La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) est un organisme qui gère la retraite de base des salariés du secteur privé. Elle représente à peu près 17,6 millions de cotisants et verse 112,9 milliards d’euros de prestations par an, ce qui fait d’elle un acteur de taille. La direction des statistiques de la CNAV vient de publier un communiqué de presse présentant le bilan de l’année 2016. Elle livre un grand nombre d’informations au sujet de ses pensionnés, ce qui permet notamment de mesurer l’évolution du nombre de retraités.
Au 31 décembre 2015, pour la première fois, le nombre de bénéficiaires d’une retraite personnelle dépassait le seuil des 13 millions. Soit précisément 13 041 056 retraités de droits directs, et même 13 854 832 si l’on retient les droits dérivés1. Pour 2016, il s’agit d’un nouveau record, puisque ce sont désormais plus de 14 millions de retraités pensionnés au régime général. Pour être précis c’est « seulement » 13 223 756 retraités au titre de droits directs (+1,4%), mais ce chiffre passe à 14 024 638 retraités en prenant en compte les retraités de droits dérivés (+1,2%).
Si le record est battu, il faut souligner un léger tassement du nombre de nouveaux arrivés en retraites. En 2015, sur un an on enregistrait une hausse de +3,3 %, soit 656 944 nouvelles retraites personnelles (droits directs). En 2016, le nombre d’attributions est en baisse de -6,6% à 613 506. Selon la CNAV, elle s’explique : « essentiellement en raison du recul de l’âge légal à 62 ans ». Cette mesure, probablement la plus emblématique des mesures décidées et votées dans le cadre de la réforme de 2010 produit ici ses effets. Elle limite et retarde l’arrivée de nouveaux retraités. Elle remplit ainsi sa mission, c’est-à-dire ralentir la hausse du nombre de pensions versées, augmenter la période de cotisations, pour améliorer le solde financier du système des retraites.
On relève également une légère augmentation de l’âge moyen des retraités, celui-ci se situe désormais à 73,9 ans. Pour rappel le niveau d’âge moyen était de 73,8 ans en 2015 et 73,6 ans en 2014. Ce dernier ne cesse de croître, illustrant l’allongement de l’espérance de vie des Français, et par la même occasion la hausse future du nombre d’années passées en retraite. Une tendance qui se retrouve notamment dans les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites. Tout ceci n’est pas neutre :
- Pour les finances publiques à travers la question du financement des retraites, du système de santé et de la dépendance.
- Pour l’économie toute entière, car cela implique également un profond changement de paradigme, des modifications économiques (croissance potentielle) et socio-culturelles.
Parmi les autres informations relevées par la CNAV, on peut noter le léger recul du nombre de départs en retraite anticipée pour carrière longue, à savoir 167 659 contre 171 557 en 2015 (-2,27%). Autre phénomène remarquable, la retraite progressive est elle au contraire en forte croissance : 11 561 personnes en retraite progressive2 en 2016 contre 5 208 un an plus tôt. Ce qui reste toutefois pour le moment relativement marginal.
Le montant de la retraite de base est de 1041 euros par mois, contre 1037 euros en 2015, un chiffre en légère hausse. Si cette augmentation peut paraître faible pour le public concerné, il convient de rappeler que l’année 2016 est une année d’inflation quasiment nulle.
Le nombre de retraités est de plus en plus important, les réformes, même si elles ralentissent le rythme d’arrivée en retraite, ne peuvent compenser la réalité démographique qui est la nôtre et ses effets. Notre population est bien en train de vieillir, le nombre de retraités prend une part plus importante dans la population totale. Les dépenses de prestation représentent en 2016 112,9 milliards d’euros, en hausse de +2,1% (contre +2,3% entre 2014 et 2015), soit un rythme de progression bien supérieur au taux de croissance de l’économie française. Les chiffres de la CNAV ne font que confirmer que si l’allongement de l’âge de départ à la retraite est une des solutions les plus efficaces, la question de la pérennité du régime général des retraites n’est pas encore assurée, même après la réforme de 2010.
1 Les droits dérivés servis au régime général sont des pensions de réversion de veufs et veuves.
2 Système permettant d’aménager la transition vers la retraite en réduisant à temps partiel son activité tout en continuant à cotiser, voire à surcotiser, avant la liquidation complète de la retraite.