L’AMF vient de publier son baromètre annuel consacré à l’épargne et l’investissement. Il s’agit d’une enquête réalisée entre les 12 et 24 octobre 2017 à partir d’un échantillon de 1200 personnes, redressé selon le sexe, l’âge, la CSP, la région et le patrimoine financier. Ce travail a pour but de sonder l’opinion des ménages français à l’égard des produits financiers, et plus particulièrement de mesurer les préférences de ces derniers au regard de l’évolution de la conjoncture économique ou réglementaire.
Premier enseignement, la confiance n’est pas au rendez-vous puisqu’à cette date, les Français se disent majoritairement inquiets (34% contre 30% de confiants) de la situation économique et financière (sur les 12 prochains mois). Sans surprise, les jeunes et CSP+ ont une tendance naturelle à manifester leur optimisme, là où les retraités et inactifs se montrent pessimistes. Les dépenses de santé, les dépenses futures liées au grand âge demeurent des sources d’angoisse pour les sondés. Si bien que les motivations d’épargne, année après année, ne changent pas : faire face à un imprévu, préparer la retraite (priorité pour 7 épargnants sur 10), couvrir les dépenses de santé et celles liées à la perte d’autonomie, enfin la transmission. En ce qui concerne la retraite plus particulièrement, un actif sur deux la prépare, mais un seul sur cinq de manière régulière. Ceux qui ont épargné ne le regrettent pas, puisque 55% des retraités qui ont épargné estiment que leur épargne est suffisante. Une information qu’il conviendrait de transmettre aux 63% des 18-25 ans qui n’épargnent jamais ou quasiment jamais en vue de la retraite. Il est vrai que la démarche reste corrélée à l’âge.
Si les motivations d’épargne sont nombreuses, et bien que les Français soient reconnus pour leur capacité à épargner, un tiers (34%) seulement mettent de l’argent régulièrement de côté, et un sur deux (49%) de manière occasionnelle. L’épargne mensuelle moyenne de ces deux catégories représente la somme de 206 euros. Un chiffre qui masque de grandes disparités, 4% des Français épargnant régulièrement déclarent mettre plus de 1.000 euros par mois de côté. Ce qui illustre assez bien le fait que la notion d’épargne peut représenter différentes réalités, et en conséquence différents supports et stratégies. Au niveau de la « tendance », sur les douze derniers mois, 73% des sondés ont mis de l’argent de côté, contre 52% qui en ont retiré. Ce qui témoigne d’une dynamique d’épargne soutenue que l’on a vérifié dans nos travaux à la lecture des taux d’épargne des derniers mois. Ceux qui n’ont pas pu épargner, mettent en avant un manque de moyens (80%), des placements jugés « pas intéressants » (45%), ou la complexité de « placer » (40%), vient en dernier une préférence pour la consommation (28%). Les secondes et troisièmes motivations pourraient être « corrigées » par du conseil.
Il faut savoir que 95% des épargnants préfèrent gérer eux-mêmes leur patrimoine financier. Ils manifestent une aversion au risque que l’on pourrait croire innée tellement elle est généralisée. Ainsi quand on demande de définir un placement risqué, pour 76% d’entre eux c’est celui qui « fait perdre de l’argent », et pour 24% c’est même celui qui « ne fait pas gagner d’argent » !!! Sans surprise si on mettait à disposition des sondés 10.000 euros à placer, ces derniers plébisciteraient les Livrets d’épargne A et consorts (41%), les assurances-vie en fonds euros (28%), puis le PEL (26%), etc… Vous l’aurez compris la préférence pour des produits à capital garanti, pour la sécurité, est évidente. 52% des Français refusent même tout risque sur leur placement, bien qu’ils sachent que sa rémunération soit faible, 34% seraient prêts à accepter un peu de risque pour un meilleur rendement, et 4% une plus grande part de risque.
Pour les épargnants les actions sont jugées comme les produits les plus risqués avec les produits boursiers spéculatifs. Mais à l’heure de la réorientation de l’épargne, il ne faut pas perdre espoir. 22% des Français déclarent faire confiance aux actions, ils les jugent même comme une bonne idée dans une stratégie de long terme (48%) ou de diversification (56%). Le calendrier pourrait néanmoins poser davantage question puisque 28% des sondés estiment que le moment n’est pas propice aux actions, contre 11% seulement qui jugent le contraire. En tout cas, le taux de détention des actions est passé de 7,6% en 2016 à 8,7% en 2017, preuve d’un regain d’intérêt certain.