L’Astuce

Millenials et Xennials : des épargnants pas comme les autres ?

par | Déc 5, 2017 | Actualités

Nos enquêtes annuelles le confirment, les motivations d’épargne sont nombreuses et dépendent notamment de l’âge des individus comme du cycle de vie. Ainsi, si la constitution d’une épargne en vue d’un projet immobilier est la cinquième raison d’épargne des Français avec 11% de réponses1, ce niveau fait plus que doubler pour atteindre 27% chez les moins de 35 ans. Inversement, la préparation à la retraite (troisième raison d’épargne) qui récolte 20% des réponses de l’ensemble des Français double pour atteindre 40% chez les 45-59 ans.

Une récente étude intitulée Les investisseurs de demain2 réalisée dans le cadre du Salon Actionaria par Air liquide s’est intéressée aux  comportements d‘épargne et aux attentes des Millenials et Xennials. Les Millenials sont les générations nées entre 1984 et 2000. Les Xennials sont les générations nées entre 1978 et 1983. La somme des deux représente les personnes dont l’âge se situe entre 25 et 40 ans, soit 19,4% de la population française. Ils représentent une part non négligeable du marché de l’épargne puisque ces derniers sont des épargnants réguliers. Ce sont ainsi respectivement 69% et 68% des publics concernés qui épargnent de manière mensuelle, au travers de produits plutôt classiques. Plus des deux tiers ont ou ont détenu un Livret A, Livret jeune ou LDD. Le Livret A qui fêtera ses 200 ans l’an prochain, prouve une nouvelle fois que sa réputation de placement préféré des Français traverse les générations. Au-delà des caractéristiques et des performances récentes, on peut surtout y voir des raisons historiques et sociologiques. Viennent ensuite les Compte et Plan épargne logement. Ceci coïncide logiquement avec le désir des ménages d’accéder à la propriété, particulièrement à l’âge de l’entrée dans la vie active et de la constitution d’un foyer. Vient juste ensuite de très près : l’assurance-vie.

Globalement les produits cités ci-dessus correspondent à des produits considérés comme non risqués, relativement classiques. Nous pourrions en déduire que l’aversion au risque se transmet de père en fils et de mère en fille. Pourtant, une lecture plus détaillée de l’enquête nous apprend que 79% des 25 – 40 ans déclarent être susceptibles d’investir dans une  entreprise ou l’avoir déjà fait. Ainsi lorsque l’on sonde leur sensibilité au risque (selon 5 niveaux), la majorité vise un risque moyen pour un rendement moyen. Ce sont même 28% des Millenials et 23% des Xennials qui n’hésitent pas à envisager un risque supérieur pour une rentabilité plus élevée. Au-delà du couple classique risque/rendement, ces générations sont attachées à d’autres critères telles que les valeurs ou les projets portés par les entreprises qu’ils apprécient. Les plus jeunes (25-33 ans) ont davantage expérimenté le financement participatif ou Crowdfunding (26%) que les actions (23%). Ce qui ne se vérifie toutefois pas chez leurs ainés (33-40 ans) où les actions (30%) sont davantage plébiscitées que le financement participatif (20%). Ainsi, souhaitent-ils donner un sens à leur investissement, que leur épargne soit dédiée à un projet plus clairement identifié. Ils se montrent plus prompts à investir dans une GAFA (12% et 11%), une start-up (12% et 10%), ou une entreprise solidaire (12% et 10%), que dans une société cotée étrangère (6% et 4%).

S’ils n’excluent donc pas d’investir dans une entreprise, ces « jeunes » expriment des attentes nouvelles dans le choix de la destination de leur investissement. Cela ne va pourtant pas sans contradiction : comme nous l’avons vu au final ils ont surtout constitué une épargne conventionnelle et grand public. Ils reconnaissent volontiers une « méconnaissance de la bourse », et « des démarches à suivre pour investir », qui peuvent expliquer en partie ce comportement assez frileux. Quoiqu’il en soit, s’ils doivent s’informer, ils privilégient les professionnels pour cela : toujours selon l’étude citée, dans le cadre de conseils sur « les opportunités d’investissement », les jeunes sondés (Millenials et Xennials) plébiscitent en premier leur banquier (23% et 29%), puis un conseiller de gestion de patrimoine (23% et 18%), devant la famille (11% et 7%) et les amis (7% et 8%). Faut-il chercher du côté de l’offre ?

A l’heure du Robot Advisor, de la digitalisation, les professionnels du secteur doivent tenir compte des attentes, motivations et sensibilités de leurs clients dans leurs conseils (intermédiaires), mais aussi dans les multiples produits et supports existants ou qu’il reste à créer (assureurs et banques). Les bouleversements intervenus sur le marché de l’épargne tels que les nouveaux modes de consommation, la baisse des taux, les évolutions de la réglementation et de la fiscalité, peuvent être autant d’opportunités pour proposer des produits d’épargne toujours plus en adéquation avec les attentes du marché. Une révolution n’est peut-être pas nécessaire, selon l’étude, les principales raisons d’investissement des Millenials et Xennials dans des entreprises sont la préparation à la retraite (32% et 36%) et la performance de rendement supérieur à l’investissement traditionnel (33% et 33%). Finalement ces derniers ne sont peut-être pas si différents des autres épargnants.

 

1  Voir notre enquête 2017 sur notre site : https://www.cercledesepargnants.com/ 

2 https://www.airliquide.com/sites/airliquide.com/files/investissement-entreprise-jeunes-francais-quete-information.pdf

 

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