L’Astuce

COP ou pas COP !

par | Déc 8, 2015 | Actualités

La COP 21, ou 21ème conférence des parties, réunit au Bourget depuis le 30 novembre jusque vendredi 11 décembre pas moins de 150 chefs d’Etat (et négociateurs) sur l’épineuse question des changements climatiques. Dans les faits, il est question de décider d’un accord dont les modalités s’appliqueront à partir de 2020, c’est-à-dire à la suite du protocole de Kyoto.
L’enjeu est de taille : l’objectif est de lutter contre le réchauffement climatique et ses effets négatifs qui nous menacent tous à moyen terme, de manière très variable en fonction de l’endroit du globe où nous nous trouvons L’objectif affiché est de prendre les mesures qui s’imposent pour limiter le réchauffement climatique à deux degrés à la fin du siècle, seuil au-delà duquel les conséquences seraient irréversibles. Les pays les plus exposés tels que les Philippines, le Bangladesh, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya appellent même à un objectif de 1,5 degrés. Pour rappel, le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), paru en 2014, prévoit une hausse des températures de 0,3 à 4,8 °C d’ici 2100.
Au-delà de l’argument philanthropique, de ceux de préservation de notre planète, de transmission de ce patrimoine naturel aux générations futures, c’est aussi à terme un enjeu économique. En l’absence de politique de transition énergétique, on estime qu’il faudra mobiliser une somme comprise entre 5 et 20% du Produit Intérieur Brut de chaque pays pour répondre à ses problématiques. En comparaison, une politique proactive coûterait entre 1 à 2% de PIB.
Le débat déborde de la sphère politique et publique. Bill Gates, le milliardaire fondateur de Microsoft a rassemblé 25 autres milliardaires avec pour objectif de permettre, grâce à leurs dons, aux pays pauvres un accès aux énergies propres. Même si bon nombre d’entreprises sont déjà engagées dans une démarche dite « responsable », la symbolique de cette initiative est forte et doit être soulignée.
Dans la sphère privée, d’autres acteurs sont directement concernés par la question du réchauffement climatique : les assureurs. Ces derniers interviennent dans leur mission d’indemnisation des dommages subis liés aux risques de catastrophe. Selon un rapport de l’Association Française de l’Assurance, en l’absence d’intervention, la facture liée aux aléas climatiques et naturels s’élèverait à 92 milliards d’euros cumulés en 2039. A titre de comparaison sur une même période, entre 1988 et 2013, la facture pour les compagnies d’assurances s’est élevée à 48 milliards, quasiment du simple au double. Si l’explication est aussi économique, la part due au changement climatique va incontestablement croitre. Les assureurs pointent du doigt les coûts supplémentaires que ces risques engendreraient sur la fixation de la franchise de garantie catastrophes naturelles, du moins sur les opérations « couvrant des capitaux supérieurs à 50 millions d’euros ». Le public concerné serait alors les grosses entreprises et collectivités.
Un rapport qui a poussé la ministre de l’écologie à intervenir, en appelant les assurances à prendre leur part de responsabilité dans la transition énergétique, en mobilisant leurs fonds, au travers le développement d’investissements « responsables ».
Les assureurs ont également (et doivent développer) un véritable rôle d’accompagnement des entreprises dans la prévention de ces phénomènes. C’est là le véritable enjeu, dans la mesure où selon les études, 65% des conséquences des risques climatiques peuvent être évitées.
Comme le rappelait récemment l’Institut national de veille sanitaire : «La chaleur est un risque sanitaire immédiat à envisager ». Indépendamment des problèmes liés directement aux catastrophes naturelles, le développement et la transmission de maladies (épidémies), les problèmes liés à la pollution sont également des sujets que les assureurs doivent prendre en compte.
Pour résumer, les pouvoirs publics du monde entier se réunissent pour trouver un accord, que certains veulent contraignant, d’autres non. Les leaders économiques s’emparent du sujet. Les assureurs demandent aux pouvoirs publics d’agir, les pouvoirs publics demandent aux assureurs de prendre leur part de responsabilité. Tout le monde semble d’accord sur le constat, tout le monde semble mobilisé, reste à faire travailler tout ce monde en bonne intelligence. Nous saurons dans les prochaines heures si cet accord est à la hauteur des enjeux, ou s’il faudra encore attendre une nième COP, et tout recommencer.

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