L’Astuce

Des dépenses de Santé soutenables ?

par | Sep 13, 2016 | Actualités

Les retraites représentent un enjeu financier important dans les années à venir : nous le voyons de manière récurrente à travers nos travaux. Dans notre pacte de protection sociale, les dépenses de Santé, autre pilier de notre Sécurité sociale, représentent également une problématique régulièrement pointée du doigt par les observateurs. La Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) vient de publier un panorama des dépenses de santé de l’année 2015. C’est l’occasion d’observer de plus près, les acteurs concernés, les volumes et les dynamiques.

La consommation de soins et de biens médicaux, en France, en 2015, s’élève à 194,6 milliards d’euros, ce qui correspond à 2 900 euros par habitant. Pour illustrer davantage l’ampleur de la dépense, ce montant est supérieur au Produit Intérieur Brut d’un pays tel que le Portugal (PIB 2015 : 178,9 milliards d’euros). Ce n’est pas rien ! Cette dépense est très majoritairement « publique », la Sécurité sociale finance près des trois-quarts de ce montant, 76,8% précisément. Autres acteurs, les organismes complémentaires, nous parlons des assurances, instituts de prévoyance et mutuelles, représentent 13,3% de la dépense en 2015.

Revenons à notre Sécurité sociale. Cette dernière enregistre depuis plusieurs années des déficits. En juin dernier, la Commission des comptes de la Sécurité sociale anticipait un solde négatif de 9,1 milliards en 2016. Une somme qui correspond à 5,2 milliards d’euros du régime général (quatre branches, dont la Santé), auxquels il faut ajouter 3,9 milliards du Fonds de solidarité vieillesse (FSV). Si l’on en croit les annonces récentes dans la presse, de la Ministre des Affaires sociales, le déficit de la Sécurité sociale pourrait même être inférieur à 5 milliards d’euros.

Plus ou moins cinq milliards d’euros, cela reste du déficit, qui vient gonfler une dette antérieure. On comprend donc mieux, tout l’enjeu de la maîtrise de la dépense publique, qui anime bon nombre de débats, politiques ou économiques. La question est de savoir quelle est la trajectoire que suivent ces dépenses, pour mesurer leur soutenabilité. La branche « maladie », donc la santé, représente la plus grande partie de ce déficit. Equilibrer cette branche, c’est boucher (quasiment) le fameux « trou de la sécu ».

Le rythme des dépenses de santé, sous l’action des pouvoirs publics, des gouvernements des deux dernières majorités, a ralenti. Ce rythme était compris entre 5 et 6 % par an au début des années 2000, inférieur à 3 % depuis 2010, il est de 1,8% en 2015. Il est légèrement en recul après trois années de croissance. Vous nous direz qu’il est toujours supérieur à la croissance française ! C’est vrai, mais nous partons de loin. Il convient d’ajouter que ces dépenses sont encouragées par un vieillissement de la population. La papy-boom produit – et va produire encore plus – ses effets.

Les dépenses de santé représentent 8,9 % de notre PIB. Il faudra, dans les années à venir, poursuivre la maîtrise de la croissance des dépenses pour juguler les effets du vieillissement de la population, ainsi que les coûts que les nouvelles méthodes de traitement génèrent. Comme toutes les dépenses publiques, les dépenses de Santé sont sensibles aux variations de PIB. Il faudra également renouer avec la croissance pour pérenniser le système, garantir aux français des soins de qualité – pour tous – auxquels ils sont attachés et habitués. Pas facile !

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