L’Astuce

Point macroéconomique

par | Juin 6, 2017 | Actualités

Tous les semestres, nous vous proposons un point macroéconomique et de conjoncture.

France : se réformer dans un contexte économique global plus porteur

L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République a fait disparaître le risque d’une crise systémique qui pesait non seulement sur la France mais sur l’ensemble de la zone euro. Ceci s’est traduit par le resserrement des écarts de rendement entre les dettes française et allemande, dès le lendemain du premier tour de la présidentielle puis un peu plus après le 3 mai.

La crainte de voir la France opter pour une sortie de l’euro avait tenu certains investisseurs à l’écart de la zone euro. Depuis, les analystes semblent penser que le risque politique a traversé l’Atlantique. En effet :

Pour la France, quelle que soit l’issue des élections législatives de juin, elle ne devrait pas remettre en cause l’appartenance de la France à la zone euro et cela même si le Président et le gouvernement ne disposaient pas d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale. En Europe, l’Allemagne renouvelle son Parlement le 24 septembre prochain. Les récents progrès du parti de la Chancelière Angela Merkel, la CDU, dans les sondages et lors d’élections régionales, laissent présager d’une nouvelle victoire qui rassure les marchés.

En revanche, aux Etats-Unis, les déboires politiques de Donald Trump s’accumulent, tandis que son Administration peine à mettre en œuvre les promesses budgétaires et fiscales du Président. La déception des marchés face à ces évènements s’est traduite par un repli du dollar contre toutes les devises et notamment l’euro qui s’établit désormais à plus de 1,11 USD, contre 1.04[1] en décembre dernier.

L’économie globale donne des signes concordant de renforcement :

  • Au premier trimestre l’économie européenne a crû plus vite que l’économie américaine (1,7% sur un an, contre 1,2%).
  • La Chine a connu un début d’année un peu meilleur qu’attendu et à la veille de la tenue du Congrès du PCC cet automne, les autorités restent déterminées à tenir le cap d’une croissance de l’ordre de 6,5%.
  • Comme nous l’avions signalé en fin d’année, l’Inde, la Russe et le Brésil, connaissent une nette amélioration de leur conjoncture, ces derniers pays amorçant une sortie de récession.

Au total la croissance mondiale devrait approcher les 3,5% cette année (prévision du Fond Monétaire International), par rapport à 3,0% en 2016, soutenue entre autres par une amélioration du commerce mondial. Les Etats-Unis pourraient croître de plus de 2,0% cette année contre 1,6% l’an passé. La zone euro devrait connaître une croissance encore légèrement inférieure à 2,0% mais soutenue cette fois-ci par une meilleure activité en France (près de 1,5% contre seulement 1,1% en 2016) et en Italie (plus de 1,0% attendus cette année). L’Allemagne qui est au plein emploi, devrait continuer de tirer l’activité de ses partenaires européens grâce à une bonne dynamique de la consommation intérieure.

Les indices de confiance des entreprises comme ceux des ménages se situent partout à des niveaux élevés. Les pressions inflationnistes du début d’année restent contenues à la remontée des prix du pétrole depuis l’automne dernier et ne devraient pas peser durablement sur les prix finaux. Là où les capacités de productions sont encore en excès, la hausse des prix reste contenue.

Ceci permet aux banques centrales d’amorcer en douceur la normalisation de leurs politiques monétaires. Ainsi, on voit que si la Réserve Fédérale des Etats-Unis entend bien poursuivre sur le chemin de la normalisation de sa politique monétaire, elle pourra agir de manière très progressive et modérée, afin de limiter tout choc de crédit brutal. L’absence – ou le retard – de mise en œuvre d’une politique budgétaire agressive de dépenses et de réductions d’impôts, lui permet d’agir de la sorte.

De son côté, et malgré l’embellie constatée, la Banque Centrale Européenne, n’entend pas accélérer le pas et maintient le cap de sa politique monétaire ultra accommodante d’ici le début de l’année prochaine. Il en est de même pour la Banque du Japon.

La France bénéficie donc d’un contexte économique plus porteur au moment où son nouveau Président entend l’engager sur la voie de l’approfondissement des réformes du code du travail, de la santé et des retraites notamment. L’emploi progresse et le taux de chômage a reculé ces derniers mois. L’investissement des entreprises a été soutenu jusqu’au printemps par les mesures exceptionnelles d’amortissement des équipements. Cette conjoncture semble la plus propice à la mise en œuvre de mesures permettant de rattraper les retards accumulés : le taux de chômage français vient de retomber à 9,3% pour la première fois depuis 2012. Le chômage des jeunes et de longue durée reste parmi les plus élevés d’Europe. Nos déficits publics sont encore supérieurs à 3%, et la dette continue de progresser. Si la France, comme ses voisins profite de la dynamique extérieure (hors Europe) pour exporter, elle est en revanche en déficit vis-à-vis de ses principaux partenaires de la zone euro.

Que peuvent attendre les épargnants ?

Le contexte boursier reste globalement porteur : depuis le début de l’année, les principaux marchés boursiers mondiaux progressent et pour certains rattrapent leur retard. L’indice français CAC40 a gagné un peu plus de 9% depuis le début de l’année. Alors que la perspective de remontée des taux directeurs devrait peser sur les marchés obligataires, les rendements des grands Etats sont encore peu affectés : le taux de référence américain à 10 ans s’établit à 2,07% contre près de 2,20% en mars dernier[2]. Après un pic à 1.13% en mars dernier, le taux de l’emprunt d’Etat français à 10 ans est revenu à 0.74%[3]. Dans ce contexte, les placements obligataires n’offrent pas de perspectives de rendements nets positifs (l’inflation est à 1,2% sur un an en avril 2017). Une crainte émerge néanmoins : certains secteurs de l’immobilier résidentiel et de bureau ont connu des croissances fulgurantes attisée parfois par une pénurie de l’offre. La hausse excessive des prix pourrait finir par affecter un marché où les emprunteurs se trouveraient fragilisés.

 

[1] Taux indicatifs relevés au 30 mai 2017 (source Bloomberg).

[2] Taux indicatifs relevés au 30 mai 2017 (source Bloomberg).

[3] Taux indicatifs relevés au 30 mai 2017 (source Bloomberg).

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