Au mois d’octobre dernier, nous vous proposions un article sur « l’AGIRC-ARRCO ». Les retraites complémentaires AGIRC-ARRCO sont les caisses qui gèrent les régimes de retraite complémentaire des salariés du privé. Les non-cadres et les cadres cotisent auprès de l’ARRCO (Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés), et les cadres cotisent également à l’AGIRC (Association générale des institutions de retraite des cadres).
Que se passait-il alors en octobre dernier ?
On apprenait que les réserves de l’AGIRC-ARRCO étaient presque épuisées (à horizon 2023), et que celles de l’AGIRC se portaient encore plus mal, puisqu’elles étaient condamnées à l’épuisement au plus tard en 2018. C’est dire l’urgence ! Il fallait donc trouver une solution à cette problématique, qui concerne 18 millions de salariés, 12 millions de retraités et versent 70 milliards d’euros de pensions par an. Les organisations syndicales et les organisations d’employeurs ont alors trouvé un accord, que toute la presse saluait.
Mais alors pourquoi donc parler de nouveau de ces caisses, puisque le problème est « réglé » depuis octobre ?
Ce sont les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites (le COR, encore lui), qui ont mis le feu aux poudres. Le COR s’est réuni il y a quelques jours pour préparer son rapport annuel (présenté en juin) et a travaillé sur « les indicateurs de suivi et de pilotage du système de retraite ». L’accord du 30 octobre 2015 ayant des mesures appliquées dès 2016 (baisse du rendement des régimes), il convient de les prendre en compte. Avant même cette réunion, des simulations ont été reprises dans la presse, démontrant que les pensions servies dans ce régime « diminuaient » pour les nouvelles générations.
Que disent ces simulations précisément ?
Pour un cadre né en 1959, et qui souhaiterait partir à la retraite lorsque le régime de base le permet, c’est une « perte » de 14,5 % de sa pension complémentaire. Le mécanisme a même tendance à se dégrader au fil des générations. Puisqu’un cadre né en 1990 « perdra » plus de 17 %. C’est même légèrement pire pour les salariés non-cadres, avec une « perte » de quasi 18 % pour la génération 1990. 14,5 %, 17 %, 18 % de manque à gagner, ce n’est pas rien !
L’accord obtenu et signé en octobre prévoit un système de bonus-malus, qui vient pénaliser l’individu qui souhaite partir à 62 ans (âge demandé dans le régime de base) au lieu des 63 ans prévus par l’accord. Cette « réforme » vise à réaliser 6,1 milliards d’économies d’ici 2020. Configuration dans laquelle les régimes seraient toujours déficitaires de 2,3 milliards d’euros.
Devant l’importance du débat médiatique, le COR a publié un communiqué de presse. Il précise que « les pensions continueraient à progresser en euros constants au fil des générations ». Il ajoute tout de même que les résultats « ne doivent pas être interprétés comme une diminution dans l’absolu des pensions, mais comme un écart par rapport à l’évolution qu’auraient connue les pensions en l’absence d’accord. »
Pour résumer, la retraite complémentaire de demain ce n’est pas moins qu’avant, c’est juste moins bien qu’avant. Nous nous permettons toutefois de rappeler que l’accord signé l’année dernière permet d’améliorer le solde technique des régimes, mais que dans les quinze prochaines années le résultat reste négatif. En 2030, c’est ainsi un déficit de – 4,1 milliards d’euros qui est attendu… de quoi nous inquiéter sur la retraite d’après-demain. Diminution ou diminution relative des pensions, nous voilà prévenus, il faudra donc préparer sa retraite future. Le meilleur moyen de préparer sa retraite, c’est de la préparer dès aujourd’hui. Les Français l’ont compris. Selon notre enquête 2016, un Français sur deux déclare épargner pour sa retraite, anticipant notamment un niveau de pensions plus faible.