Selon les dernières publications de statistiques relatives à l’assurance-vie et au Livret A, les deux poids lourds de l’épargne française n’ont jamais aussi bien porté le titre de « placement préféré des Français », titre qu’ils se disputent de longue date. Le Livret A, semble définitivement guéri. Rappelons qu’en 2015, à la suite du passage de son taux d’intérêt à 0,75%, c’est-à-dire sous un seuil historique et psychologique de 1%, le Livret A avait connu une période de collecte négative. Bon nombre d’observateurs prédisaient alors la fin de ce Livret désormais bicentenaire. Il n’en a rien été, et comme nous l’avions déjà mentionné, le Livret A reste un placement sûr et liquide, des qualités qui continuent de séduire les épargnants.
La collecte de l’assurance-vie, elle, accélère. Les épargnants semblent convaincus de l’intérêt du produit et ne prêtent plus attention au contexte environnant (loi PACTE). L’année dernière, l’assurance-vie a enregistré des résultats positifs mais contrastés qui trouvent leur justification autour d’incertitudes réglementaires (loi sapin II) et fiscales (PLF). Il semblerait que les indicateurs soient désormais au vert.
Le Livret A et le livret de développement durable et solidaire (LDDS) affichent sur les sept premiers mois de l’année une collecte nette de 11,88 milliards d’euros, et 1,1 milliard d’euros pour le seul mois de juillet. La performance des sept premiers mois de l’année n’est plus très loin de la collecte de l’ensemble de l’année 2017, qui s’était élevé à 12,4 milliards. Ce qui illustre la vitalité de la collecte. Pour souligner davantage la performance, il convient de rappeler que sur l’année 2016 la collecte atteignait péniblement 1,09 milliards d’euros. L’encours des deux produits réunis représente désormais l’importante somme de 387,8 milliards d’euros, un record.
L’assurance-vie a enregistré au premier semestre de l’année 2018 une collecte nette de 15,3 milliards d’euros. Pour rappel, sur l’ensemble de l’année 2017, la collecte nette n’avait été que de 8,4 milliards d’euros. Sauf revirement exceptionnel de situation, l’assurance-vie devrait afficher à la fin de l’année 2018 des résultats meilleurs que l’année passée. Ceci s’explique par une double dynamique :
- des cotisations collectées en hausse. Sur les sept premiers mois de l’année, les sociétés d’assurance ont collecté 84,8 milliards d’euros contre 80,1 milliards l’année dernière sur la même période.
- Des prestations versées en baisse. Sur les sept premiers mois, les sociétés d’assurance ont versé 69,5 milliards d’euros contre 75,3 l’année dernière sur la même période.
L’assurance-vie affiche une collecte nette prometteuse pour le mois de juillet, de 3 milliards d’euros, le meilleur résultat de l’année. Au final les encours culminent désormais à 1712 milliards d’euros en progression de 3%sur un an et marquent là aussi un record historique.
Paradoxalement, la soif d’épargne des ménages français coïncide avec le retour d’une variable économique qui n’entrait plus en jeu ces dernières années : l’inflation. L’inflation au mois de juillet (sur un an) atteint 2,3%, un chiffre bien supérieur au rendement du Livret A. Concrètement, l’argent déposé sur les Livrets A ne couvre plus la hausse des prix. Pourtant, les Français alimentent massivement ces derniers (Livret A boudé en 2015 dans un contexte d’inflation nulle) comme s’il convenait d’épargner davantage pour générer un niveau d’intérêts constants.
Enfin, le dernier baromètre mensuel (août) de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) sur la confiance des ménages est riche d’enseignements. Selon l’enquête, « la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner augmente nettement ». Les Français ignorent-ils le retour de l’inflation et la faiblesse des taux ? Peut-être pas… Interrogés sur leur niveau de vie futur (résultat légèrement inférieur à sa moyenne), ou leur capacité d’épargne future (moins deux points en un mois), ces derniers se montrent sceptiques. Il semblerait que les ménages français épargnent par précaution, encore plus que d’ordinaire. Les débats autour du pouvoir d’achat (projet de loi de finance) ou des futures réformes (PACTE, Retraite, Santé, prélèvement à la source, etc…) ont pu alimenter les peurs et susciter un désir d’épargne plus fort.