Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) s’est réuni la semaine dernière. La réunion était consacrée à la « Transition emploi-retraite ». Les membres du Conseil ont planché sur le niveau et l’évolution de l’emploi, et du chômage des seniors en France. Ils ont étudié les dispositifs de cumul emploi retraite, sujet que nous avons abordé dans un précédent article (http://www.cercledesepargnants.com/le-cumul-emploi-retraite-en-expansion). Nous nous focaliserons davantage dans celui-ci sur le niveau d’emploi et de chômage des séniors, qui sont si importants pour notre croissance économique.
Des résultats qui offrent une lecture double
Tout d’abord, le taux d’activité des séniors (55-64 ans) atteint 50,7 % d’actifs en 2014. Plus précisément, 47 % occupent un emploi et 3,7 % sont au chômage. Il s’agit là d’un niveau record, puisqu’il faut remonter à 1975 pour retrouver un tel niveau. Présenté ainsi, on peut considérer que c’est là une bonne nouvelle. Mais, lorsqu’on compare ce chiffre avec nos partenaires européens, c’est moins brillant. Avec 50,7 %, la France se situe en effet au-dessous de la moyenne européenne. Cette dernière est de 52 % en 2014. Sur la tranche d’âge 55-59 ans, nous sommes au-dessus, avec un taux d’emploi de 67,8 % contre 65,7 %. Mais la tranche d’âge 60-64 ans nous pénalise fortement, 25,3 % contre 36,6 %. Pour rappel, les pays de l’Union se sont fixés un objectif en matière d’emploi des séniors. En mars 2000, lors du Conseil européen de Lisbonne, les membres de l’Union ont en effet adopté la stratégie dite de « Lisbonne ». L’objectif était de faire de l’UE « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Le calendrier retenu était 2010. Et, parmi ces objectifs, le taux d’emploi des séniors devait atteindre 50 %. La France n’y est toujours pas.
Il faut tout de même reconnaître les progrès accomplis, tant nous partons de loin. Sur la période 2003-2014, le taux d’activité en France a ainsi augmenté de plus de 12 points. C’est même 17 points pour le taux d’emploi sur la période 2000-2014. Nous observons sur la période une double accélération. Une première entre 2000 et 2004, qui s’explique par l’arrivée des générations du baby-boom dans la tranche d’âge 55-59 ans. Les générations du baby-boom ont un taux d’activité élevé, ce qui mécaniquement améliore le ratio dans la tranche d’âge concernée. Une seconde accélération en 2008, que le COR attribue à des restrictions de dispositifs de sortie du marché du travail, dues aux réformes des retraites. De manière générale, la dynamique, la progression des taux d’activité ou d’emploi, se retrouvent dans les pays de l’Union. Entre 2000 et 2014, le taux d’emploi des 28 est passé de 36,9 % à 51,8 %. Il existe des disparités assez fortes entre pays. D’une manière générale, les pays scandinaves et l’Allemagne font figure de bon élève (74,0 % pour la Suède ; +28 points pour l’Allemagne).
En comparaison avec la France, là où les progrès européens sont les plus décisifs, ce sont sur la tranche d’âge 60-64 ans. Le taux d’emploi a progressé sur cette tranche et représente 36,6 %. Si bien que 60 ans n’apparaît plus comme « l’âge décisif ». C’est vrai pour les deux sexes, qui progressent de manière assez homogène (+13 et +15 points). La France, avec 25,3 %, accuse alors plus de 11 points de retard. Les effets des réformes tardent à produire leurs effets. Nous l’avons vu récemment (http://www.cercledesepargnants.com/les-effets-des-reformes-sur-le-systeme-des-retraites), la retraite anticipée pour carrière longue explique pour une bonne partie ce résultat. Contrairement au reste de l’Europe, le taux d’emploi des séniors à niveau de diplôme élevé est inférieur de 6 à 7 points sur la tranche 55-64 ans. Ce qui montre qu’indépendamment du problème de formation, qui concerne traditionnellement les séniors les moins diplômés, c’est aussi le rôle et la place accordés aux « séniors » (y compris diplômés) dans le monde de l’entreprise qui est à repenser, surtout par de la formation, vraiment adaptée et vraiment permanente.