Dans son bulletin économique de mars, la Banque Centrale Européenne (BCE) a présenté des statistiques sur les actifs des assureurs européens qui permettent de juger du poids du secteur dans notre économie. Vous pourrez retrouver le détail de ces éléments dans le chapitre intitulé « Nouvelles statistiques de la zone euro sur les sociétés d’assurance* ».
Pour rappel, les assureurs collectent des fonds auprès de leurs assurés au travers des différents produits et services qu’ils distribuent. Il s’agit du total des primes que les assurés versent pour se couvrir. Les compagnies ne se contentent pas uniquement de prélever une prime d’un côté, pour la rendre en prestation de l’autre. Fortes de ces fonds qui leurs sont confiés, les sociétés d’assurance investissent ces sommes dans différentes catégories d’actifs, c’est-à-dire des placements financiers ou immobiliers. Ce faisant, elles cherchent à valoriser les actifs qu’elles détiennent en trouvant des supports d’investissement offrant le meilleur rapport risque/rendement pour leurs assurés. Parmi les actifs financiers, on trouve bien souvent des obligations d’Etat. Leur rendement n’est certes pas le plus élevé, surtout ces derniers temps. Elles offrent en revanche des maturités proches des contrats proposés par les assureurs à leurs assurés, c’est le cas notamment de l’épargne retraite, ce qui permet, en bonne gestion, de faire coïncider les maturités à l’actif comme au passif. Lorsqu’il s’agit d’actions, celles-ci sont supposées fournir davantage de rendement, mais elles constituent un risque plus grand. Les compagnies d’assurances se doivent de l’apprécier et de prendre en compte ce risque dans leurs portefeuilles. Et enfin, la troisième grande catégorie, l’immobilier garantit lui aussi un rendement qui est le loyer. Ces actifs répondent à des risques, des performances et des niveaux de liquidités différents. Combinés, ils ont pour but de générer les ressources qui permettront de servir les prestations futures. C’est-à-dire la capacité des assureurs à tenir leurs engagements vis-à-vis des assurés. Au final, le niveau d’actifs global, va en partie nous renseigner sur le niveau de solvabilité des compagnies européennes, sur leur bonne santé économique.
On apprend donc qu’au troisième trimestre 2016, l’actif des assureurs européens représente 11% de l’actif total des actifs financiers dans la zone euro, ce qui en fait selon le document un « sous-secteur de taille ». Mieux encore, les compagnies d’assurance ont connu une croissance soutenue dans les dernières années. Une dynamique qui est réconfortante pour le secteur, les compagnies d’assurance continuent de voir leurs actifs augmenter. Le risque, dans un contexte de taux faibles, aurait été de voir les compagnies être forcées de vendre leurs actifs pour servir les prestations. Au final, cette croissance des actifs a permis d’atteindre le niveau de 7.900 milliards d’euros au troisième trimestre de 2016. Pour illustrer l’importance de ce chiffre, cela représente 74% du Produit Intérieur Brut annuel de la zone euro.
Autre bonne nouvelle : la qualité des données. La BCE se félicite de publier des statistiques harmonisées sur l’assurance, elle insiste notamment sur « la couverture et la granularité ». Cela s’explique en grande partie par la réforme réglementaire Solvabilité II, qui vient entre autre consolider les « exigences en matière de rapports statistiques et de surveillance ». Ainsi, la vigilance accrue du régulateur, nous parlons ici de l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA), permet d’obtenir des informations plus précises. Il en ressort également une harmonisation des données qui facilite l’appréciation de la qualité des actifs détenus. Par le passé, la BCE avait recours aux estimations lorsque les données réelles n’étaient pas disponibles.
Au final, malgré la crise, malgré la baisse des taux, les compagnies d’assurance restent des acteurs de premier plan dans la collecte de l’épargne, sa gestion et la ventilation de l’actif, qui in fine alimente notre économie. Ces acquis restent néanmoins toujours à consolider car si la période est plutôt « propice » à la bonne valorisation des actifs (hausse de la bourse, marchés immobiliers notamment) les assureurs se doivent de rester toujours vigilants dans la gestion des fonds dont ils ont la charge face aux fluctuations des marchés.
*https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/ecbu/eb201702.en.pdf?c607f4fc0583207b816facc6e0d1baf3