Avec Brice Teinturier, de l’institut Ipsos, nous avons présenté la semaine dernière les résultats de notre enquête annuelle portant sur « Les Français, l’épargne et la retraite ». Il s’agit de la 15ème édition de notre baromètre. Comme à notre habitude, nous avons sondé les Français sur leur compréhension et ressenti des thématiques d’épargne et de préparation à la retraite. Nous avons obtenu des informations précieuses, pour nous aider dans notre travail de compréhension et d’information, des dynamiques d’épargne. Mais pas seulement, puisque cette édition présente également des questions liées à la retraite dans une dimension sociétale. Nous vous restituons les principaux enseignements de cette enquête. Pour obtenir l’intégralité des résultats vous pouvez consulter le rapport complet sur notre site (https://www.cercledesepargnants.com/sondage-2017-francais-lepargne-retraite/).
Comme lors des précédentes enquêtes, les français se montrent inquiets pour leur retraite : ils sont six sur dix (60%) à exprimer ce sentiment. Le niveau est comparable à celui des années passées, en dehors de 2016, année particulière, marquée par des épisodes de terrorisme qui ont pu déplacer le centre des préoccupations. Cette peur ne réside pourtant pas dans le passage à la retraite en tant que telle, puisque pour la majorité des Français, la retraite est synonyme de « nouvelle vie » et de « loisirs ». Ils ont donc une vision positive de cet événement. La raison de cette crainte est avant tout pécuniaire : 79% des sondés ont peur de manquer de revenu à la retraite. Il faut dire que cette angoisse n’est pas infondée, puisque les projections du conseil d’orientation des retraites nous rappellent régulièrement que le problème de financement des retraites que nous connaissons est un sujet qui ne sera pas réglé à moyen terme, sauf réforme ou retour d’une croissance économique suffisante (supérieure à 1,3%). Par conséquent, à situation constante, face à la poussée démographique que nous connaissons, les pensions sont menacées d’une baisse prolongée. Les Français l’ont compris, puisque 87% sont inquiets quant à l’avenir du système.
Un système des retraites auquel ils sont attachés et qu’ils aimeraient voir perdurer, et sauvé. Par la classe politique ? La réponse est difficile. S’ils estiment à 65% qu’on ne parle pas assez des retraites dans la campagne présidentielle. Ils méconnaissent globalement les propositions des candidats. Mais lorsqu’on les interroge sur les éventuelles dispositions à mettre en place, ils se montrent opposés à une majorité écrasante (59% et 80%) à toute proposition de réforme qui concernerait la baisse des pensions, ou la hausse de l’âge de départ en retraite.
Cette inquiétude exacerbée serait-elle le résultat de l’ignorance ? En effet, 71% des actifs avouent ne pas connaitre le montant qu’ils toucheront à la retraite. Et pourtant six actifs sur dix estiment qu’ils ne disposeront pas de ressources financières suffisantes à la retraite. Le manque de transparence, la complexité et la multiplicité des régimes, n’aident pas les Français à juger au mieux de leur situation future. Mais cette peur tenace n’engendre pas pour autant des réactions escomptées ou appropriées. Puisque dans le même temps, seul un actif sur deux épargne en vue de la retraite. La propension à épargner est toujours assez forte, ainsi 47% des Français pensent qu’il vaut mieux mettre de côté et épargner au cas où, ou pour l’avenir, plutôt que de dépenser. Mais cette volonté d’épargner est d’abord motivée par la précaution, l’entraide envers ses descendants et enfin la préparation à la retraite.
L’assurance-vie reste le placement préféré des français : 36% jugent qu’il s’agit du meilleur produit d’épargne, devant le PEL et le Livret A. Cette proportion s’élève même à 51% parmi les retraités. Le produit est tout particulièrement plébiscité dans le cadre de la préparation à la retraite, ce qui est normal du fait qu’il répond le mieux à la constitution d’une épargne de long terme sécurisée.
Au total, 35% des actifs citent l’assurance-vie comme le meilleur placement de préparation à la retraite, vient ensuite le Livret A, très loin à 7%. Un Français sur deux possède une assurance-vie ; elle est également en tête des intentions de souscription. De tels chiffres ne peuvent que rassurer sur la dynamique de marché dans les mois à venir, et ce malgré la baisse des taux enregistrée. Une baisse des taux des produits d’épargne dont les Français ont conscience à 83%. Elle a en conséquence modifié le comportement des ménages. Elle incite presque un Français sur cinq (18%) à investir dans l’immobilier, 13% à épargner sur des placements mieux rémunérés, quitte à ne pas toucher à leur argent pendant quelques années, 6% à moins épargner. C’est un changement d’objectifs, de stratégies, de produits, de durée de détentions qui peuvent avoir leur importance sur les marchés dans les mois à venir. Pour 2017, 22% des Français déclarent compter puiser dans leur épargne pour soutenir leur consommation, un chiffre en hausse de 7 points sur une année, 30% pour les seuls retraités. Le moral des ménages s’améliore, grâce à l’emploi, mais aussi dans un contexte d’attentisme électoral et de remontée des prix, qui favorisent une préférence pour la dépense.