L’Astuce

Les Assurtechs à l’assaut de l’assurance traditionnelle ?

par | Avr 3, 2018 | Actualités

Les Assurtechs ou Insurtechs, autrement dit les start-ups du secteur de l’assurance, regroupent de jeunes entreprises qui, misant sur l’innovation digitale, viendraient concurrencer – tout ou partie –  les compagnies d’assurance. Le défi peut paraître ambitieux, tant les compagnies d’assurance semblent établies de par leur longévité et leur expérience : le géant italien Generali a été fondé en 1831, l’allemand Allianz en 1890, sans parler des volumes financiers en jeux (chiffres d’affaires, capitalisation, etc…).

Pour mesurer le phénomène et la dynamique du marché français, nous vous livrons quelques chiffres clés. Selon Klein Blue Partners, les start-ups françaises de l’Assurtech ont levé 80,9 millions d’euros en 2017 contre 26,1 millions en 2016. Nous recensons dans le secteur 66 start-ups en 2017 contre 47 un an auparavant. La dynamique est présente, mais le secteur semble encore quelque peu balbutiant. Ces structures peuvent être réparties en quatre grands domaines d’activités :

  • 40% sont des services aux assureurs et courtiers,
  • 38% des courtiers,
  • 12% proposent des services aux particuliers et aux entreprises,
  • 10% des assurances collaboratives.

Il n’existe en fait qu’une seule start-up Alan enregistrée comme compagnie d’assurance en tant que telle.

A la lecture de ces statistiques, on comprend aisément qu’il n’est pas question de rivaliser frontalement avec les compagnies d’assurance, mais plutôt d’intégrer la chaine de production ou de distribution pour se faire une place. Quasiment toutes ces entreprises sont partenaires d’assureurs traditionnels. C’est notamment le cas des structures les plus connues telles Inspeer ou Otherwise, partenaires de Generali.

Est-ce une question de temps ?

Certains seront peut être déçus. La start-up traditionnellement, c’est la promesse d’une révolution technologique mais aussi philosophique. Elle vient balayer les pratiques et les acteurs traditionnels pour créer un nouveau schéma. S’agit-il alors d’une question de maturité du marché ou l’assurance serait-elle intouchable, hors de portée ? Pour cela il faut étudier les principales assurtechs mondiales qui devancent de quelques années leurs cousines françaises. En Chine par exemple, ZhingAn Online PC Insurance, lancée fin 2013 réalise un chiffre d’affaires de 763 millions d’euros avec une capitalisation de 9,3 milliards d’euros, le taux de croissance des primes émises est de 75% entre 2016 et 2017. Aux Etats-Unis, l’assureur santé Oscar également lancé fin 2013 réalise un chiffre d’affaires de 185 millions d’euros et a une capitalisation boursière de 727 millions d’euros. Ce qui laisse penser qu’il existe une importante marge de progression pour nos start-up nationales.

Ces futurs grands noms présentent toutefois tous la caractéristique d’enregistrer des résultats négatifs, ce qui pose pour certains la question de leur business model et même de leur pérennité. Pour rassurer les plus sceptiques, nous pouvons citer l’exemple de Metromile, assureur auto américain créé en 2011, qui a enregistré l’an dernier un résultat net positif de 9,27 millions de dollars. La rentabilité semble donc à terme un objectif atteignable. Mais il convient d’ajouter presqu’aussitôt que les jeunes entreprises se préoccupent peu de leur rentabilité. En réalité, elles sont davantage attentives à leur croissance. Les start-ups et les investisseurs semblent lancés dans une course à la licorne. La licorne désigne non pas l’animal mythique, mais la start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars. La croissance se doit d’être exponentielle.

En attendant, Axa enregistre pour l’année 2017 un résultat net de 6,2 milliards d’euros, Generali présente de son côté un résultat net de 2,1 milliards d’euros, avec un chiffre d’affaires qui avoisine les 100 milliards d’euros pour le premier (98,5 milliards d’euros). A la lecture de ces chiffres, on comprend bien que la compétition est encore très inégale et que la route est encore longue. Peut-être que les compagnies d’assurances ont plus à apprendre qu’à perdre des Insurtechs… et à craindre des GAFA. Souvenons-nous notamment de Google qui dans un passé récent s’est posé la question (à plusieurs reprises) du développement d’activités dans l’assurance. Les moyens technologiques et financiers d’un tel acteur économique sont incontestablement d’une autre dimension, suffisent-ils pour concurrencer des entreprises au savoir-faire centenaire ?

M