L’Astuce

Vers un retour de l’inflation

par | Jan 10, 2017 | Actualités

Les ménages français sont reconnus pour leur capacité à épargner. En 2016, leur taux d’épargne se situe autour de 14,6% du revenu disponible brut. Ils se sont une nouvelle fois montrés à la hauteur de leur réputation. Selon les données récemment présentées par BPCE, entre janvier et septembre 2016, les ménages français ont épargné pour 43 milliards d’euros (hors actions, obligations et parts de fonds). Au-delà d’une forte capacité ou volonté d’épargne, ce chiffre illustre également leur penchant pour la « liquidité ».

Pendant des années, les banques et assurances ont proposé aux ménages français des produits sécurisés, c’est-à-dire garantissant le capital, tout en présentant des taux de rémunération élevés. Des taux nominaux importants qui ont psychologiquement marqué et habitué ces derniers à des niveaux que nous ne connaissons plus. Vous ne vous en rappelez peut-être pas, mais en 1981 le Livret A offrait 8,5%, un niveau qui n’a rien de comparable avec les 0,75% actuellement servis. Et pourtant nous vous répondrons que nous préférons l’actuel 0,75% aux 8,5%. La raison est la suivante : à la même époque l’inflation était supérieure à 13% !

Lors d’une période d’inflation nulle, telle que nous venons de vivre, le taux du produit d’épargne affiche en quelque sorte directement le rendement réel (en dehors des éventuels frais). C’est pratique pour les épargnants, plus besoin d’être un expert pour calculer la performance du produit présenté. Or, il semblerait que cette période soit derrière nous. L’inflation signe son retour, elle est actuellement en France de 0,6% (chiffres décembre 2016 sur un an). Cette dynamique s’explique en grande partie par la hausse des prix des matières premières, tout particulièrement le pétrole. Le baril de Brent de la mer du Nord se situe autour de 55 dollars par baril, contre près de 30 dollars pour son point le plus bas en 2016. Ce dernier a vu son cours rapidement monter suite à une entente entre pays producteurs.

Pour la zone euro l’inflation est même supérieure, elle se situe à 1,1% sur un an. Pour rappel, la Banque Centrale Européenne a mis en place une politique monétaire qui vise à stimuler l’économie au travers de l’offre de crédit ce qui aurait pour effet de retrouver de l’inflation. A terme l’objectif fixé est un niveau d’inflation à 2%. Ce qui explique en partie le prolongement de son programme de quantitative easing (rachat d’actifs) et de maintien de son taux directeur en territoire négatif.

Si l’inflation remonte, ce n’est pas encore le cas des taux. Selon la Banque de France, le taux moyen de rémunération des encours de dépôts bancaires est passé en Novembre 2016 sous la barre des 0,8% pour atteindre 0,79%. Pour les dépôts à moins de deux ans, ce taux est même de 0,37%. La baisse des taux de rémunération des produits d’épargne poursuit ainsi sa course, pour atteindre des niveaux toujours plus faibles. Conséquence, nous voyons les encours de dépôts à vue gonfler. Les Français laissent ainsi dormir 400 milliards d’euros sur leurs comptes sans que cela ne leur rapporte d’argent.

Même si les taux devraient à terme remonter suite au mouvement initié aux Etats-Unis (décision de la réserve fédérale américaine), la remontée des rémunérations sur les produits d’épargne ne sera pas immédiate, ni même automatique. En attendant, l’inflation est bel et bien présente, elle rogne le pouvoir d’achat de l’épargne. Laisser son argent sur un compte courant devient donc un non-sens économique. Même à 0,75%, le Livret A permet au moins – pour le moment – de ne pas perdre d’argent. Ce que bon nombre d’épargnants ont compris puisque l’on enregistre un regain d’intérêt pour le produit en 2016.

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