L’Astuce

Les effets des réformes sur le système des retraites

par | Mar 22, 2016 | Les études

La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), organisme qui gère les retraites du régime de  général de retraite des salariés du secteur privé, a livré une étude riche d’enseignements sur les effets des dernières réformes. Précisons : lorsque l’on parle des dernières réformes, ce sont celles de 2010, 2012 et 2014. Pour rappel, 2010 (la principale) faisait notamment passer l’âge légal de départ en retraite de 60 ans à 62 ans, ceci de manière progressive.

La CNAV nous apprend que cette réforme a, dès 2011, retardé l’arrivée en retraite des assurés. Ce phénomène s’est même accentué les années suivantes. Ceci s’est produit, puisque l’âge permettant de prendre sa retraite (ainsi que l’âge de départ en retraite anticipé pour carrière longue) a subi une modification, décalant de fait le calendrier. Les effets devraient s’en faire sentir jusqu’en 2017. Pour rappel, l’âge légal du départ à la retraite est porté à 62 ans, mais ceci s’opère progressivement d’ici à 2018, à raison de 4 mois supplémentaires par génération (à compter du 1er juillet 2011). La réforme a ainsi eu pour résultat de freiner l’évolution des effectifs et masses de pensions. Ce qui a permis d’améliorer à court terme la situation de la branche retraite. A titre d’exemple, le simple décalage de 4 mois du départ en retraite des personnes nées après le 1er juillet 1951 a représenté une baisse de – 15 % du nombre annuel de départs en retraite entre 2010 et 2011. En clair, les personnes de la génération 1951, avant la réforme, pouvaient partir en retraite de février 2011 à janvier 2012 (mois qui suivait l’anniversaire). Suite à la réforme, les personnes nées après le 1er juillet 1951, pouvaient partir entre décembre 2011 et mai 2012 (anniversaire plus 4 mois). Entre 2012 et 2011, c’est – 7 %, pour 570.000 nouveaux retraités. La CNAV parle de mois « creux », période durant laquelle le départ en retraite est « contrarié ». Pour 2012, nous en comptons 5, 2013 c’est 2, et 2014 c’est 3. Ce qui explique qu’entre 2012 et 2014 le nombre de nouveaux retraités augmente, mais dans des proportions moindres que sa tendance naturelle, c’est-à-dire en l’absence de réforme. En 2015, il enregistre 656.944 nouveaux départs, soit – 7 % par rapport à 2014, qui s’explique là encore par des mois creux : 5. Pour rappel, se sont 610.000 départs qui étaient initialement prévus dans les estimations de l’année passée.

Ces mesures ont eu pour conséquence mécanique de reporter l’arrivée des futurs retraités. Le dispositif de Retraite anticipée pour carrière longue (RACL) et la modification de ses conditions d’attribution en 2012 ont eu pour effet de créer un appel d’air. Ce dispositif a permis, sinon poussé, les individus à « candidater » pour prendre leur retraite dès que possible. Si en 2010 les départs à âge légal représentaient 48 % des cas, ils tombent à 32 % sur la période 2011-14. En ce qui concerne les départs par RACL, ils passent de 6 % à 17 %. Ils connaissent une forte poussée entre 2012 et 2013. C’est une conséquence directe de l’assouplissement des conditions d’attribution, mis en place par le décret du 2 juillet 2012. Pour la période à venir, la CNAV avance le chiffre de 180.000 personnes par an susceptibles de partir en retraite anticipée. Ce chiffre devrait diminuer à partir de 2018, conséquence de la réforme de 2014 (hausse durée requise pour retraite taux plein). Mais il devrait rester à un niveau proche de 150.000 à horizon 2019.

Les masses de prestation

En 2015, se sont 98 milliards de pensions de droit direct qui ont été versées par la caisse. Une hausse qui représente + 2,5 % sur une année. On attend une hausse moyenne de 3 % sur la période 2015-2019. Ce taux de croissance a trois raisons : le nombre, la valeur, et le montant de pension moyen.

Le nombre de retraités augmentera de 650.000 nouveaux retraités par an entre 2015 et 2019, contre un nombre de retraités décédés de 440.000. Ce qui représente un solde net de 210.000 retraités supplémentaires par an. Il existe également un effet « pension moyenne ». Très simple à comprendre, les nouveaux retraités touchent en moyenne 672 euros par mois, contre 581 euros pour les retraités qui décèdent. Les nouveaux retraités perçoivent ainsi plus que les « anciens ». A ceci s’ajoute un effet « valeur », lié à la redéfinition du mode de revalorisation des pensions.

La réforme de 2010 a eu un impact positif sur l’équilibre budgétaire du système des retraites en freinant la hausse du nombre de nouveaux retraités. L’assouplissement des conditions d’accès à la RACL, la hausse soudaine de retraités bénéficiant du dispositif, a limité les effets de la réforme. En parallèle à la hausse du nombre de retraités, le montant de la pension versée, constitue le second défi pour l’équilibre du système. Les effets de l’arrivée en retraite des générations du baby-boom vont produire leurs pleins effets. Le financement des retraites est ainsi l’un des défis auxquels nous devrons faire face demain.

 

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