L’Astuce

L’épargne de long terme dans un contexte de taux d’intérêt faibles

par | Jan 19, 2016 | Actualités

La Banque de France vient d’annoncer qu’elle ne modifiera pas le taux du livret A pour le 1er semestre 2016. Ce dernier restera sous la barre des 1 % à 0,75 %. Cela aurait pu (dû) être inférieur. En effet, en retenant la simple règle mathématique qui permet de le déterminer, (inflation hors tabac + taux courts) / 2, ce dernier aurait dû tomber à 0,5 %. Maintenir ce taux à 0,75 % c’est donc réaliser un geste. Il était difficile de faire autrement en cette année hautement politique. Par la même occasion, la Banque de France a annoncé que la rémunération du Plan Epargne Logement tombera sous les 2 % à 1,5% (à partir de février). Il s’agit là d’une baisse significative. Une seconde, puisqu’il y a précisément un an le PEL perdait déjà 0,5 point. Ces derniers mois le Livret A subissait une certaine décollecte. Décollecte qui, dans une certaine mesure, semblait profiter en partie au PEL – même si les produits sont différents. Il sera intéressant d’observer dans les mois à venir si le maintien du taux du livret A et la baisse de celui du PEL viennent modifier la stratégie d’épargne des Français.

De manière générale, c’est l’ensemble des produits d’épargne qui souffre du prolongement de la situation de taux faibles nominaux que nous traversons. Cependant, les taux ainsi observés sont logiques. Ils correspondent à l’évolution du marché, qui rend compte elle-même d’une économie en croissance modeste et sans inflation. On comprend donc qu’il est difficile pour les professionnels du secteur de proposer des rémunérations nominales supérieures.

Remarquons cependant que la rémunération réelle, taux d’intérêt moins inflation, est élevée, à 2 %, mais ce calcul  pourtant simple, n’est pas assez répandu. Et pourtant ! Face à cette situation, face aussi à la volatilité que nous observons sur les marchés et à la faiblesse des rendements, la stratégie d’épargne de long terme apparaît comme l’une des (rares) solutions que nous pouvons préconiser. Parmi ces produits d’épargne de long terme, les produits d’épargne retraite tirent encore leur épingle du jeu.

Selon les résultats de l’édition 2015 de l’Observatoire des Retraites Européennes, en 2014 l’épargne retraite des Français s’élève à 734 milliards d’euros, un chiffre qui se situe en hausse de +5 % sur une année. Cela représente 34 % de notre Produit Intérieur Brut (+1 % entre 2013 et 2014) ou 23 % de l’épargne financière totale des Français. Ce qui peut paraître élevé, mais après comparaison avec les pays semblables à la France… l’est moins. La moyenne dans les pays de l’OCDE se situe en effet autour de 84 % du Produit Intérieur Brut. Ceci s’explique en particulier par notre modèle (social) de financement des retraites.

Pas de surprise donc si, en fait, les produits d’épargne retraite connaissent une dynamique. Un succès relatif qui s’explique par plusieurs raisons. Ils répondent d’abord à la crainte croissante du financement de notre modèle de retraite, précisément à la diminution anticipée des niveaux de pensions dans les années à venir. Ils offrent ensuite des rendements compétitifs, dans ce contexte de taux faibles. Enfin, ils bénéficient pour certains d’un statut favorable, qui permet de réduire son montant d’imposition, ce qui n’est pas négligeable dans une période de pression fiscale forte.

Quand on parle d’épargne retraite, on parle en fait de plusieurs produits assez variés. Dans le détail, l’assurance vie représente quasiment la moitié de cette épargne (46,3 %). Viennent ensuite les valeurs mobilières Plan d’Epargne en Actions pour 22,3 %, l’assurance retraite collective pour 12,6 %, l’assurance retraite individuelle pour 8 %, l’épargne salariale pour 7% et les livrets défiscalisés pour 3,9%.

Cette épargne attire les convoitises. Nous avons vu récemment ressurgir le débat sur l’utilisation de l’épargne des Français dans le financement de l’économie. Un débat porté notamment par le Ministre de l’économie. Ce dernier entend capter les 130 milliards d’euros d’encours de retraite professionnelle vers le financement de l’économie dite « réelle ». Il parle de « fonds de pension à la Française ». Il prend soin d’ajouter que l’ « objectif n’est pas de modifier les équilibres entre retraite par répartition et par capitalisation en France, ni de bouleverser le marché des produits d’épargne retraite », pour éviter toute protestation. Une épargne de long terme au profit du financement de l’activité, des entreprises qui investissent, voilà peut être la solution pour sortir de la sinistrose ambiante. Mais il faudra en savoir plus.

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