L’Astuce

Réforme des retraites en Allemagne, une nouvelle étape

par | Août 23, 2016 | Actualités, Actualités

Le 17 mai dernier, nous publiions un article sur les réformes qui pouvaient venir chez nos voisins européens (https://www.cercledesepargnants.com/vers-nouvelle-vague-de-reformes-retraites-europe/). L’Allemagne faisait partie des acteurs concernés. Le pays est confronté d’une part à un vieillissement de la population, l’office fédéral des statistiques Destatis estime qu’en 2030 un tiers des Allemands aura plus de 65 ans. Sur ce point c’est une constante des pays européens où les générations issues du baby-boom partent ou partiront en retraite dans les années à venir. Mais le pays doit également faire face, en parallèle, à une faible natalité. Ce qui signifie moins de cotisations à venir, pour plus de prestations (et pour plus longtemps). L’arrivée du « million de migrants » est censée pallier en partie ce point. Mais l’angoisse demeure chez les citoyens allemands quant au niveau de la pension de retraite servie dans le futur.

Les caisses de retraite se portent bien, pourquoi donc s’inquiéter ?

Le pays et son système de retraite se portent (pour le moment) bien. Cependant, le modèle laisse apparaître des difficultés de financement à long terme, notamment à horizon 2030, où les générations du baby-boom produiront leur plein effet. L’Allemagne a déjà réformé son système, faisant reculer progressivement l’âge de la retraite à 67 ans. La réforme est en cours d’exécution, puisqu’elle est lissée jusque 2030. La dernière n’est donc pas encore pleinement effective, que le pays se projette d’ores et déjà dans l’après 2030, et entend prendre dès à présent des mesures. Sage décision. Nous savons que les décisions prises prennent du temps pour produire leurs effets. Et une nouvelle étape vient d’être franchie dans ce qui s’apparente à une nouvelle réforme ! La Bundesbank vient en effet d’apporter sa pierre à l’édifice. Dans son dernier rapport mensuel, elle se positionne sur le sujet : elle prône un allongement de la durée de cotisation à 69 ans.

Pourquoi augmenter de nouveau l’âge de départ en retraite ?

Face à cette équation budgétaire, un Etat a traditionnellement trois possibilités. Pour assurer un niveau de cotisations, il peut décider d’augmenter le niveau de cotisations. Toujours dans un souci de maintien des ressources, il peut augmenter la durée de cotisations en imposant un âge limite de départ en retraite ou un certain nombre d’années de cotisations. Enfin, il peut aussi décider de laisser le mécanisme « s’ajuster », en servant une pension de retraite moins importante.

En France, traditionnellement, ce sont les différents leviers qui sont simultanément utilisés. Mais ce n’est pas la culture allemande sur le sujet. Si les systèmes ne différent pas énormément entre nos deux pays, l’Allemagne a pour constante de placer la compétitivité de ses entreprises au cœur de sa politique. Ce qui explique que les hausses de cotisations ne sont pas retenues. De plus, elle ne peut laisser s’effriter le niveau des pensions. Elle est légalement tenue de respecter un ratio de remplacement net après paiement des cotisations sociales d’au minimum 43 %. A la lumière de ces deux principes, l’allongement de la durée de cotisation s’impose. Porter l’âge de départ en retraites à 69 ans permettrait d’assurer un niveau des pensions à 44 % et respecter ainsi cette contrainte. Pour le moment, ce ratio atteint 48 %, il devrait atteindre les 44 % en 2030. En l’absence de réforme, il atteindrait 40 % à horizon 2060. N’oublions pas qu’il faudra surveiller la santé de ces séniors et, de plus en plus et de plus en plus tôt, leur formation !

Enfin, il existe une autre piste à explorer. La « Buba » dans son rapport nous apprend que les personnes qui ont une retraite complémentaire (Riester) auront un niveau de pension, à horizon 2030, supérieur à 50 %. Le maintien d’un niveau de retraite « raisonnable » passe peut-être aussi par une généralisation de la retraite complémentaire, en Allemagne comme ailleurs.

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