L’Astuce

Assurance-vie 2016 : quel millésime ?

par | Fév 7, 2017 | Actualités

Le bouleversement du contexte économique observé ces dernières années marqué par une croissance faible et une inflation quasi-nulle, ainsi qu’une politique monétaire exceptionnellement accommodante pour faire face à la crise financière (taux directeurs et rendements négatifs ou proches de zéro), ont contraint les ménages à reconsidérer leur stratégie d’épargne. Ce fut parfois difficile, comme l’illustre parfaitement le phénomène d’accumulation d’argent sur les dépôts à vue.

Les produits dits réglementés, dont les rendements dépendent en partie de l’inflation, ont vu leurs taux s’effondrer, décourageant ainsi bien souvent les épargnants. Dans les faits cela s’est traduit par le désamour pour le Livret A observé en 2015, puis (fin 2016) par la perte d’engouement pour le PEL, suite à son abaissement à 1%. Ce produit avait bénéficié jusqu’à la décision d’août 2016 du désintérêt pour le Livret A. Pour l’année écoulée, le bilan du PEL reste toutefois positif, ce qui s’explique par les anciennes générations de contrat qui « boostent » son taux moyen de rémunération : 2,74% (décembre 2016).

Les produits dont les rendements sont dictés par le marché ont vu leur performance diminuer mécaniquement. Dans le cas des livrets bancaires traditionnels, la baisse fut rapide. Lorsque l’on ajoute à cela le fait que ces produits sont fiscalisés, l’intérêt de ces derniers disparaissait quasiment entièrement. Du fait du niveau des taux, ils offrent même actuellement des rendements inférieurs au niveau de l’inflation. En ce qui concerne les assurances-vie qui elles aussi dépendent des lois du marché, les effets produits sont plus longs, de par la spécificité du produit et des acteurs concernés (les assurances), il existe une sorte de lissage dans le temps. La rémunération des assurances-vie diminue, mais graduellement, ce qui est accepté plus aisément.

Dans ce contexte de marché pas particulièrement favorable, l’assurance-vie a bien résisté, puisqu’elle enregistre 134,7 milliards d’euros de cotisations sur l’année 2016 après 135,5 milliards de collecte en 2015, une très modeste décrue au regard du contexte général. Dans la répartition entre fonds euros qui offrent une garantie de capital, et les unités de compte qui sont traditionnellement réputées plus rémunératrices, la ventilation est stable, soit près de 20% des cotisations pour les UC, 27,1 milliards d’euros.

2015, 2016 même millésime ? Pas tout à fait. Pour appréhender au mieux la situation, il faut se pencher sur le solde de la collecte nette, c’est-à-dire les cotisations moins les prestations versées. En 2016, les sociétés d’assurance ont versé 117,9 milliards d’euros de prestations, la collecte nette est donc de 16,8 milliards d’euros, contre 23,6 milliards en 2015. Par conséquent, le résultat est ici moins flatteur, puisque que le solde s’est dégradé de 29% en une année.

La baisse des rendements justifie-t-elle à elle seule ce résultat ?

Sur les fonds en euros on estime que la baisse de performance devrait se situer aux alentours de -0,4% ou -0,5% sur l’année. Cette baisse pourrait faire passer en dessous de 2% la rémunération des assurances-vie en fonds euros. Nous précisons bien en fonds euros, les performances des contrats avec unités de compte enregistrent généralement de meilleurs résultats. Avec 2%, bien qu’en diminution, l’assurance-vie reste supérieure aux autres produits d’épargne classique, notamment les produits réglementés. A titre de comparaison le taux du Livret A vient d’être maintenu à 0,75% au 1er février dernier. Avec 2%, l’assurance-vie est toujours mathématiquement au-dessus du Livret A et ses 0,75%. Attention toutefois à ne pas trop s’approcher d’un seuil psychologique qui provoquerait un désintérêt plus grand de la part des épargnants, comme ce fut le cas pour le Livret A lorsque son taux a cassé le seuil des 1%.

Mais on ne peut pas s’arrêter à la seule performance du produit. L’assurance-vie offre également un cadre réglementaire attractif, un cadre fiscal avantageux et une garantie en capital. C’est peut-être la peur d’une remise en cause de cette garantie, lors des débats autour de la discussion de la loi Sapin II (https://www.cercledesepargnants.com/assurance-vie-retour-loi-sapin-ii/), qui a pu ébranler la confiance envers le produit et expliquer une moindre performance entre les deux années. Quand on observe les niveaux de collecte nette mois par mois, on enregistre une collecte négative en septembre, la première en 32 mois. Si la période est traditionnellement peu propice à l’épargne, la différence entre les niveaux collectés fin 2015 et fin 2016 interpelle. Lorsque l’on totalise les quatre derniers mois de 2015 on obtient 7,3 milliards d’euros de collecte nette contre 1,1 milliard en 2016.

2016 est une année positive pour l’assurance-vie. Bien que l’assurance-vie ne porte pas le surnom de « placement préféré des Français », elle n’en demeure pas moins le produit le plus prisé. Ses encours atteignent 1632 milliards d’euros, en progression de 3% sur l’année. Les acteurs du secteur se veulent confiants pour l’année à venir. Ainsi, PAIR Conseil dans le dernier Cahier de l’Epargne table sur une collecte nette proche de 20 milliards pour l’année à venir. Cela dépendra néanmoins de l’évolution de son rendement moyen, et même de sa performance au regard d’une inflation peut-être retrouvée.

 

Sur le même thème :

M