Selon une étude1 réalisée et présentée par ING (bancassureur hollandais) le 26 avril dernier, les « ménages français n’ont jamais été aussi riches ». Ainsi, le patrimoine financier moyen (brut) d’un ménage français a atteint au 3ème trimestre 2017 178.200 euros. Lorsque l’on retire les dettes, ce patrimoine financier net s’élève encore à 124.600 euros par ménage, ce qui fait dire aux auteurs de l’étude, que les Français sont « 15% plus riches que leurs voisins allemands » dont le patrimoine financier net est de 107.700 euros.
Cette évaluation moyenne cache d’importantes disparités car « 5% des ménages possèdent près de 40% du patrimoine ». Il est intéressant de noter néanmoins que le patrimoine financier des Français est en nette croissance. Ce volume de patrimoine financier est le fruit d’une dynamique d’épargne soutenue. Ainsi sur les trois premiers trimestres de 2017, ce sont 140 milliards d’euros qui sont venus gonfler les encours d’épargne, sur la même période en 2016, 100 milliards d’euros déjà étaient accumulés. En moyenne les ménages épargnent 260 euros par mois. On observe également des effets de valeur, tous les placements ayant produit de la valeur l’an passé, reflétant notamment la hausse des marchés boursiers, mais aussi des rendements réels encore positifs du fait de l’absence d’inflation. Même si la part de produits risqués est faible, ce qui limite l’amplitude de ces effets de valeur, ces effets de valeur sont toujours importants et estimés à 90 milliards d’euros par an en moyenne sur les cinq dernières années, ce qui est toutefois moins fort que sur la période comprise entre 1996 et 2000 où ces effets représentaient 95 milliards d’euros.
Si les Français sont des épargnants par nature, selon notre enquête2 annuelle, 47% des sondés pensent qu’il vaut mieux mettre de côté et épargner « au cas où, ou pour l’avenir », plutôt que de « dépenser et profiter du présent » (26%). Cette habitude tend à s’intensifier, depuis 2009, suite à la crise, les ménages ont épargné 722 milliards d’euros. Ce sont principalement les assurances-vie (370 milliards) et les livrets d’épargne (232 milliards) qui ont capté ces flux. Sur une période plus longue, une vingtaine d’années, la part des assurances-vie dans le patrimoine total a même doublé. Ces choix démontrent le besoin de garantie et de sécurité qu’ont recherché tout particulièrement les ménages suite à la crise. Au total, sous l’effet de ces versements, le patrimoine financier des ménages culmine désormais à 5.233 milliards d’euros (+8,5% sur un an). Quand on ajoute le patrimoine non financier, tiré par la flambée des prix de l’immobilier, les chiffres donnent le tournis : 7.500 milliards d’euros (6.880 pour l’immobilier).
Assurances-vie, épargne réglementée, immobilier, laissent peu de places aux actifs plus risqués tels que les actions. Les actions cotées et fonds de placement représentent 12% du total de ce patrimoine. On comprend mieux l’ambition du gouvernement de réorienter cette épargne vers le financement de notre économie. Dans ce pays où quasiment chaque citoyen est titulaire d’un Livret A (55 millions), seuls 11,7% de nos concitoyens détiennent des actions, ce qui illustre le chemin à parcourir.
1 https://info.ing.fr/menages-plus-riches-grace-reprise-mais-toujours-prudents/
2 https://www.cercledesepargnants.com/sondage-2018-les-francais-lepargne-et-la-retraite/