L’Astuce

Le taux d’épargne des Français poursuit son ascension

par | Fév 9, 2016 | Actualités

Le taux d’épargne est le rapport entre l’épargne des ménages et le revenu disponible brut. Il peut également être calculé en pourcentage de revenu disponible. Au troisième trimestre de l’année 2015, le taux d’épargne des Français a ainsi atteint 15,5 % du revenu disponible. Un niveau qui s’explique par des raisons psychologiques, une évolution qui repose également sur des fondements économiques. Nous y reviendrons.

Pour comprendre et interpréter ce chiffre, il faut observer ce taux sur une période plus longue et le comparer. On sait que le taux d’épargne des ménages français est historiquement élevé, le second plus important d’Europe derrière le taux allemand (plus de 16 %). Et il est plus important que celui de ses pays voisins (Italie = 11 %, Espagne = 10 % et Royaume-Uni = 6 %).

15,5 %, c’est le plus fort taux de l’année (15,3 en T1 et 15 en T2), un taux supérieur à celui enregistré en 2014. Il confirme ainsi la trajectoire de ce taux. Après avoir connu une diminution continue depuis 2009 (16,2 %, puis 15,8 % en 2010, 15,6 % en 2011, 15,1 % en 2012 et 14,7 % en 2013), il remonte depuis 2014 (15,1 %), et poursuit la trajectoire en 2015.

Que faut-il en déduire ?

Le taux d’endettement élevé est une constante sociologique nous l’avons dit. Comment expliquer ce niveau et cette trajectoire ? Du côté des revenus, ils sont relativement stables. Ces derniers se sont maintenus notamment par la baisse du pétrole. Leur évolution n’est pas à même d’expliquer une modification du taux d’épargne. Concernant la consommation, elle est assez stable sur la période : pas de quoi bouleverser le taux d’épargne. La raison de la hausse du taux d’épargne se trouve encore dans le comportement des ménages français. Nous savons qu’en période de crise, les ménages ont tendance à épargner. Vous nous direz peut-être que la crise est derrière nous. La croissance est de retour en 2015 (1,1 %) et les prévisions pour 2016 anticipent 1,4 % (chaque jour un peu moins…). Mais cette croissance n’est jugée ni assez sûre, ni assez forte. De manière générale, la période est jugée instable. Une instabilité qui se retrouve également chez les acteurs et décideurs économiques et aussi dans les marchés financiers, qui font face à une très grande volatilité. Si bien que les ménages français sont inquiets.

Le comportement actuel des ménages français se retrouve pleinement dans la théorie de l’équivalence ricardienne. Cet économiste « classique » (David RICARDO 1772-1823) a remarqué une relation entre l’augmentation de la dette publique, l’anticipation de la hausse de l’impôt à venir (pour payer cette dette), et donc la hausse de l’épargne. Deux siècles plus tard, cette mécanique se vérifie encore. La dette enfle, les déficits s’accumulent y compris en période de « croissance ». La pression fiscale pour financer la dépense publique est (sera ?) de plus en plus forte. Le taux d’épargne grimpe en conséquence.

Le paiement de la dette se posera en effet – tôt ou tard – notamment lors de la remontée des taux d’intérêt. Avec elle (spécificité française), c’est la question de la pérennité financière de notre modèle social qui est en jeu. Et en particulier, le financement de la retraite, qui par le biais de la modification du ratio démographique (arrivée des baby-boomers en retraite) et de la faiblesse des taux de croissance économique va se poser. Pour cette dernière, comme pour la dette, il faut donc se préparer. Il faut le faire le plus en amont possible, sur la plus longue période possible, pour éviter de se retrouver au pied du mur. Il faut anticiper pour éviter de supporter un effort trop important sur les dernières années précédant la retraite. D’autant que les séniors (comme les autres) ne sont pas épargnés par le chômage, d’où l’importance de se préparer lors des périodes d’activité.

 

 

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