L’Astuce

La croissance au secours des retraites

par | Nov 28, 2017 | Actualités

Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) est un service du Premier Ministre qui a notamment pour mission d’étudier « les perspectives à moyen et long terme des régimes de retraite obligatoires » à partir d’hypothèses démographiques et économiques. Le COR, dans son rapport annuel intitulé Évolutions et perspectives des retraites en France et présenté au mois de Juin, annonçait une dégradation des perspectives de retour à l’équilibre du système des retraites français1. Ainsi, « le système serait déficitaire jusqu’en 2040 dans tous les scénarios », ce qui a suscité bon nombre de réactions parmi les observateurs politiques et économiques. Un débat s’est installé entre « pessimistes » et « optimistes » qui à la lecture du solde de la branche retraite des dernières Lois de Financement de la Sécurité Sociale voyaient le problème de financement des retraites réglé.

Dans les faits, cette « dégradation » avait à long terme une explication démographique, à savoir une diminution du solde migratoire, ainsi qu’une hausse de l’espérance de vie, en particulier des hommes. Des raisons économiques étaient également mises en avant, une baisse globale de la productivité et à court et moyen terme, des prévisions économiques pluriannuelles issues du programme de stabilité qui ne s’étaient pas vérifiées. Il convenait donc de corriger à la baisse ces prévisions, ce qui diminuait le niveau de ressources et repoussait la convergence vers les hypothèses de long terme des scénarios.

Dans les travaux présentés la semaine dernière2, c’est le mécanisme inverse que l’on constate. Ainsi, la croissance économique a pour effet à court terme d’améliorer la situation financière du système des retraites. Le besoin de financement pour 2020 ne serait plus de 0,4% du Produit Intérieur Brut (PIB), mais 0,1%, ce qui se traduirait par un déficit de 2,2 milliards d’euros contre 8,8 milliards initialement prévus. On mesure la sensibilité, et toute l’importance de la croissance économique dans le financement et la pérennité du système de retraite, c’est également vrai pour l’ensemble de la protection sociale française.

Toutefois, à moyen et long terme, pas de miracle ! A partir de 2022 les besoins de financement augmentent à 0,3 point de PIB par an, à la fin de la décennie c’est même 0,5% (11 milliards d’euros). A cet horizon, même le niveau de croissance le plus important retenu, soit 1,8%, ne permet pas de contrer les puissants effets démographiques à l’œuvre et d’assurer un équilibre budgétaire. Dans le meilleur des cas (1,8% de croissance), l’équilibre intervient en 2037. Dans le scénario opposé, avec un taux de croissance de 1%, c’est 1% de PIB qu’il faudrait alors mobiliser pour combler les déficits, soit 22 milliards d’euros.

La prochaine réforme des retraites qui se veut être une modification de l’esprit du système doit initialement épargner les paramètres techniques que sont l’âge de départ à la retraite, la durée de cotisation et le taux de cotisation. A la lecture des prévisions de long terme, la question de l’évolution de ces derniers reste toutefois posée. Même si ce rapport, à court terme, offre de nouveaux arguments aux « optimistes » et une marge de manœuvre plus importante à l’exécutif. Enfin, et c’est probablement le pari du Président de la République, l’avenir du système des retraites, de la protection sociale, se joue peut-être ailleurs, dans l’ensemble des réformes lancées ou à venir qui permettront d’améliorer la compétitivité et la croissance, la meilleure réponse à la question de la pérennité de ces systèmes auxquels les Français sont très attachés et qui constitue le premier pilier de leur retraite.

1 https://www.cercledesepargnants.com/retraites-lequilibre-financier-a-nouveau-differe/

2 http://www.cor-retraites.fr/article501.html

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