L’Astuce

Financement des Retraites en Europe : il manque 2.010 milliards d’euros.

par | Sep 20, 2016 | Actualités

Un déficit de 2.010 milliards d’euros, en Europe, pour assurer un « bon » niveau de retraites, c’est le chiffre choc de l’étude « Mind the Gap » publiée ce mois-ci par l’assureur AVIVA avec Deloitte. Vous dites : « en Europe, nous autres Français, nous sommes concernés ? » Bien évidemment, la réponse est oui. Le déficit des retraites en France s’élève à 241 milliards d’euros. Il faut confesser que ce montant est assez stable depuis 2010 (date de la dernière étude), il était alors de 244 milliards d’euros. L’étude justifie cette constance dans les résultats, principalement par la modification de la règle de l’indexation des pensions, ainsi que par la hausse des cotisations payées. Si ce déficit n’évolue pas, ce qui est une bonne nouvelle, il n’en demeure pas moins qu’il est important. Au niveau européen, la dynamique est plus négative, puisque ce besoin de financement est passé de 1.903 milliards à 2.010 milliards d’euros, soit 13% du Produit Intérieur Brut européen.

Comment obtient-on ces résultats ?

Concernant la méthode, l’étude vise un taux de remplacement global de 70% (niveau « recommandé » par l’Organisation et de Coopération pour le Développement Economiques). C’est-à-dire que la retraite correspond à 70% de ses derniers salaires. Et pour être précis, l’étude applique des taux de remplacement respectivement de 90%, 65% et 55% en fonction de différentes catégories de revenus, à savoir les 30% des revenus les plus faibles, les 40% intermédiaires et les 30% les plus hauts. A partir de ce « barème », en appliquant un taux global tel que « souhaité » ou « recommandé » par l’OCDE, nous obtenons les chiffres cités plus haut.

Vous le savez : un système de retraite déséquilibré, qui n’a pas le niveau de cotisations nécessaire, sans modification, entraîne mécaniquement une diminution de la retraite « servie ». Il en résulte que les européens qui prendront leur retraite entre 2017 et 2057 ne cotisent pas, et n’épargnent pas, suffisamment. Faute de modifications majeures, ils sont donc condamnés à une baisse significative de leur niveau de vie.

En France, le déficit de retraite serait ainsi de 7.300 euros par personne. Le taux de remplacement français est actuellement de 53%, il s’agit d’un niveau parmi les plus élevés. A titre de comparaison, il est de 42% en Allemagne et de 39% au Royaume-Uni. Par conséquent, l’hypothèse de base de l’étude, le taux de remplacement retenu, peut paraître élevé. Cela n’enlève rien aux enseignements sur la dynamique que révèlent ces travaux. En 2047, le taux de remplacement estimé serait en effet de 28%. Avec un tel niveau, ce n’est plus d’une diminution du niveau de vie qu’il s’agit, c’est une véritable amputation du niveau de ressources. Ce qui signifie qu’il faudra réformer, mais aussi se préparer individuellement à la retraite. Un tel effort d’épargne ne pourra se faire sur les dernières années d’activité. Pour compenser une telle différence de niveau, cela nécessite au contraire une préparation suffisamment en amont pour être réalisable.

L’étude calcule cet effort d’épargne en fonction de l’âge. En France, une personne âgée de 20 ans en 2016 devra épargner 1200 euros par an, contre 7800 pour une personne de 50 ans. En Allemagne, les chiffres sont encore plus importants : c’est 2300 euros pour une personne de 20 ans, 10.900 euros pour celle de 50 ans et même 35.800 euros pour une personne de 60 ans. Dans ces deux exemples, pour les personnes les plus proches de la retraite, cela est impossible.

L’étude préconise, dans un communiqué de presse, un travail de sensibilisation à mener en ce qui concerne la préparation à la retraite. Il faut en effet que les nouvelles générations prennent conscience que la retraite se prépare le plus tôt possible. Nous avons vu lors de notre dernière enquête (https://www.cercledesepargnants.com/enquete-annuelle-enseignements/) que les Français prenaient conscience du phénomène, de plus en plus jeunes. Ils démontrent également une appétence pour des solutions privées de préparation. Cela ne se retrouve pas encore pleinement dans les statistiques détaillées de l’épargne, les jeunes ménages consacrant la majeure partie de leur effort d’épargne à un projet immobilier (acquisition de la résidence principale). Il faudra donc prévoir plus tôt et agir différemment.

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