L’Astuce

Le surendettement des ménages continue de refluer

par | Mar 13, 2018 | Actualités

La Banque de France a publié son enquête annuelle sur le surendettement des ménages français pour 2017. Il s’agit d’une analyse comptable, statistique et géographique, réalisée chaque année à partir d’un important travail de collecte de données. Son évolution est un précieux indicateur sur l’état de santé économique des ménages. Nous vous restituons les principales informations de cette édition.

En 2017, 181.123 situations de surendettement ont été soumises aux secrétariats des commissions de surendettements. C’est en moyenne 343 cas pour 100.000 habitants, avec des disparités selon les régions : 214 pour la Corse, 249 pour l’Ile-de-France, et à l’opposé 506 situations en moyenne pour les Hauts-de-France.

La bonne nouvelle est que ce niveau général est en recul, pour la troisième année consécutive : -7% sur une année, et -22% par rapport à 2014. Cette évolution est la conséquence directe de la reprise économique en cours. Cette dette globale représente encore 7,232 milliards d’euros, un montant en recul de 3,1% en un an, et de 4,3% depuis 2012.

Ce reflux s’inscrit dans un contexte de hausse de la production de crédits immobiliers, ainsi que de crédits à la consommation. Selon le rapport , « en octobre 2017, le taux de croissance annuel des crédits à l’habitat des ménages s’établissait ainsi à 6,2 %, le taux de croissance annuel des crédits à la consommation lui étant même légèrement supérieur, à 6,5 %. » Dans ce contexte, il s’agit d’une réelle performance, qui illustre une amélioration économique, mais pas seulement. Il faut y voir également le rôle des crédits « bons marchés » qui permettent de se financer à bas prix, et de lisser dans le temps l’effort de remboursement que doivent supporter les ménages. Ce qui permet de réduire les défaillances. Il faut peut-être y voir aussi, du côté des distributeurs, des études de dossier, de solvabilité, plus poussées que par le passé. Une vigilance accrue qui résulterait d’une modification des comportements, héritage de la crise financière de 2008.

L’endettement moyen hors immobilier représente en moyenne 27.862 euros (+1,4% sur un an). Principale composante hors immobilier, les crédits à la consommation enregistrent entre 2012 et 2017 une « une baisse de 32,1 % de l’encours des crédits à la consommation entre 2012 et 2017, avec un nombre de situations concernées en repli de 22,9 % et un endettement moyen en recul de 12,0 %, à 20 459 euros ». Les dettes immobilières sont plus importantes et s’élèvent à 108.094 euros. Mais dans ce cas, le niveau d’endettement a progressé de 7.274 euros en cinq ans. Ce qui peut s’expliquer par la hausse continue des prix de l’immobilier, et de la baisse continue des taux d’intérêt qui a encouragé les ménages à accroître leur endettement. Dans ces catégories et sous-catégories, on retrouve d’importantes disparités régionales : la région des Hauts-de-France, considérée comme plutôt pauvre (par le nombre de dossiers) enregistre des endettements moyens inférieurs à la moyenne nationale : 24.576 euros d’endettement hors immobilier par exemple. Le rapport consacre une étude par région que nous vous recommandons d’étudier si vous souhaitez obtenir une analyse spécifique à un territoire la plus fidèle possible.

Au total, ces résultats en nette amélioration semblent indiquer que les ménages français bénéficient globalement de la reprise économique en cours. Ceux qui restent toutefois isolés, coupés du marché du travail, sont ceux qui souffrent encore durablement de la situation. Il faudra là apporter une réponse spécifique. Si les ménages français empruntent à taux fixe, spécificité de notre modèle, ce qui les protège de la volatilité des taux, le risque de remontée des taux d’intérêt, pourrait toute de même faire refluer la demande d’emprunts nouveaux. On le voit, le retour durable à l’emploi est la meilleure garantie devant le surendettement subi.

 

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