L’Astuce

Avenir du système de santé : l’inquiétude croissante des Français

par | Fév 28, 2017 | Actualités

Harris Interactive vient de publier les résultats d’un sondage réalisé entre le 30 janvier et le 7 février, portant sur les attentes des Français en matière de Santé. Il s’agit d’un sondage commandé par la Mutualité Française, fédération qui regroupe 426 mutuelles santé. Nous vous en restituons les principaux enseignements.

Première information, les Français ont une bonne image de leur système de santé. Ils sont 61% à considérer que le « système fonctionne bien ». De plus, ils restent très attachés à notre modèle. Observation que partage la Mutualité Française, nous la citons : « les Français sont très attachés à la Sécurité sociale et ne sont pas prêts à remettre en cause les principes ». S’ils sont majoritairement satisfaits, ils ne sont pas pour autant avares de critiques. Lorsqu’on les interroge sur l’évolution du fonctionnement du système sur ces cinq dernières années, ils sont 46% à penser que « le système fonctionne moins bien ». A l’opposé, seulement 11% des sondés pensent qu’il s’est amélioré.

De plus, les français sont très inquiets : plus de deux sur trois sont pessimistes pour l’avenir du système de santé (68%). Ils pensent très majoritairement (68%) que les soins seront moins bien remboursés par la sécurité sociale (seulement 9% pensent le contraire) dans l’avenir. En fait, c’est notre droit à « la protection de la santé »*, avec son caractère universel et solidaire, tel qu’il existe depuis l’après-guerre, qu’ils redoutent de voir disparaitre ou du moins se dégrader. Les déficits récurrents de la sécurité sociale, l’absence de solution structurelle permettant un retour à l’équilibre, ont entamé la confiance des Français. Ils sont 73% à estimer que les déficits peuvent remettre en cause l’avenir de la sécurité sociale, et 85% à juger le déficit de la sécurité sociale élevé.

Que faire ?

Pour les Français, la réduction du déficit de la sécurité sociale passe par une meilleure organisation du système de santé (89%), à savoir les coopérations entre professionnels de santé, entre médecine de ville et hôpitaux, etc…, suivi de très près (88%) par davantage de contrôles contre les fraudes et les abus, puis par le développement d’actions de prévention (83%). Inversement, la diminution du remboursement, la limitation d’actes médicaux, l’augmentation de l’imposition, des taxes et cotisations sociales sont moins bien accueillies.

Notre système de santé continue d’accumuler des déficits, et cette question se retrouve au centre des préoccupations des électeurs à la veille de la Présidentielle. La difficulté de la réforme est bien sûr de concilier des aspirations en apparence contradictoires avec le poids croissant du coût des soins lié au vieillissement de la population et à la mise sur le marché de thérapies de plus en plus couteuses.

Les économies citées par les sondés, en quelque sorte « acceptables », seraient-elles suffisantes pour contrer la hausse naturelle du coût des soins ? Quand on analyse les réponses faites, l’équation budgétaire semble inchangée. Les sondés proposent certes des économies, mais d’un autre côté ils sont favorables à de nouvelles mesures. Ils sont 93% à souhaiter l’augmentation du nombre de médecins en zone rurale, 60% à le souhaiter également en ville, 58% à estimer que la dépendance devrait être prise davantage en charge par la sécurité sociale, etc… Toutes ces nouvelles dépenses devront être financées, ce qui semble exclu, ou alors compensées, ce qui est visiblement plus « négociable ».

Nous identifions deux pistes de réflexion :

  • Les Français plébiscitent le développement de la prévention, la sensibilisation autour de l’hygiène de vie, etc… A titre d’exemple, 92% des sondés sont favorables aux actions de dépistage précoce de maladies.
  • En ce qui concerne l’utilisation des nouvelles technologies, les Français devront vaincre leur réticence. Selon l’enquête, ces derniers sont majoritairement défavorables à la consultation d’un médecin traitant à distance (via connexion internet), même chose pour un médecin spécialiste, à l’accompagnement des personnes en situation de dépendance par des robots, ou encore le monitoring dans le cas des maladies chroniques.

Les principaux candidats à la présidentielle, appelés à se prononcer sur ces sujets, savent combien la question de la couverture des soins reste la préoccupation centrale des français ainsi que leur attachement au système de santé. Toute économie de remboursement est particulièrement mal perçue. Mais à système inchangé, la contribution des cotisations telles qu’elles sont organisées n’y suffira plus. Il va devoir être difficile de passer outre la remise à plat du financement du système d’une part, l’appel à de nouvelles technologies (qui peuvent réduire les coûts de fonctionnement, et améliorer les diagnostics et le suivi des patients), envisager des réorganisations.

Face aux besoins de financement croissants, les ménages devront fournir des efforts supplémentaires, pas nécessairement ou uniquement financiers. Il convient plutôt de faire évoluer notre approche de la santé. Cela s’accompagne par davantage de pédagogie, notamment sur la question de l’utilisation des nouvelles technologies dans le parcours de soins, mais aussi dans les fonctions supports. Les Français sont prêts à en débattre, ils sont 72% à penser que les candidats à la Présidentielle ne parlent pas assez de la santé.

 

 

* Préambule de la Constitution de la IVème République

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