Enquête après enquête – nous l’avons encore constaté lors de notre dernier baromètre sur les Français, l’Epargne et la Retraite1– il se dégage certaines constantes dans la représentation de la retraite. Parmi celles-ci, l’inquiétude manifestée par les Français quant à leur future retraite. Cette angoisse est motivée par une logique économique et financière, les Français craignent tout simplement de manquer d’argent une fois arrivés à la retraite (79% dans notre étude). Une peur alimentée par une situation démographique (vieillissement de la population), ainsi que par la santé financière du système de protection sociale dans son ensemble (déficits récurrents de la sécurité sociale).
C’est ce qu’illustre également le récent sondage réalisé par Blackrock. Cet important gestionnaire d’actifs vient de présenter son 5ème « Global Investor Pulse2 ». Pour réaliser cette étude, ce ne sont pas moins de 28.000 personnes dans 18 pays qui ont été interrogées. L’objectif est de capter ce que pensent de leur futur financier, les personnes âgées de 25 à 74 ans. En ce qui concerne la France et plus particulièrement les retraites, nous citons l’enquête : « les investisseurs Français craignent de manquer de ressources financières pour leur retraite ». On pourrait dès lors imaginer que face à cette angoisse, bon nombre de mesures individuelles sont prises pour y répondre.
Pourtant, si les Français sont inquiets, le nombre de ménages qui développe en réponse des initiatives personnelles (épargne dédiée) reste limité. Seulement 45% de la population consacre une part de ses ressources financières pour leur retraite, un chiffre en recul de 7 points et « qui constitue le plus faible niveau en Europe». C’est le second constat déjà réalisé dans notre baromètre. Dans ce dernier, le résultat était de 50%. Il semble donc en léger recul, et indique que si les Français ont conscience de la problématique du financement de leur retraite future, ils ont encore du mal à prendre la responsabilité individuelle de s’y préparer.
Les raisons mises en avant sont l’absence de moyens financiers (48%), d’autres priorités (24%), etc… A ces moyens, nous pouvons aussi pointer du doigt une dimension culturelle. 50% des Français considèrent que l’État est responsable du revenu qu’ils toucheront à la retraite (plus haut niveau d’Europe). Ce qui traduit la dimension « publique » de notre système de retraite dans la représentation des ménages Français. Ces derniers ont du mal à imaginer un autre modèle que le modèle actuel de retraite par répartition auquel ils sont particulièrement attachés.
Autre point, qui tient surtout au comportement intrinsèque de l’épargnant français et aux produits proposés, les supports se veulent liquides. Selon l’étude, les actifs détenus comprennent 59% de liquidités (avec Livret A), 18% d’assurances-vie en fonds euro, 9% en investissement immobilier… De la liquidité, mais aussi de la sécurité, les supports utilisés pour préparer l’avenir sont sans surprises : des comptes épargne (26%), des produits d’assurance (20%) ou de simples économies (19%), autant de produits qui répondent à un besoin de sécurité et qui en conséquence offrent des rendements assez limités.
Un pessimisme persistant qui semble ignorer les indicateurs économiques conjoncturels. La croissance du Produit Intérieur Brut attendue pour cette année est de 1,8%, en augmentation après 1,1% pour 2016. Nous savons que notre modèle de protection sociale (financement) est hautement sensible au niveau de croissance du PIB. Voilà donc un résultat prometteur qui devrait rassurer les ménages. Ce n’est pas encore le cas. Il faudra plus, dans la durée, pour faire face aux défis à venir, c’est le constat réalisé par les Français.
1 https://www.cercledesepargnants.com/sondage-2017-francais-lepargne-retraite/
2https://www.blackrock.com/fr?siteEntryPassthrough=true&locale=fr_FR&switch=y&userType=intermediaries