L’accord AGIRC-ARRCO, vous souvenez vous ? (https://www.cercledesepargnants.com/agirc-arrco-un-accord-trouve/) Les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO sont les caisses qui gèrent les régimes de retraite complémentaire des salariés du privé. En quelques chiffres, l’AGIRC-ARRCO c’est : 18 millions de salariés, 12 millions de retraités et 70 milliards d’euros de pensions par an.
En 2015, nous apprenions que ces dernières étaient dans une situation financière « compliquée ». Leurs réserves étaient presque épuisées (à horizon 2023), et celles de la seule AGIRC devaient être épuisées au plus tard en 2018. Le 30 octobre 2015, les organisations syndicales et patronales trouvaient un accord pour résoudre le problème financier des caisses. En agissant sur le niveau des pensions (modification de la valorisation des points), en « incitant » la poursuite de l’activité et en fusionnant les régimes, l’AGIRC-ARCCO espère économiser 6,1 milliards d’euros en 2020 et 8,6 milliards en 2030.
La Direction Générale du Trésor a récemment passé en revue ces mesures, estimé leurs effets et chiffré les économies attendues. Quelques mots sur la méthode, les hypothèses macroéconomiques retenues à court terme sont celles du Pacte de stabilité 2016-2019. A moyen-long terme, ce sont celles de l’Ageing Report 2015, c’est-à-dire un chômage de 7,5 % et une croissance réelle de la productivité de 1,5 %. 1,5 % c’est le taux utilisé par le Conseil d’Orientation des Retraites dans la réalisation de son scénario central. C’est un taux que nous jugeons légèrement optimiste au regard de la situation présente et passée. Pour rappel, entre 2008 et 2015, la croissance annuelle de la productivité du travail et des revenus d’activité est de 0,7% , et entre 1990 et 2008, le rythme annuel moyen était de 1,7%. A moyen-long terme, un tel taux n’est pas impossible, mais considérant la situation actuelle il suscite des doutes. Les microsimulations du Trésor permettent de mesurer les effets de chaque mesure, ce qui est intéressant, cela permet de tirer des enseignements, dans le détail. Enfin, ce travail va permettre de juger de la viabilité de l’accord AGIRC-ARRCO, dont l’équilibre financier (y compris après réforme) reste fragile.
L’augmentation de la valeur d’achat devrait permettre une économie de 0,8 milliard d’euros en 2030. Ce qui est plus faible que ce que les caisses espéraient, puisqu’elles tablent sur 1,1 milliard d’euros. Toujours à horizon 2030, en ce qui concerne la mesure de désindexation des pensions, les caisses attendent 2,6 milliards d’euros d’économies. Là aussi, le Trésor a une estimation plus basse, puisqu’il table sur 1,9 milliard. Par contre, en ce qui concerne les coefficients de solidarité et majorants, le Trésor estime que les économies effectuées seront de 1,1 milliard d’euros, là où les caisses en attendent 0,8 milliard. Sur les autres mesures, les estimations des effets sont similaires.
Au final, le Trésor juge l’évaluation des mesures de l’accord « cohérente » avec ses propres chiffrages. Il prévoit une amélioration du solde en 2020 de 6,5 milliards d’euros (contre 6,1 milliards) et 8 milliards d’euros en 2030 (contre 8,6 milliards). Le Trésor est légèrement plus optimiste à court terme, et pessimiste à long terme, mais dans l’ensemble il n’est pas très éloigné des estimations des caisses, ce qui est une bonne nouvelle pour l’équilibre financier du système des retraites. L’accord devrait ainsi permettre d’améliorer le solde du système de retraite de 0,3 point de PIB entre 2020 et 2060.