L’Astuce

Santé, le coût du vieillissement de la population

par | Sep 18, 2018 | Actualités

Nul besoin de rappeler que le financement de notre modèle de santé est problématique. Jeunes comme moins jeunes, tous les Français savent que la sécurité sociale est structurellement déficitaire, c’est le fameux « trou de la sécu ». Les dépenses de santé sous le double effet du vieillissement de la population et de la modernisation des soins connaissent une hausse naturelle. Parmi les principaux postes de dépenses, les affections de longue durée (ALD) occupent une part prépondérante. C’est justement ce que présente une étude1 publiée par la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) des ministères sociaux.

En France, les personnes souffrant d’affections de longue durée (maladies cardiovasculaire, cancer, diabète, etc…) bénéficient d’un statut à part qui leur permet une prise en charge à 100% par la Sécurité sociale. Ceci s’explique par le coût des traitements nécessaires. Des soins qui s’inscrivent dans la durée, de nouveaux traitements dont les tarifs peuvent être parfois extrêmement élevés. Le dispositif permet donc un accès aux soins à l’ensemble de la population. Le coût n’est pas neutre pour les finances publiques, il représente à peu près 57% des dépenses remboursables de santé.

Si les dépenses de soin dans leur ensemble enregistrent une hausse de 2,7% par an entre 2011 et 2016, les remboursements au titre des maladies relevant de l’ALD augmentent de 3,8% par an en moyenne. Selon la DREES, la « croissance de la population et son vieillissement y contribuent à hauteur de 2,1 points ». Fort logiquement, un plus grand nombre d’assurés, et un plus grand nombre de séniors, ce sont autant de dépenses de santé supplémentaires. Dans le détail, les effectifs en ALD ont connu une croissance de 3,2% par an entre 2011 et 2016. Sur cette même période, la dépense moyenne a augmenté de 1%.

Le vieillissement de la population a un rôle direct dans les résultats susmentionnés puisqu’il influe de deux manières sur les dépenses liées aux ALD :

  • « La part des patients bénéficiant du dispositif augmente ». Ce qui correspond à une hausse de 0,9 point par an dans les dépenses d’ALD.
  • « La dépense moyenne par personne en ALD croît ». Ce qui contribue plus modestement, 0,1 point par an.

Le vieillissement démographique en cours se poursuit, en 2016 23,5% des assurés ont plus de 60 ans contre 21,7% en 2011. Les effets sont particulièrement ressentis dans le domaine de la santé, de la protection sociale d’une manière générale (retraites). Les ALD y contribuent directement, en 2016 41,9% des 60 ans et plus sont en ALD contre 39,2% en 2011, si bien que 16% de la population totale est en ALD contre 14,4% en 2011. Au-delà des traitements qui agissent en réponse à la maladie, il serait nécessaire de renforcer la prévention. Un grand nombre de ces maladies trouvant leur origine dans les habitudes et modes de vie, en agissant sur l’alimentation, l’activité physique, etc… Il serait possible à terme de réduire ou freiner la hausse des ALD. Ces actions nécessitent d’être mises en œuvre le plus en amont possible et leurs effets bénéfiques ne se constateront que beaucoup plus tard. Enfin, ces politiques bien souvent publiques ont un coût, difficile à supporter en cette période de finances publiques tendues.

1 https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publications/etudes-et-resultats/article/le-vieillissement-de-la-population-entraine-une-hausse-des-depenses-de-sante

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