand âge ». L’APA deviendra « prestation autonomie », avec fusion tarifaire « soins » et « dépendance ». Mensuellement, la baisse du reste à charge préconisée est de €300 pour les personnes aux revenus entre €1 000 et €1 300. Un « bouclier d’autonomie » annulerait le reste à charge au-delà de 4 ans, en cas de perte d’autonomie lourde. Les congés des aidants proches pourraient être indemnisés. Le coût d’ensemble passerait alors de 1,4% à 1,6% du PIB, d’ici 2030.
Pour télécharger le rapport Libault :
https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/remise-du-rapport-libault-sur-la-concertation-grand-age-et-autonomie