Le 7 avril dernier 2016, Jean-Paul Betbeze, Président du Cercle des Epargnants, Estelle Thomas de l’Institut CSA et Stellane Cohen, membre du conseil d’administration du Cercle, ont présenté le 14ème baromètre des « Français, l’épargne et la retraite ». Ce sondage annuel a pour but de nous éclairer davantage sur le sentiment des Français vis-à-vis du financement des retraites, ainsi que sur leur comportement d’épargne.
Première information, et il s’agit là quasiment d’une constante, les retraites sont considérées comme le sujet prioritaire de financement des prochaines années. C’est vrai pour 61 % des Français (67 % des actifs). Fait nouveau, ils sont relativement moins inquiets pour leur retraite personnelle future (50 % contre 61 % en 2015). Comment l’expliquer ? Les événements (terrorisme) de l’année dernière, et de ce début d’année, ont eu pour effet d’accroître les préoccupations des Français sur les questions dites : sécuritaires. Ce qui entraîne une diminution relative des préoccupations liées aux problèmes directement économiques. Toujours est-il que les retraites demeurent la préoccupation première pour la majorité des Français.
La grande nouveauté de ce sondage 2016 provient des « jeunes », des moins de 35 ans. Raison pour laquelle une grande partie des travaux leur est consacrée cette année. Comme leurs ainés, ils ont acté la réalité du problème du financement des retraites. Ils sont 57% à citer les retraites comme un sujet prioritaire à financer, soit une hausse de +8 points par rapport à l’enquête précédente. Ce qui est plus net encore, c’est la solution, la stratégie, qu’ils comptent développer pour répondre à cette problématique. 28% des moins de 35 ans estiment en effet qu’il faut épargner régulièrement sur un produit d’épargne dédié, pour maintenir le montant de leur retraite future. Là où leurs aînés de la tranche 35-49 ans, et 50 ans ou plus, sont plus favorables à un recul de l’âge légal de départ à la retraite pour assurer l’avenir. Face au problème du financement de la retraite, un des piliers de la protection sociale en France, les moins de 35 ans ont plutôt décidé de se préparer, par de l’épargne individuelle. Ce comportement s’apparente à une sorte de basculement de la retraite par répartition vers une retraite, ou complément de retraite, par capitalisation. Ils sont ainsi 53 % à déclarer penser épargner davantage cette année, contre 45 % en 2015.
Ils pensent de plus en plus au sujet, et rencontrent des professionnels pour échanger. Lorsqu’ils le font, près de trois quart des moins de 35 ans se tournent vers des acteurs du privé : banques, assurances, intermédiaires et employeurs. Ceci se fait au détriment des acteurs publics et interlocuteurs traditionnels, tels que les caisses de retraite ou la sécurité sociale. Une prise de conscience du problème des retraites de plus en plus tôt, plus une perte de confiance envers les institutions publiques, poussent ainsi les moins de 35 ans à développer une stratégie d’épargne individuelle, donc privée. Si, dans l’esprit des « jeunes », c’est ce que nous pouvons retenir des résultats de ce sondage, dans les faits les choses sont moins claires. Puisqu’ils ne sont que 20% à détenir réellement un produit d’épargne dans le cadre d’une préparation à la retraite. Les moins de 35 ans ont, pour la plupart (69%), une part de patrimoine financier inférieure à 7 500 euros. Ils constituent davantage une épargne de précaution (pour répondre aux besoins de court terme), et dans un second temps une épargne en vue de la retraite (long terme).
Toutes catégories confondues, un Français sur deux déclare épargner pour la retraite. C’est la piste que les plus jeunes semblent privilégier pour préparer leur retraite. Pour le moment, ils épargnent dans des livrets bancaires et des Plans Epargne Logement (PEL), quand l’ensemble de la population privilégie l’assurance-vie. Assisterons-nous, au fil des générations, à une montée de l’épargne retraite, en complément de retraite, qui sera individuelle et privée ? Quel sera le produit qui demain prendra en compte les spécificités de cette épargne de très long terme ? Nous verrons, mais la conscience du problème, et de la solution, sont là.