L’Astuce

Comment se présente l’année 2016 ? (1/2)

par | Jan 5, 2016 | Actualités

2016 : nous y sommes ! Nous vous souhaitons au nom du Cercle des Epargnants, ainsi qu’à tous vos proches, une bonne et heureuse année. Le 1er janvier, ce sont les bonnes résolutions, c’est aussi la date d’application de mesures gouvernementales décidées l’année passée. Nous vous en épargnerons la litanie. Les plus curieux pourront consulter le portail service-public.fr qui en fait la liste : hausse du SMIC (+0,6%), prime d’activité, baisse du nombre de régions de 22 à 13… Elles ne devraient pas bouleverser la situation. L’année 2015 a été marquée par des événements majeurs : économiques et géopolitiques principalement. Le monde étant entré en mutation, cette révolution va se poursuivre en 2016, et ce ne sera pas nécessairement simple.

Economie

La situation macroéconomique que nous connaissons ici est bouleversée. L’économie est désormais caractérisée par un faible taux de croissance. Une croissance qui est difficilement compatible avec le rythme d’augmentation des dépenses publiques. Les systèmes sociaux ne peuvent fonctionner – en l’état actuel – qu’avec des taux de croissance élevés, d’où une accumulation de déficits et une dette galopante, dans les pays qui n’ont pas le courage de se réformer. Pour l’année 2015 le taux de croissance en France se situe autour d’1,2 %, pour 2016 il est attendu à 1,4 %. Des taux assez semblables, peu élevés, qui caractérisent le phénomène de taux faibles mis en avant. A noter que les taux pour 2016 (1,8 %) viennent d’être revus à la baisse. Ce qui s’explique par la hausse des taux d’intérêt, la baisse de la croissance chinoise et la situation des pays exportateurs de pétrole. Ce qui fait dire à Christine Lagarde que : « la croissance en 2016 sera décevante et inégale ».

Les taux d’intérêt faibles, proches de zéro même, résultent de politiques monétaires qui avaient partout pour but de réparer les « dégâts » de la crise. Tel est le cas pour la politique monétaire européenne, ce qui doit permettre aux Etats de se financer moins cher, pour se réformer plus aisément. Nous arrivons désormais au début d’un nouveau cycle, les Etats-Unis (FED) viennent de siffler la fin de l’ère des taux zéro en annonçant une première hausse de leur taux, qui en appelle d’autres. A terme les autres taux devront monter. Ce qui va soulager des acteurs directement concernés tels que la Banque et l’Assurance, mais qui va renchérir le financement des Etats et entreprises.

Un faible taux d’inflation, proche de zéro pour la France en 2015. Ce qui résulte de la baisse des coûts des matières premières (pétrole surtout) et de la baisse de la demande chinoise. Une guerre des prix du pétrole au sein des pays exportateurs (OPEP) qui a fait plonger le prix du baril. Une guerre des prix qui va se poursuivre en 2016 puisque l’Iran va de nouveau pouvoir exporter (souhaitons qu’elle s’arrête là). Une guerre des prix qui fait déjà des dégâts collatéraux, puisque le Venezuela, la Russie, l’Algérie, l’Arabie Saoudite elle-même, font face à des problèmes budgétaires. Ces pays ont en effet des budgets qui reposent essentiellement sur les exportations de pétrole. En 2016 la question est de savoir jusqu’où le pétrole va baisser, combien de temps les pays exportateurs vont pouvoir tenir, quel sera l’impact sur les marchés financiers. A noter le retour de l’inflation, elle est attendue à 1% en France, surtout en liaison avec les salaires internes et les services.

Ces faibles taux d’intérêt et d’inflation qui peuvent avoir des conséquences sur le comportement des épargnants. Ainsi le Livret A, produit préféré des Français pour une part de leur épargne liquide, a dans ce contexte enregistré deux années de décollecte. Son mode de calcul basé sur l’inflation a conduit son rendement sous la barre des 1%. Ce qui a eu pour effet de détourner les épargnants, en recherche de rendements supérieurs. Dans le même temps l’assurance-vie suivait une trajectoire symétrique. Elle enregistre ainsi au mois de novembre une 23ème collecte positive de suite. Son rendement étant supérieur à ceux servis par les livrets d’épargne, elle connaît un succès certain. Pour 2016, la nouveauté c’est le retour de l’inflation, à un niveau faible. Ce qui pourrait avoir comme effet de ralentir la chute des encours de Livret A. Est-ce que cela correspondrait en parallèle à un ralentissement des assurances-vie ? Pas vraiment : en raison des faibles taux d’intérêts, les taux moyens des assurances-vie en fonds euros ont eu tendance à diminuer mais ont tout de même bien résisté. Surtout, on a assisté à une montée en puissance des fonds en unités de compte. Ils représentent 20% des cotisations pour l’année 2015. Les épargnants à la recherche de rendement semblent apprécier ce produit. Même si la bourse reste volatile, nous l’avons vu (crise grecque, inquiétude chinoise, etc…), la bourse de Paris enregistre une performance de +8,53% sur l’année, bien loin des 0,75% du Livret A. Elle s’inscrit donc dans la durée.

Des faibles taux de croissance, une remontée des taux d’intérêt, un retour de l’inflation, de l’incertitude sur les marchés financiers, des tensions géopolitiques, tous ces facteurs développent une instabilité qui impose aux épargnants une grande attention. Plutôt que d’essayer de suivre « les tendances » au jour le jour – exercice délicat, sinon impossible – les épargnants devront privilégier une stratégie d’épargne de long terme. A terme en effet, la mutation que nous vivons aura des effets positifs.

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